Début des soldes d'été 2023 : de bonnes affaires pour tout le monde ?

Les soldes d’été 2023 commencent ce mercredi 28 juin et se termineront le mardi 25 juillet. Pour les détaillants, c’est l’occasion d’écouler les stocks. Pour les consommateurs, c’est le moment de dénicher la perle rare à moindres frais. Mais, derrière ce tableau idyllique, se cachent plusieurs réalités moins sympathiques.

D’une part, il faut savoir que les ventes privées en boutiques et sur internet ont commencé depuis un moment, voire ne s’arrêtent jamais. Ce, parce que de nombreux commerçants ont des stocks à écouler. Aux Galeries Lafayette, par exemple, les alertes pour les ventes privées ont commencé (avec des petits points de couleurs sur les étiquettes) dès le 16 juin. Il suffisait de se rendre dans le rayon chaussures pour vérifier qu’il n’a jamais été aussi dense.

Pierre Talamon président de la Fédération Nationale de l’Habillement (FNH), en témoigne sur RTL : « Les promotions sauvages toute l’année font perdre de la visibilité aux soldes. À titre d’exemple, des ventes dites privées se retrouvent affichées en vitrine deux semaines avant les soldes, sans compter que des ventes privées ouvertes au public n'en sont plus. »

«Les soldes, je ne veux plus en entendre parler. Mettez-vous d’accord entre vous », Bruno Le Maire

D’autres facteurs interviennent : de nombreuses marques gonflent leurs prix pour pouvoir, derrière, réduire leurs coûts sans impacter leurs marges. Conséquence directe : les soldes attirent moins les consommateurs. Dans son bilan des soldes hiver 2022/2023, le CCI Paris Île-de-France rapporte que pour 57 pour cent des commerçants parisiens interrogés, le chiffre d’affaires a augmenté, au mieux, de 10 pour cent. Pour 29 pour cent d’entre eux, les soldes n’ont pas généré de chiffre d’affaires supplémentaire par rapport à un mois normal.

De fait, les détaillants multimarques se mobilisent pour changer la date des soldes, comme le signale Jean-Pierre Gonet, président de la Fédération des Détaillants en Chaussures de France au magazine Cplus Accessoires : « lors des Assises du Commerce, j’ai dit au ministre de l’Économie, "Monsieur Le Maire, il n’est pas normal de commencer les soldes le premier jour de l’été alors que le Covid a retardé les livraisons". Il m’a répondu, "les soldes, je ne veux plus en entendre parler. Mettez-vous d’accord entre vous". »

La Fédération Nationale de l’Habillement, la Fédération Nationale des Détaillants en Maroquinerie et Voyage et la Fédération de la Lingerie ont donc formé un collectif d’équipement de la personne pour taper du poing sur la table des négociations. « Avec 40 000 commerçants, nous sommes plus forts, ajoute-t-il. Les soldes doivent retrouver leur raison d’être qui est d’assainir les stocks en fin de saison avec des réductions de 50 pour cent, des ventes à prix coûtant ou même à perte. »

Sur Boutique2Mode, Pierre Talamon prône un destockage en fin de saison et dénonce les dérives de l’ultra fast fashion. Il se positionne pour un retour du respect de la saisonnalité et avance les dates du 15 août au 15 septembre pour les soldes d’été, et du 15 février au 15 mars, pour les soldes d’hiver.

Des revendications entamées de longue date, mais qui ne portent pas leurs fruits à cause du poids des grandes enseignes qui, elles, souhaitent solder au plus tôt dans la saison. Ce, sans parler de l’e-commerce qui se doit se frotter les mains à l’idée que les boutiques physiques, déjà malmenées, repoussent la date de leurs promotions.