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Chaumet rouvre les portes de son mythique hôtel particulier du 12, place Vendôme

Par Herve Dewintre

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Pour les amoureux de Paris, pour les amateurs de haute joaillerie, pour les admirateurs de la Place Vendôme, la réouverture ce samedi 29 février de l’hôtel Baudard de Saint James, qui abrite depuis plus d’un siècle la maison Chaumet, revêt une importance toute particulière. Car Chaumet, qui constitue sinon en taille du moins en prestige le plus éclatant fleuron du pôle joaillerie de LVMH, n’est décidément pas une maison de joaillerie comme les autres.

Sa longévité tout d’abord : elle est presque miraculeuse : 240 ans d’histoire ininterrompue et attestée par des archives éblouissantes dont la plupart ont miraculeusement conservées. Ses liens avec la place Vendôme ensuite : Marie-Etienne Nitot, le fondateur de la maison – qui avait fait son apprentissage chez le joaillier de la reine Marie-Antoinette, recevait dès 1805 ses prestigieux clients dans ses salons particuliers situés dans l’hôtel de Gramont, au n°15, c’est à dire à l’endroit même ou fut fondé quelques décennies plus tard l’hôtel Ritz.

Chaumet enfin c’est une leçon de goût et de savoir-faire typiquement parisien. Car- et c’est un cas quasiment unique à notre connaissance – la virtuosité se transmet ici de chef d’atelier en chef d’atelier. Benoit Verhulle, qui veille sur une cohorte d’artisans joailliers, de sertisseurs, de polisseurs et d’apprentis, incarne avec maestria la 13ème génération. Il règne désormais dans un atelier flambant neuf qui a vue sur la place Vendôme dans un nouvel emplacement qui fait honneur à son importance puisqu’il est situé juste au dessus des salons historiques.

Visite guidée du 12, place Vendôme

Autant le dire tout de suite, on comprend au premier regard que les 12 mois qui ont été nécessaires à la totale rénovation de l’hôtel particulier ont été totalement et activement mis à profit. Voulue par Jean Marc Mansvelt, qui préside le joaillier depuis 2015, c’est bien plus qu’un lifting qui est proposé au visiteur mais une refonte totale du lieu. Ce projet ambitieux a été pensé sur le long terme. On s’inscrit ici visiblement, non pas dans le gout du jour ou la tendance architecturale du moment, mais une envie d’exalter l’essence et la singularité de la place Vendôme tout en galvanisant le patrimoine hors norme d’une maison née sous l’ancien régime.

La boutique du rez-de-chaussée ne cherche pas à impressionner à tout prix par un faste déraisonnable. C’est plutôt l’impression de confort, d’élégance et de chaleur qui prédomine même si chaque centimètre carré du lieu recèle de détails luxueux et symboliques. Les épis de blé, motif central de la maison, prospèrent sur tentures murales, les lambris en noyer, les parois minérales, brodés, gravés ou dorés à l’or fin. Ici et là, quelques références à Napoléon dont Nitot était le joaillier attitré.

La ballade gagne en intensité à l’entresol qui accueille plusieurs salons cossus et intimistes: le salon des joyaux est dédié aux commandes spéciales et aux présentations de pièces de haute joaillerie. Sur les murs, une éblouissante marqueterie de paille, de couleur naturelle ou teintée en bleu Chaumet prouve l’étendue des travaux qui a animé l’hôtel ces derniers mois. Composant des faisceaux rayonnants, ce revêtement spectaculaire a été réalisé par l’atelier Jallu Straw. Le Salon Malmaison dispose d’une vaste cabine d’essayage. Au sol, le tissage du tapis évoque le jardin de l’impératrice Joséphine. La blancheur nuptiale du décor indique clairement la vocation du salon : les fiançailles. Le halo doré du plafond imite l’ondoiement de l’eau.

Autre surprise très plaisante : le retour de l’Arcade. C’était en 1970, un espace singulier aux airs de galerie d’art contemporain, dédié à des créations graphiques. La maison a ressuscité cette entité, exactement à son emplacement d’origine. Le mobilier affiche une allure tendrement seventies, sans excès mais avec beaucoup de caractère. On viendra ici chercher des pièces personnalisés, ou déclinables – médailles, montres – au gré des envies.

Plus confidentiels, les célèbres grands salons recèlent eux aussi d’admirables nouveautés. La grande surprise, c’est tout d’abord l’admirable Salon des Perles qui était jusqu’à maintenant totalement inexploité par la Maison. Les boiseries d’époque Napoleon III ont été restaurées, ainsi que la scène peinte au plafond par Pierre-Victor Galland, neveu de Jean-Baptiste Fossin, qui avait succédé à Marie-Etienne Nitot. Boiseries et peinture éclairent les tons bleu nuit qui dominent dans ce salon d’allure véritablement impériale. Une longue table indique que le lieu servira certainement de lieu de réception pour une poignée de privilégiés. Autre surprise, la nouvelle scénographie du célèbre salon des diadèmes qui offre au regard un nombre bien plus considérable qu’autrefois de ces fameux modèles en maillechort.

Enfin, trésor absolu de la place Vendôme, Le Grand Salon, dont l’harmonie d’ensemble a été imaginé en 1779, a été scrupuleusement préservé. Il faut dire que ce salon somptueux, avec ses boiseries sculptées par les frères Rousseau et ses peintures de Lagrenée Le Jeune est classé monument historique depuis 1927. Petite nouveauté tout de même, un piano Pleyel de 1920, par sa présence, rappelle que c’est ici même que l’illustre musicien a composé sa dernière mazurka en 1849.

Crédit photo : Chaumet

Chaumet