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Marques familiales : Bernard Zins, spécialiste du pantalon depuis 1967

Par Sharon Camara

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Mode|INTERVIEW

Présentes sur le marché depuis plusieurs décennies, les marques familiales évoluent avec une longue histoire qui fait leur force. Au fil des années, elles grandissent à travers un savoir-faire qui est transmis de génération en génération.

C’est en 1967 que Bernard Zins lance sa marque éponyme. Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers d’Angers et de l’Ecole Supérieure du Vêtement de Paris, le créateur ouvre la Manufacture Bernard Zins à Lens, spécialisée dans le pantalon haut-de-gamme pour homme.

En 2018, la marque s’est lancée dans une nouvelle stratégie pour étendre sa présence sur le digital et ainsi toucher une nouvelle cible. La marque a également étendu son offre de pantalons infroissables. Suite à la forte demande de la clientèle, ces pantalons sont désormais proposés en plusieurs colories. Tout en respectant l’héritage de son père Bernard Zins, Frank Zins le PDG de la marque a décidé de la moderniser et de s’adresser à un public plus large. FashionUnited l’a rencontré.

Comment êtes-vous arrivé à la tête de l’entreprise familiale?

Après des études de droit et quelques années à HEC, j’ai fait du conseil en stratégie. Je suis également passé chez l’Oréal où j’ai appris quelques notions clés du marketing. J’avais le choix entre évoluer de mon côté et dans d’autres entreprises ou alors m'investir dans la marque familiale. Le choix s’est fait naturellement et j’ai intégré le groupe. J’ai eu la chance de pouvoir travailler quelques années aux côtés de Bernard Zins et j’y ai pris goût. Grâce à notre éducation, nous avons eu la chance d’être sensibilisés à l’art et au design dès le plus jeune âge. La transition s'est faite assez rapidement et j’ai pris les rênes de la marque. Nous avons eu une période de grosse restructuration en 2010 et nous avons su rebondir.

Êtes-vous le seul membre de votre famille à travailler pour la marque?

Mes parents ont eu trois fils. J’ai un frère qui a travaillé quelques années pour la marque avant de créer sa maison d’édition dans le domaine du cinéma et mon autre frère est radiologue. Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec ma femme, mon neveu et ma nièce.

Êtes-vous dans la continuité du travail de votre père?

Il y a des choses qui sont faites dans la continuité comme par exemple l’importance accordée à la qualité du produit. Nous sommes intransigeants sur ce point car c’est ce qui caractérise notre marque. Structurellement, l’entreprise n’a plus rien à voir avec les débuts. Dans les années 70, il y avait environ 750 personnes dans les ateliers du Pas-de-Calais. Aujourd’hui, nous sommes une équipe beaucoup plus réduite, environ une quinzaine. Mais nous travaillons plus en réseau et de façon agile car je pense que c’est la meilleure façon de prospérer en 2018.

Chez Bernard Zins, les collections femmes sont arrivées plus de dix ans après la création de la marque, pourquoi?

L’histoire de la maison Zins a commencé en 67 mais les créations femmes sont arrivées dans les années 80. Même si les femmes avaient le droit de vote, depuis 1945 notamment en France, elles étaient quand même obligées, dans la plupart des métiers, de porter des jupes. Il y a un phénomène d’émancipation qui s’est produit à partir des années 80. Contrairement aux années 70, les femmes commençaient à porter des jeans, il a y eu une montée en puissance du pantalon. Cela faisait partie de l'émancipation des femmes. Il y a eu une volonté de la marque d’accompagner ce mouvement. D’autre part, il y avait un besoin latent qui n’était pas couvert par l’offre. Les femmes avaient le choix entre des pantalons très haut de gamme ou des pantalons dans des matières de moins bonne qualité. L’idée était donc de pouvoir proposer à la femme l’équivalent de ce qui existait dans l’offre masculine.

Quelle est votre cible actuellement ?

Notre prix commencent à 220 euros pour l’homme et 200 euros pour la femme. Notre clientèle actuelle est plutôt aisée, elle a 40 ans et plus. Nous souhaitons également nous adresser à une autre clientèle, qui n’a pas forcément les mêmes moyens mais qui est prête à économiser pour s’acheter une pièce de qualité. C’est une cible qui a tendance à s’informer sur le net, sur les blogs, etc… Ce qui explique notre volonté de développer notre stratégie digitale notamment sur les réseaux sociaux.

Quel est votre rapport actuel avec le commerce en ligne?

Aujourd'hui, le retail représente environ 90 pour cent de nos ventes et le commerce en ligne 10 pour cent. Nous avons actuellement deux boutiques à Paris et nous sommes présents chez des revendeurs à Toulouse, Lille, Nantes, Bordeaux, aussi en Belgique et aux États-Unis. Le Japon est le pays où nous exportons le plus. Nous envisageons de développer notre e-commerce notamment pour toucher une clientèle plus large.

Photo : Bernard Zins
Bernard Zins
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