Maison Ravn : « La crise a renforcé mon idée que les choses doivent être durables et de qualité »
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La crise sanitaire n’a pas entamé la combativité de Claudia Ravnbo, mère de quatre enfants et fondatrice de la maison Ravn. Depuis 2017, l’essence de ce label parisien est toujours la même, pandémie ou non : des tissus rares mis en lumière sur des besaces précieuses. Il faut dire que l’entrepreneuse d’origine norvégienne a mené de front plusieurs carrières - artiste peinte, décoratrice - avant de décider de se lancer dans la maroquinerie de luxe. Entretien.
Qu’est ce qui a animé votre décision de fonder votre propre label ?
J’ai une grande collection de sacs à main : un objet de désir dont j’ai toujours été amoureuse. En revanche, j’ai toujours détesté le fait d’avoir le même sac que tout le monde. Le principe du it-bag, du sac à la mode qui devient obsolète en trois mois, ce n’est pas pour moi. L’air du temps, j’en suis persuadée, est au bel objet, unique, confectionné avec soin, une pièce unique pour une femme unique. C’est la raison pour laquelle j’ai fondé ma maison : pouvoir offrir des pièces intemporelles.
Comment passe-t-on de la décoration d’intérieure (qui est votre métier d’origine) à la conception de pièces exclusives ?
Le fait que j’ai fait les beaux-arts à Glasgow m’a beaucoup aidé. Je suis artiste peintre à l’origine. Cela me permet je pense d'avoir un regard créatif que ce soit en matière de décoration ou de maroquinerie.
Qu’est ce qui caractérise les créations de votre maison ?
Des traditions respectées, un artisanat galvanisé, des cultures conciliées avec modernité. Pour les techniques, je suis intransigeante : tout doit être made in France et éco-responsable. Pour les matériaux, je cherche avant tout des tissus antiques provenant des quatre coins du monde. Je collectionne ces étoffes depuis des années. Notre capacité de production actuelle tourne autour de 200 sacs faits avec le plus grand soin.
Quelles options avez-vous privilégiée par rapport à la distribution ?
Pour le moment, nous sommes présents dans les multi-marques. On a fait nos débuts chez Colette, qui nous a beaucoup aidée. Aujourd’hui, je travaille de manière privilégiée avec Montaigne Market à Paris. Un concept store raffiné que j’aime beaucoup. Et bien entendu, le digital.
La crise sanitaire a-t-elle modifié votre point de vue sur le luxe, ou au contraire a t-elle renforcé vos convictions concernant la nécessité de vous focaliser sur les matériaux précieux et l’exclusivité?
Depuis le début de Maison Ravn, je ne me suis jamais souciée du calendrier de la mode. J’ai la conviction profonde que les belles pièces nécessitent du temps pour être faites. Ce temps est incompatible avec les calendriers frénétiques de la mode. Je pense même que cette période de crise a renforcé mon idée que des choses doivent être durables et de qualité.
Comment voyez-vous le futur de la maison RAVN ?
Mes sacs portent en eux des codes culturels scandinaves. J’aimerai insufflé ces codes, ainsi que l’artisanat norvégien, sur une ligne de linge de maison, de vaisselle et, pourquoi pas, un jour, de chaussures.
Crédit photo : Maison Ravn