Lingerie : les jeunes créateurs valorisent le Body Positive et l’éco-responsabilité
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Une nouvelle génération de marques propose des collections réalisées en matières naturelles ou recyclées. Un marché en plein développement porté par les valeurs du Body Positive.
Aujourd’hui, 60 pour cent des fibres utilisées dans la fabrication des textiles sont encore dérivées du pétrole. Ainsi, le Nylon et le polyester sont les fers de lance des industries de la lingerie et du maillot de bain. Mais les alternatives n’ont jamais été aussi nombreuses et devraient encore évoluer dans les années à venir poussées par une nouvelle génération de chercheurs et designers qui mettent au point de nouvelles manières de créer des tissus pour une industrie textile plus propre et plus responsable. Mises en lumière sur le dernier salon Interfilière à Paris en janvier dernier, celles-ci commencent à arriver dans les collections. « C’est encore un marché de niche, mais nous présentons de plus en plus de jeunes créateurs qui font de l’éthique et du durable leur signe distinctif », confirme Cécile Vivier-Guérin, directrice marketing d'Eurovet.
Vive le Bodi Posi !
Spécificité de ces marques, celles-ci s’inscrivent pour la plupart dans l’univers du Bodywear et surtout dans le mouvement du Body Positive. « On est sur des formes simples, sans armature, avec des coupes moins construites qui offrent une grande liberté de mouvement, poursuit Cécile Vivier-Guérin. Ces marques prônent avant tout l’acceptation et l'appréciation de tous les types de corps humains.» Parmi celles repérées sur le salon figurent Löv the Label (Autriche), Moons and Juns (Danemark), Under Protection (Danemark), Just a Corpse (Slovénie), About (Lituanie) ou encore la Française Nénés Paris. Leur point commun ? Des modèles aux morphologies réalistes et assumées, des photos non retouchées, des collections bienveillantes et travaillées dans des matières naturelles (coton bio, Modal) ou recyclées et une certaine éthique sur le plan environnemental ou social. Ainsi, Nénés Paris est née d’un constat simple : « La mode est la 2ème industrie la plus polluante au monde. Notre philosophie est de proposer au public une lingerie responsable, délicate et au prix juste, expliquent les créateurs Margot et Adrien. Nous prenons le pari de dégriser l’éco-responsable avec des collections capsules renouvelées fréquemment. Notre souhait est d’être totalement transparent et au plus proche de nos clientes. »
Vers un sourcing plus responsable ?
Concrètement, au cœur des collections Nénés Paris, les tissus sont fabriqués à partir de fins de rouleaux et de chutes de tissus produits par l'industrie textile et de bouteilles plastiques usagées. L’ensemble est broyé, nettoyé et ramené à l’état de fibre qui sert à fabriquer de nouvelles bobines pour fabriquer de la dentelle, du tulle. « Après avoir vu tous les avantages de cette fibre qui économise 80 pour cent de CO2 et 90 pour cent d’eau par rapport à un tissu normal, et qui garde de la douceur et de la résistance, je me suis dis que je n’utiliserai plus que celle-ci pour la fabrication des tissus Nénés, explique Margot, la créatrice de la marque. Mais nous recherchons toujours de nouveaux tissus issus de fibres naturelles qui consomment peu ou des fibres recyclées. »
« Toutes les matières ont un impact sur la planète et celui-ci se mesure au rythme effréné de la Fast Fashion qui, rappelons le, produit désormais deux fois plus de vêtements qu’il y a 20 ans, rappelle Laurence Nérée, commissaire du Salon Interfilière. Cette production débridée a comme conséquence directe une augmentation importante des déchets textiles : chaque année, 13,1 millions de tonnes de textiles sont jetées dans le monde. » Face à cette réalité, les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de produits qui s’engagent en terme d’éco-responsabilité notamment sur le segment de la lingerie, produit en contact direct avec la peau. « A l’image de l’alimentation, de l’habillement ou des cosmétiques, les consommateurs se posent également des questions sur les matières qu’ils portent et les fabricants de celles-ci sont plus que jamais en pleine réflexion », poursuit Laurence Nérée.
Et l’offre commence à séduire. Déjà implantées en Europe du Nord et de l’Est, ces jeunes marques intéressent aussi les détaillants français. « Les boutiques de mode y voient un produit facile puisqu’il n’y a pas de profondeur de bonnet mais des tailles allant du XS au XL, explique Cécile Vivier-Guérin directrice marketing d'Eurovet. Les grands magasins sont déjà sur le coup. Reste les boutiques plus traditionnelles qui ne devraient pas rester longtemps insensibles au phénomène car il attire aussi une clientèle plus jeune. »
Photos : Collections Moons and Jun, Löv the label et Nénés Paris.