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Street-Art: Obey ouvre son premier magasin à Paris

Par Anne-Sophie Castro

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Paris - Le 13 porterait-il chance à Shephard Fairey, le fondateur de la marque Obey ? Le roi du street-art a choisi Paris pour inaugurer le mois dernier son premier magasin en propre, au 13 rue Notre-Dame-de-Nazareth, situé dans le 3ème arrondissement ; tandis que ses oeuvres ornent plusieurs murs du 13ème arrondissement... Paris accueille Shephard Fairey à bras ouverts.

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On se souvient du portrait « Hope » d’Obama publié en couverture du Time Magazine en 2008, soutenant la candidature de celui qui allait devenir le président des Etats-Unis, de la peinture murale de Nelson Mandela d’une hauteur de dix étages à Johannesbourg en 2014 rendant hommage au 25ème anniversaire de la manifestation Purple Rain ou encore de la Marianne portant la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » en réaction aux attaques terroristes de 2015 à Paris, transmettant un message d’espoir et de paix. Le street-artiste s’engage depuis les années 80 et avec sa marque de vêtements, Obey, il continue à faire des adeptes parmi la nouvelle génération.

Les femmes aussi...

Dans la rue Notre-Dame-de-Nazareth, d’autres enseignes de skate jalonnent les trottoirs. De quoi alimenter la ferveur des riders du quartier République, devenu le point chaud de la capitale dans cette discipline. Sur 60 mètres carrés, le nouveau local parisien d’Obey propose des vêtements pour homme, des accessoires et les affiches des oeuvres de l’artiste.

Et bienque les femmes ne soient pas forcément son coeur de cible, le magasin Obey leur propose des vêtements lors d’évènements ponctuels comme la dernière Paris Fashion Week de septembre, où la collection de vêtements pour femmes de la griffe a pris la place des vêtements pour hommes sur les étagères.

Le Street-art a le vente en poupe

« N'en déplaise à la mairie du XXe qui a vidé la rue Dénoyez de ses graffeurs historiques et dont une façade arborait au pochoir cette question pertinente: «Aujourd'hui sur les murs, demain à Drouot?», publiait l’an dernier Lefigaro.fr. Non seulement le street-art s’embourgeoise, mais il a aussi fait l’objet l’an dernier, pour la première fois à Paris, d’une vente aux enchères chez Artcurial, «Urban Anthology, icônes de l’art urbain ». Cette vente composée de 23 lots, présentait des oeuvres de Banksy, allant de 20.000 à 300.000 euros, Fairey, avec des pièces aux techniques mixtes, pochoir, peinture aérosol et collage sur papier, estimées entre 8.000 et 50.000 euros ou Kaws...

Revenant à Obey, la marque aura été propulsée chez les jeunes l’an dernier avec le documentaire « Obey Giant » de James Mall, de quoi remettre au goût du jour un message lancé il y a plus de trente ans déjà. En France, Obey compterait aujourd’hui 150 distributeurs et plusieurs centaines de points de vente en Europe, selon FashionNetwork. Ses principaux marchés sont la France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne et son siège européen est situé à Amsterdam.

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« Obey est bien plus qu’une marque de vêtements »

Obey est l’alias de Shepard Fairey, artiste citadin et graphiste américain dont le travail dépasse de loin ses collections de t-shirts et hoodies molletonnés.

Fairey est avant tout un engagé, un militant qui, par son art, vise à sensibiliser le monde sur des thèmes de premier ordre comme que le changement climatique, l'apartheid ou les droits de l'homme ; Nelson Mandela étant sa grande référence et son icône. La marque Obey est sa facette la plus urbaine, d'où provient sa ligne de vêtements empreinte de la mode urbaine et atteignant également des lignes beaucoup plus sophistiquées.

L’un des maîtres du stencil vit aujourd’hui à Los Angeles avec son épouse, Amanda, avec qui il dirige une agence de publicité : Studio Number One.

De la frustration à la provoc

Né en 1970 au sein d’une famille qu’il décrit conformiste, il grandit avec la musique des Sex Pistols et d’autres groupes contestataires de l’époque. Dans les années 80, il s’identifie au mouvement punk, à la naissance du hip-hop et voit clairement le pouvoir de la corruption dans la politique. Amené à sentir une profonde frustration, son oeuvre est claire: il détourne les messages politiques et publicitaires pour que « la masse arrive à prendre conscience de la manipulation sociétaire », en parodiant notamment le discours capitaliste.

Adolescent, il fait son entrée dans le monde de l’art en réalisant des dessins pour des T-shirts et des skateboards. Diplômé de la Rhode Island School of Design, il se spécialise dans l’illustration et répend de mystérieux messages street-art dans les rues de l’Etat de Rhodes Island.

Quelques années plus tard, le film américain de science fiction, « They Live » (1988), dirigé par John Carpenter, a fortement inspiré Shephard Fairey dans sa démarche. L’acteur principal, Roddy Piper (alias John Nada) découvre une paire de lunettes de soleil qui lui permet de prendre conscience, en visualisant des affiches publicitaires envahissant les rues, du fait que des extraterrestres (la classe dirigeante) ont envahi la Terre. Ces messages subliminaux apparaissent sous le mot « Obey ». Ce film est lui-même basé sur la nouvelle "Eight o’clock in the morning" (1963), de Ray Nelson.

Obey est devenu célèbre pour son style provocateur ou « anti-système », avec un air rétro de propagande politique du milieu du XXe siècle, rappelant les affiches et les bandes dessinées américaines et russes. Aussi, le catcheur et acteur français André the Giant, disparu en 1993, est une de ses icônes. On le retrouve aussi bien sur des murs, que sur des affiches, des vêtements, des autocollants, des coussins ou des tasses... En 1998, la société Titan Sport menace Fairey de poursuite pour l’utilisation illégale de “André the Giant”, qui est une marque déposée. L’artiste en profite pour modifier son logo et rebaptise son label « Obey Giant ».

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Parmi ses couleurs fétiches, on retrouve le rouge et le noir ainsi que des couleurs vives et des tons ocres. Influencé par Andy Warhol, Robbie Conal, Barbara Kruger ou encore Banksy, le poête du stree-art, il résume Obey comme une expérience de phénoménologie. L'intention principale de la phénoménologie étant de réveiller un sentiment de fascination ou d’aversion pour son environnement. Pour lui, les rues constituent un environnement public qui ne devrait pas être envahi par la publicité, mais par l'expression de ses habitants. Ainsi, en tapissant le monde avec ses affiches géantes, Fairey invite à réfléchir sur la société et offre à son public la perspective nécessaire de pouvoir penser par soi-même plutôt que d’obéir.

Photo: Obey Facebook

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