Couronnement du roi Charles III : du faste et du moins faste

Soixante-dix ans après le couronnement de la reine Élisabeth II, les Britanniques ont eu droit, le samedi 6 mai 2023, à celui de Charles III. Un événement somptueux en termes de tenues d’apparats, mais qui comporte également quelques couacs.

C’est dans l’abbaye de Westminter que la tête du roi Charles a été couronnée, en ce samedi 6 mai 2023. Fabriquée en or, la couronne est constituée de quatre croix pattées et de quatre fleurs de lys surmontées de deux arcs. Elle est sertie de 444 pierres précieuses. Signe d’autorité souveraine, le roi portait son sceptre orné du plus gros diamant incolore taillé au monde, le Cullinan I. C’est là que les problèmes commencent.

Pour la petite histoire, le diamant Cullinan fait partie des cinq plus gros diamants au monde. Avec son poids de 621,2 grammes, soit 3106 carats et sa pureté incomparable, ce diamant possède une renommée internationale. Il fut scindé en neuf pierres, de Cullinan I à IX. Le Cullinan I est celui qui orne le sceptre impérial britannique.

L’Afrique du Sud demande la restitution du diamant surnommé « the star of Africa »

« Toutes les richesses minérales de l’Afrique du Sud appartiennent au peuple sud-africain, pas à un palais britannique, a déclaré, dans un tweet, Vuyolwethu Zungula, à la tête du parti politique « African Transformation Movement ». Du sang a été versé pour que ces diamants trouvent le chemin de l’Angleterre ». Au Cullinan I, il ajoute l’histoire du diamant Kohinoor, aujourd’hui en possession de la famille royale d’Angleterre : « Pillé par les colonisateurs britanniques, nous maintenons que tant que les Britanniques ne paieront pas des réparations pour tous les préjudices infligés à notre peuple, il n'y aura jamais de justice ».

À ce propos, Mothusi Kamanga, avocat et militant de Johannesburg, a lancé une pétition en ligne qui aurait déjà recueilli 8 000 signatures à quelque 48 heures du couronnement. « Le diamant doit venir en Afrique du Sud. Il doit être un signe de notre fierté, de notre héritage et de notre culture » rapporte Reuters. « Je pense que les Africains commencent à comprendre que la décolonisation ne consiste pas seulement à laisser les gens jouir de certaines libertés, mais aussi à reprendre ce qui nous a été exproprié ».

« Singin’in the reign », l’excellent titre du tabloïd The Sun

Il a beaucoup plu lors de cette cérémonie célébrée en grande pompe mais celui qui ne devait pas se sentir très bien (dans ses pompes), c’est sans doute le Prince Harry, duc de Sussex, relayé au troisième rang à l’abbaye et exclu du salut sur le balcon de Buckingham. La maison Dior s’est pourtant fait une fierté de communiquer sur son costume civil : « le prince Harry portait une queue-de-pie sur mesure en laine noire et mohair, un pantalon en laine grise et mohair, une chemise classique en coton blanc, une cravate en soie grise, un gilet croisé à revers en laine noire et mohair et des derbies en cuir noir ».

Ajoutons à ce point de tension, l’intervention sur ITV de l’actrice Adjoa Andoh, l’interprète de Lady Danbury dans « Les chroniques de Bridgerton » (Netflix). Si, dans cette série, de nombreux acteurs (dont la reine d’Angleterre) ont la peau noire, Adjoa Andoh a qualifié la famille royale britannique de « terriblement blanche » aux vues des personnes invitées à figurer au balcon de Buckingham Palace : « Nous sommes passés de la riche diversité de l’Abbaye à un balcon terriblement blanc, je suis très frappée par cela ». De quoi mettre un peu plus d’huile sur le feu sur ce qui oppose Meghan Markle, la femme d’Harry, à la famille royale d’Angleterre.

En revanche, pas de (fashion) faux pas pour Kate Middleton, impeccable dans une tenue signée Alexander Mc Queen, maison qui appartient au groupe français Kering. La princesse de Galles portait une robe ornée de quatre petites fleurs, tissées chacune pour représenter les quatre nations composant le Royaume-Uni : la rose pour l’Angleterre, le chardon pour l’Écosse, la jonquille pour le pays de Galles et enfin le trèfle pour l’Irlande du Nord. Elle arborait des boucles d’oreilles en perle ayant appartenu à Lady Diana et une coiffe florale imaginée par le chapelier Jess Collett, en référence à l’amour pour la nature du roi Charles III et de la défunte reine Élisabeth II.