Thibaut Ledunois (FFPAPF) : « L'objectif principal est d'aider les jeunes entrepreneurs à émerger »
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Depuis le 1er octobre dernier, Thibaut Ledunois occupe le poste de directeur du service Entrepreneuriat de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin. Une nomination qui intervient quatre mois après la prise de fonction du nouveau président de la Fédération, Yann Rivoallan.
Diplômé du Master MTI (Management de la Technologie et de l’Innovation) de Dauphine et d’un second Master à l’Ecole Nationale de Mode et Matières, il a commencé sa carrière au poste de responsable de la cellule d’innovation chez Hopscotch. Il a ensuite rejoint Ethiwork, studio d’impact au sein duquel il a notamment accompagné Patine (marque de la promotion 4 du programme Talents) dans sa certification B Corp et son passage en entreprise à mission.
En le nommant, la fédération veut mettre en avant un profil engagé afin de renforcer les prises de position sur les problématiques environnementales et sociétales, entre autres.
Comment êtes-vous arrivé à ce poste de directeur du service Entrepreneuriat de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin ?
Thibaut Ledunois : J’ai remplacé Priscilla Jokhoo, directrice du service Entreprises qui occupait ce poste depuis près de dix ans. J’avais eu l’occasion de travailler avec elle dans le passé et j'étais évidemment proche de la fédération puisque c'est un petit écosystème où tout le monde se connaît et collabore.
Mon recrutement arrive à un moment clé pour la Fédération, avec notamment le changement à la présidence. Ils cherchaient un profil ayant des compétences pour accompagner des marques émergentes et engagées qui sont aujourd’hui les meilleures ambassadrices d'une mode qui se veut plus sobre et plus diversifiée. J’ai profité de cette dynamique pour renommer le service afin de mettre en avant sa vision renforcée.
Quelle est la nouvelle vision que vous devez développer à ce poste ?
Bien-sûr, l’objectif principal est d'accompagner les jeunes entrepreneurs, les aider à aller plus loin et à émerger dans l'espace médiatique et dans l'espace public, auprès des consommateurs. Ce sont des marques engagées, qui se retrouvent face à des géants qui occupent une place plus importante et qui sont peut-être moins sensibles aux questions sociétales et environnementales. Une autre mission qui m’est assignée est d’ouvrir le service entrepreneuriat au plus grand nombre : nos dispositifs – que ce soit le programme Talents ou les coachings individuels – sont performants et ils doivent être mis à la disposition d’encore plus de marques. L’idée est de devenir le guichet unique vers lequel les marques pourront se tourner pour toutes leurs problématiques de développement.
Nous allons bientôt lancer la nouvelle version de la plateforme « Écosystème de la mode ». Aujourd’hui, c’est un annuaire très large dans lequel les marques peuvent trouver toutes sortes de partenaires business. Demain, avec le soutien du DEFI, nous allons le rendre encore plus interactif pour créer une communauté de partenaires et d’experts au service des marques.
Au niveau de l'accompagnement des jeunes marques, que propose concrètement la Fédération ?
Nous avons notre programme phare, Talents, qui accompagne pendant un an, cinq marques qui veulent accélérer leur développement. Le programme s’adresse à des marques qui ont un chiffre d’affaires compris entre 50 000 et 2 millions d’euros. L’objectif est de solidifier les bases, de déceler et de travailler avec l’aide des coachings sur mesure sur des chantiers prioritaires tels que le digital, la communication, le sourcing, la production, le marketing, etc. L’appel à projets a été lancé en avril dernier et la sixième promotion a fait sa rentrée en septembre. C’est un programme assez complet puisqu'il propose à la fois des séances de coaching individuel, de coaching avec des experts sur des thématiques précises et aussi des masterclass. Le comité de suivi est composé d'une quinzaine d'experts du secteur.
Parallèlement, nous avons aussi des coachings individuels qui se passent à la Fédération et qui sont opérés la plupart du temps par moi-même. Je dois accueillir entre 60 et 100 marques par an et nous traitons toutes les thématiques que les marques peuvent rencontrer : cela va du juridique au marketing, au financement et jusqu'à la RSE.
Après deux années de pandémie, la plupart des marques ont changé leur vision et adapté leurs engagements. Est-ce que vous l’observez avec les marques avec lesquelles vous travaillez?
Le Covid-19 est arrivé en 2019, évidemment il y a beaucoup de choses qui ont changé mais aujourd'hui, ce ne doit plus être considéré comme une variable. La plupart des secteurs ont su composer avec cette crise sanitaire. Ces dernières semaines, la crise énergétique a été plus préoccupante. C’est un coup dur, un élément externe qui vient modifier les comportements des marques puisqu'elles se retrouvent sous pression, notamment en termes de production.
Évidemment, la période de Covid-19 a poussé les entrepreneurs à revoir leur business model. Ils ont dû travailler à une diversification plus forte des stratégies de distribution et bien sûr faire du digital un pilier fort.
L’étude « Les nouveaux business modèles de la mode » que nous avons mené en 2020 faisait très clairement ressortir l’importance pour les marques de diversifier leur business modèle et de ne plus être bloquées par leur système de distribution. On le voit aujourd’hui : de plus en plus, les marques ont tendance à développer une structure de commerce en propre. La relation avec ses parties prenantes, ses fournisseurs et surtout ses clients est aujourd’hui capitale.