Social Shopping Stylefruits: "Des femmes là pour conseiller d'autres femmes"
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Le Social Shopping est un des phénomènes phares de l’industrie de la vente en ligne actuellement. Stylefruits applique ce concept de Social Shopping. L’an dernier la plateforme internet a enregistré un chiffre d’affaire de 17 million d’euros. Le créateur et PDG de Stylefruits, Ingo Heinrich, a expliqué à FashionUnited en quoi consiste exactement le Social Shopping et comment Stylefruits s’est développé depuis la création de la compagnie en 2008.
Vous définissez stylefruits comme étant une plateforme de shopping social : Qu'est-ce que cela signifie?Il existe plusieurs définitions possibles. Nous faisons la différence entre une plateforme de médias sociaux, comme par exemple Facebook, et une plateforme de shopping social. Les médias sociaux sont des outils de communication pure, mais avec Stylefruits, nous y avons ajouté une dimension commerciale. Bien que nous ne sommes pas une boutique réelle, nous sommes une plateforme de « native advertising » pour les marques de mode et les détaillants. Depuis 2008, notre philosophie est que grâce à notre site, les femmes devraient avoir la possibilité de parler de mode, de donner et recevoir des conseils, et de créer des tenues, d'où notre devise: des recommandations authentiques pour les femmes, par des femmes. Toutes les tenues que nos utilisatrices créent sur Stylefruits peuvent bien sûr être achetées par l'intermédiaire de nos boutiques partenaires. Nous gagnons notre chiffre d'affaires, par conséquent, en délivrant du trafic ciblé à nos partenaires.
Quelle est votre influence sur l'assortiment de produits disponibles sur Stylefruits, si vous êtes seulement une plateforme de publicité?Nous décidons des produits qui se trouvent en ligne sur Stylefruits. C'est parce que nous avons les meilleures connaissances sur les produits que préfèrent nos utilisatrices. Avec notre système de « business intelligence », appelé "styletracking", nous optimisons notre gamme de produits entre autres en fonction du nombre de ventes générées sur les boutiques partenaires. Nous nous concentrons sur les tendances, la mode abordable, avec des prix n’excédant pas 250 euro. Nous voulons offrir des produits qui intéressent les jeunes femmes et qu’elles peuvent se permettre d’acheter par opposition à des produits haute couture vus dans les magazines de mode haut de gamme, que la plupart des lectrices ne peuvent pas se permettre d’acheter. Avec ces produits abordables, nous visons à inspirer nos utilisatrices, tout comme ces magazines le font.
Votre connaissance des consommateurs doit certainement intéresser vos boutiques partenaires - est-ce donc une forme d'échange?Pour nous, une collaboration solide ainsi qu’une relation à long terme avec nos partenaires sont très importantes. Le client peut toujours voir quel produit ou catégorie de produits est le plus performant. Pour les nouveaux clients, nous offrons initialement un espace dédié pour un petit assortiment de 50 à 100 produits sur le site, de sorte qu’ils puissent tester leurs performances sur Stylefruits.
Une chose est très importante pour nous: les utilisatrices décident elles-mêmes de ce qui est à la mode et des articles qu'elles aiment combiner pour créer une tenue. Ainsi, nous ne souhaitons pas avoir d’influence sur ce que les utilisatrices créent. Nos utilisatrices créent leurs tenues seulement pour le plaisir. En moyenne, il faut environ 15 à 30 minutes à une utilisatrice pour composer une nouvelle tenue. Ce qui montre qu’il faut beaucoup de passion pour cela.
Quel est votre groupe cible?En fait, nous avons deux groupes cibles: d'abord toutes celles qui aiment la mode, créer des tenues et donner des conseils. Ces utilisatrices sont âgées de 25 ans en moyenne. Puis il y a les utilisatrices, qui préfèrent laisser les autres les inspirer, qui ont environ 28 ans. Le cœur de cible a entre 18 et 34 ans, environ 60 pour cent de nos utilisatrices font partie de cette tranche d’âge. Enfin, les utilisatrices entre 35 et 44 ans constituent environ 20 pour cent de notre groupe cible.
Quel est le pourcentage des utilisatrices qui sont actives sur le site et dans la création constante de nouvelles tenues ou dans le fait de donner des conseils?Environ 10 pour cent.
