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La plainte pour crime contre l’humanité empêche Zara d’agrandir son flagship bordelais

Par Jaime Martinez

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Photo Credits: Zara, página oficial.

C'est un nouveau coup dur pour l'image d'Inditex et de son principal fleuron, l’enseigne Zara. La commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) de Bordeaux a rejeté sa proposition d'extension du magasin Zara situé actuellement dans le centre-ville de la capitale viticole.

Ce rejet n'aurait pas une grande importance si l'une des principales raisons avancées par cet organe consultatif n’était la plainte pour « recel de travail forcé et de crimes contre l'humanité » visant la société Inditex ainsi que d’autres chaînes de l’habillement.

Cette plainte a été déposée en avril 2021 et a été suivie d’une enquête ouverte fin juin en France par le pôle « Crimes contre l’humanité » du Parquet national antiterroriste (PNAT). L'association anti-corruption Sherpa, le collectif Éthique sur l'étiquette et l'Institut ouïghour d'Europe accusent l'entreprise espagnole de commercialiser et de tirer profit de biens fabriqués au moyen de la mise en servitude des Ouïghours.

L'établissement que la multinationale espagnole avait l'intention d'agrandir à Bordeaux n'est rien d'autre que le magasin phare de trois étages que Zara possède rue Sainte-Catherine, la principale rue piétonne de la ville. Cette artère comprend d'importantes chaînes et groupes internationaux et français, comme H&M, Mango, Etam, la Fnac ou les Galeries Lafayette.

Le groupe Inditex reste très actif dans cette zone commerciale de la capitale girondine avec plusieurs établissements exploités par d'autres de ses enseignes comme Pull & Bear ou les magasins Bershka et Stradivarius. Le magasin Zara s’étend actuellement sur environ 972 mètres carrés de surface commerciale, à quoi l'entreprise avait prévu d’ajouter deux étages, pour un total de 1 098 mètres carrés supplémentaires.

Un seul vote en faveur du projet

Pour mener à bien ces travaux d'agrandissement et de réforme, la multinationale espagnole avait demandé à la mairie de Bordeaux l'octroi des autorisations nécessaires. Une procédure indispensable pour pouvoir obtenir le permis de construire obligatoire, lequel amenait notamment à une modification de la façade du magasin. Mais mercredi 17 novembre, la CDAC a rejeté l'initiative, évaluant défavorablement le projet de réforme, avec trois voix contre, six abstentions et une seule favorable au projet.

Derrière ce rejet se trouve cette plainte et cette enquête, auxquelles nous avons fait référence, et qui concerne les bénéfices présumés qu’Inditex tire du travail forcé des Ouïghours. C’est Sandrine Jacotot, adjointe au maire de Bordeaux et membre de la CDAC, qui, lors du vote, a rappelé aux autres membres de la commission que la maison mère de Zara, le groupe Inditex, faisait actuellement l’objet d’une plainte, influençant ainsi de manière décisive la commission dans son rejet et son absence de soutien à la demande de projet de travaux présentée par Inditex.

« Cette plainte, aurait expliqué Jacotot elle-même aux membres de la Commission, selon des propos rapportés par le média régional français Sud Ouest, fait état du recours au travail forcé des Ouïghours chez des sous-traitants en Chine, dont se serait rendu complice le groupe espagnol Inditex en connaissant les conditions de production de leurs articles. »

Inditex rejette les accusations

Face à ces accusations, qui attendent pour l'instant la résolution des enquêtes ouvertes par le parquet français, Inditex protestait déjà ouvertement à la mi-avril. À l’époque, l'entreprise a répondu en assurant qu'elle respecte scrupuleusement les normes internationales les plus élevées en matière de droits de l'homme et contre le travail forcé.

« L'accusation contre notre entreprise est totalement infondée », avait alors assuré Inditex dans des déclarations à l'agence de presse Efe. « Des contrôles de traçabilité rigoureux sont menés au sein du groupe » avait assuré le groupe dans une dépêche de l’AFP. De même, dès l'ouverture de l'enquête du Parquet national antiterroriste français (PNAT) sur le procès susmentionné en juillet dernier, la société espagnole a une nouvelle fois rejeté publiquement ces accusations. Dans des déclarations à l'agence française AFP, le groupe a affirmé qu’il applique « une tolérance zéro à l'égard de toute forme de travail forcé » et qu'il dispose de « procédures garantissant que ces pratiques ne se produisent pas dans sa chaîne d'approvisionnement ».

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.es. Il a été traduit et édité en français par Julia Garel.

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