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Covid-19 : le point sur les magasins de vêtements

Par AFP

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Paris - “Moi, je suis en bord de mer, en juillet et août je travaille! Mais pour les collègues de Tours, d’Orléans ou de Paris…” Comme Stéphane Rodier à Granville dans la Manche, les commerçants du prêt-à-porter restent préoccupés malgré la réouverture mercredi.

“Si on cumule, on en est à cinq ou six mois de fermeture administrative depuis un an, le gros enjeu va être d’écouler les stocks”, avertit le sociologue à l’université de Paris Vincent Chabault, auteur d’un “Eloge du magasin”.

Dans sa boutique de chaussures entre Alesia et Porte d’Orléans à Paris, Emile Wakselman montre un modèle féminin. “C’est léger, confortable, tout ce que vous voulez ! Sauf que ce n’est plus de saison pour le printemps, et ça va rester jusqu’à l’automne.”

Ces chaussures finiront-elle par partir? “La marchandise qui dort, il faut la payer”, souligne le commerçant. Et s’il faut solder le modèle, parce que la couleur ou la matière ne sont plus à la page, c’est sa marge qu’il devra amputer d’autant.

Jusque 40 pour cent de ventes en moins

Payer les fournisseurs, les charges fixes comme le loyer… Les commerçants ont continué à sortir de l’argent pour maintenir leur activité à flot, alors que certains estiment avoir perdu, depuis le déclenchement de la crise du Covid-19, 40 pour cent de leur chiffre d’affaires habituel.

Pierre Talamon, créateur de vêtements pour hommes, peut à peine circuler dans le sous-sol de sa boutique du Marais à Paris, encombré de portants sur lesquels patientent vestes d’hiver ou chemises de la saison précédente. Lui demande à être accompagné par des aides d’Etat “tant que l’interaction humaine n’est pas revenue à la normale”.

“On ne s’habille pas pour défiler tout seul devant sa glace”, plaide-t-il auprès de l’AFP. Cela pourrait changer avec le déconfinement, mais “il aura fallu attendre le mois d’avril 2021”, pour qu’une aide permette de compenser la perte de chiffre d’affaires.

Contexte troublé

Pour ne rien arranger, les ventes de prêt-à-porter baissent depuis plus de dix ans, rappelle Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’Institut Français de la Mode (IFM).

“La consommation dans les grands pays est arrivée à une forme de maturité en 2007, 2008”, détaille-t-il. “Le pouvoir d’achat n’a pas évolué de manière très dynamique depuis la crise des subprimes.”

Les boutiques indépendantes ont aussi dû faire face aux assauts successifs des grandes chaînes, puis du e-commerce, tout en souffrant d’événements conjoncturels comme les Gilets jaunes ou les grèves dans les transports en commun.

Fin d’un modèle? Non, assurent professionnels et spécialistes. “La place du commerce multimarque indépendant a beaucoup diminué ces trente dernières années”, concède Gildas Minvielle. “Mais il n’est pas question d’en envisager la disparition.”

“Les indépendants répondent à une demande d’authenticité”, abonde Vincent Chabault, qui observe en outre “un renouvellement générationnel des commerçants, qui ont su créer un lien, un rapport de fidélité via le numérique et les réseaux sociaux pendant le confinement”.

Emile Wakselman a constaté ce dernier point via le click&collect dans sa boutique. “Les clients avaient presque plus de plaisir à venir au magasin que nous à les recevoir”, sourit-il. “On s’est rendu compte que le commerce, c’est vraiment la vie de la cité, la vie normale”.

Stéphane Rodier, depuis sa boutique de prêt-à-porter Guinement, explique avoir fait évoluer sa stratégie d’entreprise “depuis deux, trois ans”, pour se tourner vers “des marques qu’on n’a pas partout”, avec plus de conseil, de sélectivité, plutôt que des grandes références que les consommateurs trouveront sur internet.

Mais “le Covid nous a stoppé”, regrette-t-il. “Avec le prêt garanti par l’Etat (PGE), j’ai emprunté 300 000 euros qui n’a servi qu’à auto-financer ma fermeture”. Il estime sa perte de chiffre d’affaires à 400 000 euros, “pour 24 000 euros d’aide”. Amputant d’autant sa capacité à transformer son activité. (AFP)

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