Vous vous concentrez sur les femmes principalement. Pourquoi?En fait, environ 5 pour cent de notre chiffre d'affaires provient de la section mode pour homme en Allemagne, mais l'ensemble de ces conversions sont effectuées par les femmes. D’après notre expérience, la plupart des hommes ne sont pas intéressés par la mode au même degré que les femmes ne le sont. Les hommes font les boutiques plutôt par nécessité, tandis que les femmes ont tendance à faire les boutiques pour trouver de l'inspiration. C’est un phénomène que nous observons aussi dans le secteur de la presse: il y a beaucoup plus de magazines de mode pour femmes sur le marché que pour hommes.
Nous assistons à une tendance vers une radicalisation du mobile. 70 pour cent de notre trafic provient actuellement de dispositifs mobiles, et nous gagnons 65 pour cent de notre chiffre d'affaires via mobile. À la fin de l'année, nous atteindrons via mobile environ 80 pour cent de notre chiffre d’affaires. Depuis que nous avons lancé notre application à l'automne 2014, le nombre de tenues créées a explosé. Nous observons maintenant que la quantité de tenues créées mensuellement a doublé depuis le lancement de l'application! J’ai toujours cru que les utilisatrices préféraient utiliser un ordinateur de bureau pour cela, mais apparemment pas! Je suis convaincu que le secteur des applications mobiles continuera de se renforcer, et avec lui, il en sera de même pour la publicité « in-app ». La publicité produite en télé ou sur papier sera certainement, à l'avenir, effectuée principalement sur les smartphones. Les vidéos via mobiles deviennent donc de plus en plus pertinentes.
Actuellement, la grande question dans le secteur de la distribution est la combinaison du commerce online et offline. Comment pensez-vous que le secteur de la mode va se développer dans l'avenir?Aujourd'hui, les gens montrent déjà une forte tendance pour les achats en ligne. Dans le secteur de la mode, le shopping en ligne représente environ 10 pour cent du total des ventes (en Allemagne) - en fonction des sources d’informations. Comparée aux livres et aux billets de voyage, la vente en ligne dans le secteur de la mode en est encore à ses débuts. Je suis donc convaincu que les achats en ligne dans ce secteur vont continuer de croître. Cependant les achats en boutiques traditionnelles continueront aussi de faire partie de l’équation bien sûr, et je crois que les deux seront de plus en plus intégrés. En parallèle à ce thème, nous allons justement commencer un projet dans les mois à venir : «le couponing».
Quel sera le fonctionnement, exactement?A ce jour, l'application Stylefruits a été téléchargée environ 1,5 millions de fois. Grâce à l’utilisation de la synchronisation GPS, l'application va offrir des chèques cadeaux dès que l'utilisatrice sera à proximité d'un magasin avec lequel nous sommes partenaires. Il devrait en résulter une visite plus fréquente dans les magasins en question.
Comparé à la mode, le secteur de la maison et de la décoration d’intérieur à un retard d’environ 5 ans dans l'e-commerce, mais nous observons une croissance. Nous avons observé qu’il y a une forte proximité entre les groupes cibles: les femmes sont les principales clientes dans le secteur de la maison. Les accessoires de maison fonctionnent très bien en ligne, mais l’achat de meubles plus volumineux se fait d'une manière très différente. Pour le mobilier volumineux, les gens ont tendance à faire des recherches plus détaillées et poussées en ligne: on ne commande pas 3 canapés pour les essayer à la maison. C’est là que le croisement entre les achats online et offline devient très important, et c’est ce sur quoi les vendeurs de meubles travaillent actuellement.
Stylefruits est présent dans plusieurs pays: quelles différences avez-vous remarqué entre eux?Il y a trois ans, Stylefruits a commencé une expansion au Royaume-Uni, en France, en Pologne et aux Pays-Bas. La France et les Pays-Bas fonctionnent de manière très similaire à l'Allemagne. D'autre part, le marché du Royaume-Uni est très différent. Là-bas, la mode grand public doit toujours être très bon marché, et la tendance est un peu plus décalée!
Avez-vous des vues sur d'autres marchés?L’Espagne, l’Italie et la Scandinavie sont également intéressants pour nous. Certes, nous allons continuer de nous développer, mais pour le moment la priorité est notre développement sur mobile.
Avez-vous des appréhensions au sujet de marques qui pourraient copier votre modèle économique sur leurs propres sites web?Non. Jusqu'à présent, ceux qui ont essayé n’ont pas réussi. Je fais souvent la comparaison avec les sites de voyages. La question est toujours: Qui croyez-vous? Les personnes offrant des forfaits de voyage, ou les utilisateurs qui les recommandent? Nous ne vendons rien; nous offrons une plateforme de recommandation neutre.