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Transparence et chocolat, les deux tendances phares des collections automne-hiver 2024/2025

Par Florence Julienne

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Mode|En Images
Rabanne AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Paris Fashion Week février/mars 2024 clôturé, deux tendances féminines automne-hiver 2024/2025 sortent du lot : la transparence, tel un pied de nez à la mouvance no gender, et la couleur chocolat, qui s’avère être une alternative au sempiternel noir, plébiscité par les acheteurs, frileux à l’idée de prendre des risques commerciaux.

Il est parfois difficile de discerner ce que peut retenir le marché des tendances initiées par les maisons qui défilent. Il faut dire que la semaine des collections prêt-à-porter automne-hiver 2024/2025 est particulièrement intense, chaque marque rivalisant de son ADN ou bien de tenues spectaculaires, à même de se faire remarquer.

Aussi, la première règle en termes de diktats mode automne/hiver 2024, c’est qu’il n’y en a plus. Pourtant, à bien regarder, deux tendances sont récurrentes dans les collections des maisons qui font la réputation de Paris Fashion Week : les matières transparentes et le brun, autrement nommé chocolat ou marron.

La transparence à l’heure du metoo français

Quand les tendanceurs évoquaient la « transparence », ils faisaient principalement référence au work process du modèle de fabrication (empreinte carbone, conditions de travail, etc.) et distribution (made in, circuit court, packaging, etc.). Ils n’évoquaient pas la transparence des tissus. Les directeurs artistiques auraient-ils mal compris ? Le fait est que nombreux utilisent des matières transparentes, plus ou mois enrichies.

C’est le cas d’Anthony Vaccarello pour Saint Laurent qui utilise des collants, habituellement réservés à l’underwear, découpés et assemblés pour galber les silhouettes féminines. « Un parfum de scandale » titre astucieusement Le Figaro, d’autant que ces tenues (le string serait commercialisé 1 200 euros) sont extrêmement fragiles. D’autant, par ailleurs, que ces modèles risquent de ne pas rencontrer une clientèle moyen-orientale ou asiatique assez prude.

Saint Laurent AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

La marque Saint Laurent n’est pas la seule à avoir osé provoquer. La nouvelle directrice artistique de Chloé, Chemena Kamali, propose également une série de silhouettes laissant deviner les poitrines féminines. Dentelles blanches ou noires, résilles brunes ou grises, mousselines fluides et vaporeuses, nude, camel, ciel ou chocolat : le style bohème chic, iconique de la marque, n’hésite pas à laisser place à une féminité transgressive. Transgressive, oui, car à l’heure du metoo français, oser la transparence, c'est peut-être prendre le risque de choquer toutes celles qui luttent contre l’objetisation du corps féminin à des fins mercantiles.

Chloé AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Chloé AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Au jeu de la suggestion, il faut évidemment citer le show de Casey Cadwallader pour Mugler qui réveille les ardeurs des moins téméraires avec un show inclusif (toutes formes de morphologies y étaient présentées), digne de son prédécesseur, feu Thierry Mugler. Des show girls, sexys en diable, jouaient avec le public dans une scénographie à base de jeu de rideaux tombants, au fur et à mesure de la parade. À cet exercice de style consistant à montrer, sans pudeur ou faux semblant, les courbes féminines, il faut également citer Marine Serre, Nina Ricci ou Valentino.

Mugler AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Marine Serre AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Nina Ricci AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Valentino AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Plusieurs nuances de chocolat, en lieu et place du sempiternel noir

Dans une période incertaine, les acheteurs privilégient des articles à moindres risques, avec une valeur sûre : le noir. Aussi, la marque sud-africaine Judy Sanderson, vue sur le salon Tranoï, est-elle passée de trenchs en couleurs vives (jaune, fuchsia) à des noirs « qui se vendent », dixit la styliste. Il semble qu’il n’y ait pas que les marques confidentielles qui soient confrontées à cette frilosité des acheteurs, d'où le désir, peut-être, d'opérer un revival du marron.

Si certaines griffes optent pour du color block (Isabel Marant, Chanel, Cecilie Bahnsen), d’autres jouent avec le chocolat, proposant des contrastes inédits pour animer un coloris qui a clairement un côté vintage seventies. C’est le cas d’Ibrahim Kamara pour Off-White, qui réveille un total look marron (manteau, gilet masculin et jupe asymétrique) avec des bordures et une doublure vert anis.

Isabel Marant AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Chanel AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Cecilie Bahnsen AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Off-White AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Miuccia Prada pour Miu Miu marie le chocolat avec des accessoires de couleurs pétantes (gants orange, collants bleu Klein) ou, au contraire, accessoirise une robe à l’esthétique hawaïenne (un imprimé vert gazon fleuri rose Barbie) avec des gants et un sac à main marrons.

Miu Miu AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Miu Miu AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

L’association d’imprimés estivaux avec le brun se retrouve également chez Loewe. Jonathan Anderson, le directeur artistique, remet au goût du jour un vêtement que l’on n’avait pas vu depuis les années 80 : le blouson en cuir marron. Plus fréquents encore, la veste ou le manteau, déclinés dans différents tissus, agissent comme de véritables substituts au total looks noirs. Même Rick Owens, pape du gothique, s’y laisse prendre, c’est tout dire.

Loewe AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Carven AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Hermès AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Lacoste AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Louis Vuitton AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Stella McCartney AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Undercover AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
Rick Owens AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Enfin, coup de chapeau à Dries Van Noten, qui a tout récemment fait ses adieux en tant que directeur artistique de sa marque éponyme. Ici, il se laisse aller à de somptueux mariages de couleurs, sans pour autant oublier ce brun/roux ou rouille, grand classique de l'automne et typique de la mode des années 70.

Dries Van Noten AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Ces nouvelles propositions sauront-elles susciter l’engouement des acheteurs ? La question se pose. Chez Rabanne, Julien Dossena n’hésite pas à jouer sur les deux tableaux. Dans un mix and match de matières, formes et coloris, il trace une ligne de fond que le marché mass market devrait suivre, à moindres risques. Car une tendance ne peut exister que si elle est répétée, à l’envi, dans les magazines et sur les réseaux sociaux. Ce pouvoir de communication, les marques, citées dans cet article (ou presque), le possèdent. À l’instar d’une chanson écoutée en boucle, la consommatrice finale devrait bien finir par succomber.

Rabanne AW24 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
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