L’horlogerie invente le retail de demain à Paris

Le monde de l’horlogerie, pressé par la crise qu’il vient de traverser, cherche à imaginer le retail de demain. Ce retail, on le sait, fait désormais les yeux doux au digital (comme le prouve le nombre impressionnant de communiqués reçus chaque semaine par les rédactions, communiqués annonçant la collaboration de telle ou telle marque avec un acteur important du e-commerce, ), mais ne néglige pas pour autant les boutiques physiques.

De ce point de vue, Paris, depuis le mois de septembre, est témoin de la transformation des enseignes de distribution des marques de montres de prestige. Rue Pierre Charron, l’impressiante boutique Arije, fondée par Carla Chalouhi, a complètement réinventé son espace dédié aux montres et à la joaillerie, que ce soit en style ou en superficie, au prix de travaux dantesques (deux immeubles ont été réunis) pour développer sur trois étages sans cloisons, un lieu véritablement unique, chaleureux et luxueux. Ici un bar à champagne ou une cave à vin côtoient un « watchbar » circulaire, des portes secrètes mènent soit à un cabinet de toilette qui n’a rien à envier aux plus grands palaces ou à un PC de sécurité digne des films d’espionnages les plus sophistiqués.

Difficile aux concurrents, Bucherer en tête, de rester insensible à ce déploiement de somptuosité qui donne incontestablement un coup de vieux au commerce traditionnel en injectant dans un seul et même point de vente, raffinement, délicatesse, onirisme et art de vivre. D’autant plus que la boutique Arije, même si elle est située à deux pas des Champs Elysées, ne s’élève pas sur une voie dédiée au tourisme de masse. Ce qui donne à l’adresse, un soupçon d’élégance en plus.

Galeries Lafayette à la conquête du Marais

Ce paradigme, le groupe Galeries Lafayette - et plus précisément son entité dédié à l’horlogerie Galeries Lafayette-Royal Quartz Paris - ont largement du y réfléchir. Ce leader de la distribution d’horlogerie en France, habitué aux contraintes de distribution spécifique (lieux touristiques et aéroports notamment) a ainsi affiné son tir et proposé coup sur coup deux nouvelles adresses bien éloignées des centres touristiques habituelles. La première, c’est la renaissance de son adresse rue royale dont nous avons parlé ici. La deuxième, c’est un nouvel écrin situé au 11 rue des Archives au cœur du marais. C’est la première fois qu’un distributeur d’horlogerie et de joaillerie d’exception s’implante dans le quartier.

L’écrin, de 100 mètres carrés, s’éloigne des codes auxquels est habitué le groupe. La boutique a plutôt été pensée comme un appartement au design parisien et à l’esprit décontracté. Le communiqué indique que la boutique a souhaité « s’affranchir des barrières intimidantes du luxe traditionnel ». L’offre mêle habilement les maisons établies - Boucheron, Rolex, Cartier, IWC, Panerai - et les labels contemporains et confidentiels, Reservoir, Le Gramme. Pour Arthur Lemoine, directeur général de Louis Pion-Royal Quartz, le groupe renforce incontestablement son empreinte dans la capitale française avec ces deux ouvertures consécutives. L’ouverture rue des Archives, contribue au passage à renforcer la dynamique de quartier impulsée par le groupe qui s’évertue visiblement à créer un écosystème urbanistique, marchand et culturel autour du BHV Marais. Cet écosystème Galeries Lafayettese développe de la rue de Rivoli à la rue du Plâtre en passant par les boutiques exclusives situées rue du Temple et rue des Archives, de la fondation d’entreprise Lafayette Anticipations dédiée à la création contemporaine, mais aussi du concept gastronomique Eataly dont le Groupe détient la franchise exclusive pour la France et qui ouvrira ses portes au printemps 2019.

Credit photo : Arije, Galeries Lafayette- Royal Quartz Paris, dr