Travail et cours en ligne: face au virus, les Chinois migrent sur le web
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Par peur du coronavirus, la majorité des 1,4 milliard de Chinois restent confinés chez eux. Alors entre cours en ligne, télétravail ou visite virtuelle au musée, internet s'impose comme le refuge des adeptes du système D.
La Chine tourne au ralenti en raison de l'épidémie: beaucoup d'usines, d'entreprises et de commerces sont fermés. Et le gouvernement encourage les gens à travailler à la maison afin d'éviter les rassemblements.
Une aubaine pour les applications de télétravail conçues par les géants du web Alibaba (commerce en ligne), Tencent (messagerie, jeux) ou Huawei (télécoms, smartphones): elles font actuellement partie des plus téléchargées du pays.
Selon Tencent, son service WeChat Work a ainsi décuplé son volume de connexions journalières lundi lors de la reprise théorique du travail en Chine, après plus de deux semaines de congés pour le Nouvel an lunaire.
Même enthousiasme chez la plateforme DingTalk d'Alibaba (200 millions d'utilisateurs), selon la presse officielle. Et sur l'application WeLink de Huawei: trafic multiplié par... 50 par rapport au mois dernier.
Eric Yang, directeur général d'iTutorGroup, basée à Shanghai, déclare que l'activité de son entreprise d'enseignement en ligne a augmenté de 215 pour cent.
"On vient de mettre en place des cours de peinture en ligne pour une école d'art. Et on aide une école de musique à ouvrir des cours virtuels", explique-t-il.
Cette migration vers internet a même été validée implicitement par le président Xi Jinping. Lundi soir, le journal télévisé l'a montré en train d'utiliser WeLink pour communiquer par visioconférence avec des médecins de Wuhan (centre), la ville à l'épicentre de l'épidémie.
Pandas
Le nouveau coronavirus a déjà contaminé près de 45.000 personnes, dont plus de 1.100 sont mortes, la très grande majorité en Chine.
Les mesures de confinement prises pour contrer l'épidémie paralysent de nombreuses usines. Et devraient avoir de fortes répercussions sur la croissance.
Mais la Chine devrait pouvoir adoucir l'impact économique du coronavirus avec son secteur internet très développé et ses quelque 850 millions d'internautes.
Certains hôpitaux, submergés de personnes voulant se faire dépister, recourent désormais à la télémédecine afin de détecter les patients prioritaires. Des dizaines de millions de consultations ont déjà eu lieu, selon les médias publics.
De nombreux musées et sites culturels sont fermés. Mais beaucoup, à l'image de la Cité interdite de Pékin et de l'Armée souterraine du premier empereur à Xi'an (nord) proposent des expositions en ligne.
Le zoo de la capitale diffuse lui des images de ses pandas sur les réseaux sociaux.
Même la conférence de presse quotidienne du ministère des Affaires étrangères se fait désormais en ligne, dans un groupe de discussion de la messagerie WeChat.
Les écoles étant fermées dans tout le pays jusqu'en mars, les services d'enseignement en ligne font le plein de clients.
Anniversaire en ligne
La petite Charlotte Qiu, 9 ans, fréquente d'ordinaire l'Ecole américaine de Shanghai. Mais l'établissement étant clos, elle reste à la maison avec sa famille.
"Il y avait un double souci: le virus, mais aussi la question du suivi de l'enseignement", explique sa mère Grace Wu, une blogueuse de 37 ans.
Mais l'école a lancé la semaine dernière des cours en ligne, qui se prolongeront jusqu'au retour à la normale.
Charlotte et ses camarades se sont adaptés. Ils ont même organisé... un anniversaire virtuel sur la plateforme de visioconférence Zoom.
Selon Alibaba, des écoles de quelque 300 villes chinoises ont utilisé lundi son application DingTalk pour proposer des cours.
Les Chinois sont d'ordinaire déjà accros à leur smartphone, qu'ils utilisent pour commander des repas, faire des achats, payer leurs factures ou s'exprimer sur les réseaux sociaux.
Et pour Wang Guanxin, formateur d'iTutorGroup, la tendance va s'accentuer avec l'épidémie, qui constitue même un "tournant" pour le secteur.
"Les gens qui ne faisaient pas vraiment confiance ou ne faisaient pas appel à l'apprentissage en ligne vont changer d'avis", se réjouit-il.(AFP)