Avec Claquettes Market, le groupe Eram se lance dans la vente de chaussures de seconde main
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Si le concept de la seconde main existe depuis de nombreuses années, il rencontre de plus en plus de succès auprès des consommateurs. En 2021, le marché de l’occasion était estimé à 7 milliards d’euros, dont un milliard pour le textile, selon une étude de Xerfi/IFM.
Il y a encore quelques années, la seconde main se limitait à des échanges entre particuliers, mais aujourd’hui, le marché se professionnalise. Les marques de mode sont de plus en plus nombreuses à s’y intéresser et les plateformes dédiées se multiplient.
Acteur majeur de la vente de chaussures en France, le groupe Eram a récemment lancé Claquettes Market, une plateforme dédiée à la vente de chaussures d’occasion. « L'idée est partie d’un constat fait par les directeurs de nos marques Éram, Bocage et Mellow Yellow : la seconde main est un marché en pleine expansion et il y a une demande de la part de nos clients. Nous avons observé que les chaussures de nos différentes marques étaient présentes sur des plateformes comme Vinted. Cela signifie que nos clients revendent leurs articles et surtout qu’il y a des personnes qui les achètent », explique à FashionUnited, Alexandra Gibou, responsable du lancement de Claquettes Market.
Après ce constat, une étude de marché a été initiée pour notamment identifier les freins qui pourraient décourager les clients tels que l’hygiène ou le manque de confort des chaussures déjà portées. « Nous avons identifié les freins, mais aussi nos forces. Nous sommes un groupe spécialisé dans la chaussure, donc nous avons une certaine expertise, nous avons notre manufacture à Montjean-sur-Loire et nos boutiques, donc l’idée était de savoir ce que nous pourrions apporter de plus sur ce marché ».
En septembre 2020, Claquettes Market entre dans sa phase de test dans huit magasins en France. « Les tests ont été concluants, les clients ont très bien reçu le projet. Ils étaient nombreux à déposer leurs chaussures dans les magasins pour la revente. Nous n’étions pas très inquiets pour cette partie, car lorsqu’il s’agit de vider son dressing, il y a forcément du monde. Cependant, nous avons été agréablement surpris par l’intérêt des clients pour l’achat de ces articles de seconde main ».
Une marketplace, trois offres pour les clients
D’abord conçue comme une plateforme cent pour cent digitale, l’intérêt suscité en magasin durant la phase test a convaincu les dirigeants d’adapter le service et de proposer trois offres : « En direct de notre atelier », « En direct de nos boutiques » et « En direct de votre dressing ».
«Ces trois offres permettent de répondre aux besoins des vendeurs. Il y a ceux qui préfèrent vendre en toute autonomie donc ils pourront partager leurs annonces directement sur le site, il y a ceux qui ne maîtrisent pas l’outil internet ou qui préfèrent tout simplement venir en magasin puis il y a les ateliers où nous nous chargeons de réparer les pièces qui n’ont pas pu être vendues à cause de défauts de fabrication. Celles-ci sont ensuite revendues sur la plateforme avec une réduction de 50 pour cent ».
L'intérêt grandissant pour la seconde main
Selon GlobalData, le secteur de la revente devrait connaître une croissance 11 fois plus rapide que le secteur de la vente d’articles neufs, d’ici 2025. Si les engagements RSE justifie l'intérêt des marques pour une mode plus responsable, selon Alexandra Gibou, l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des Français expliquent en partie l’intérêt grandissant pour la seconde main
«Les consommateurs attendent un véritable engagement de la part des industriels. Au niveau du groupe, nous avons lancé Change for Good qui permet de tracer la provenance de nos produits, les conditions de travail, etc et cela répond à une vraie demande du public. Après, il faut reconnaître que l’impact de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ont conduit à une hausse considérable des prix. Il est facile de constater que les Français ont un peu déserté les magasins puisqu'ils se battent pour finir leurs fins de mois. Dans une telle situation, on achète moins d’articles neufs et pour les coups de cœur, on se dirige plus vers la seconde main ».
Deux semaines après son lancement officiel, la plateforme déclare que plus de 1000 pièces ont déjà été mises en ligne. Pour l’heure, le groupe estime que l’offre qui fonctionne le mieux est celle en magasin. Pour la rémunération, deux possibilités s’offrent aux vendeurs : recevoir le prix de sa vente en euros dans son portefeuille claquettesmarket.com ou alors recevoir un bon d'achat avec un bonus de 30 pour cent valable dans les boutiques Eram, Bocage et Mellow Yellow.
À long terme, Claquettes Market ambitionne de proposer sa solution à d’autres marques qui ont les mêmes problématiques d’invendus et d’étendre son offre dans d’autres magasins du groupe.