Vlisco Fashion Fund : les jeunes créateurs africains invités à une formation à Amsterdam
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Abidjan- Plus de 100 ans que le groupe néerlandais Vlisco se positionne comme une référence de la mode et du luxe en Afrique. Bien implantée à l’ouest et au centre du continent avec ses quatre marques Vlisco, Woodin, Uniwax et GTP, l’entreprise y a une importante partie de sa clientèle mais aussi de ses collaborateurs.
En plus de la commercialisation des pagnes, le groupe s’illustre par ses engagements en tant que sponsors auprès de couturiers confirmés. « Chez Vlisco, nous produisons des tissus mais nous ne faisons pas de vêtements. Lorsqu’un consommateur achète un pagne chez nous, il va ensuite chez un couturier pour pouvoir le coudre. C’est un passage obligatoire pour pouvoir consommer nos produits. Dans notre jargon, nous les appelons des “POI” ( Point Of Interesting). Ce sont des gens qui peuvent influencer le choix du consommateur en préconisant certaines marques. Il est donc tout à fait normal que nous collaborions avec ce segment d'activité », expliquent à FashionUnited, Sékou Sangaré, responsable marketing chez Vlisco Côte d’Ivoire. En 2017, Vlisco décide d'accompagner les jeunes couturiers émergents et lance le Vlisco Fashion Fund dont l’édition 2022 a été lancée en mai dernier. Ce projet se tient dans tous les pays où le groupe a des filiales en Afrique notamment la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et la RDC.
Après avoir réussi les différentes étapes, le gagnant reçoit un financement d'une valeur de 3 500 000 FCFA (soit plus de 5000 euros) ainsi qu’une formation technique dans le domaine de la couture, suivie aux Pays Bas. L’année de son mandat, le gagnant devient un ambassadeur de la marque Vlisco et participe aux activités et évènements du groupe. « La récompense ne s’arrête pas au financement puisqu'il y a un suivi. Nous collaborons avec le vainqueur jusqu’à la prochaine édition. C’est aussi un moyen de montrer que la couture est avant tout une passion et non un métier par défaut ».
Des centaines de candidatures reçues
Pour cette édition 2022, la Côte d’Ivoire a reçu 250 candidatures. Les postulants sont âgés de 18 à 35 ans, ils résident dans le pays dans lequel le concours se déroule. « Nous misons sur l’âge et l’expérience. Ils doivent avoir entre 8 et 9 ans d’ancienneté. Nous estimons que dans ce domaine, il est difficile de se lancer à son propre compte et même après tant d’années, ceux qui travaillent pour d'autres personnes sont toujours considérés comme des novices. Notre objectif est d'avoir aussi ceux qui viennent des écoles de couture ou qui sont en fin de cycle. Généralement, nous avons des candidats qui sont déjà en activité ».
Ces candidats doivent aussi fournir un business plan et des photos professionnels de leurs créations. La présence et l’activité sur les réseaux sociaux est aussi prise en compte. À l’issue de cette première phase, 15 candidats sont sélectionnés. Ces derniers passent ensuite l’épreuve des entretiens et du test de couture. Les trois finalistes sont alors choisis et reçoivent chacun la somme de 350 000 FCFA (soit plus de 500 euros) et cinq pagnes Vlisco. Ils ont alors un mois pour concevoir une collection de cinq tenues sur la base d'un brief. Des pièces inédites qui sont analysées et notées par le jury. Elles sont ensuite présentées à l’occasion de la finale qui se tiendra à Abidjan. À l’issue du défilé, le nom du grand vainqueur sera annoncé.
Un autre regard sur la mode en Afrique
Ces dernières années, les initiatives en faveur des jeunes créateurs se sont multipliées. Selon Sékou Sangaré, il ne s’agit pas d’une tendance mais plutôt d’une prise de conscience : « Il faut se rendre compte que la couture est un métier comme tout autre qui a besoin d'être accompagné. Pendant longtemps, la majorité des créateurs étaient délaissés. Certains passionnés arrivaient à émerger et c'était la phase visible de l'iceberg. Les moins connus avaient plus de difficulté à faire progresser leur business. Pour ceux qui connaissent l'environnement abidjanais, il y a toujours ce couturier talentueux ou ce quartier pas fameux mais réputé pour abriter des talents où les femmes aisées, avec leurs grosses voitures, garaient pour faire coudre leurs tenues. Cela montre qu’il y a toujours eu un intérêt économique mais le besoin se situe au niveau de l’accompagnement ».
Au-delà de l’intérêt toujours présent, le responsable marketing reconnaît que la professionnalisation du secteur, avec notamment un accent mis sur la communication, contribuera à son développement et son expansion hors des frontières locales.