Les métiers de la mode : que fait un assistant styliste ?
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De nombreux étudiants en mode se destinent à une carrière de styliste avec en tête le rêve de pouvoir donner vie à leurs collections. À la recherche d’une première expérience professionnelle dans ce secteur, les candidats sont rapidement confrontés à une absence d’offres pour ce poste, remplacé par le métier d’assistant styliste qui demeure encore un peu flou.
Pour FashionUnited, les co-fondatrices de la marque de streetwear française Bottega Callegari, Fiona Callegari, ancienne assistante styliste en charge du stylisme et sa soeur Sofia, chargée des réseaux sociaux, de l’image de marque et assistante styliste, révèlent les coulisses de ce métier créatif.
Quel a été votre formation et parcours professionnel ?
Fiona : J’ai commencé par un bac Pro Mode des métiers de la mode et du vêtement grâce auquel j’ai appris les différentes étapes nécessaires à la conception d’un vêtement, du patronage jusqu’à la réalisation du produit final. J’ai poursuivi mes études avec une mise à niveau en arts appliqués pour pouvoir accéder à ma licence, dispensée à l’école LISAA (l’Institut des Arts Appliqués) à la suite de laquelle j’ai obtenu mon diplôme de styliste/designer textile.
Avant Bottega Callegari, j’ai été assistante styliste pour des marques françaises et italiennes de prêt-à-porter et de maroquinerie. J’ai ensuite décidé de lancer ma propre marque de vêtements aux côtés de mes sœurs et ainsi créer mes propres collections.
Sofia : J’ai un background dans la communication. J’ai fait un BTS en communication et des études dans l’événementiel et le digital. Mais j’ai toujours été passionnée par la mode et nous avions cet objectif commun avec mes sœurs de créer notre marque. Même si je suis spécialisée dans la communication, depuis qu’on a créé Bottega Callegari il y a trois ans, j’assiste Fiona dans le stylisme car nous sommes une petite marque. De ce fait, nous avons plusieurs casquettes et occupons simultanément plusieurs rôles.
Quelles sont les principales missions de l'assistante styliste ?
Fiona : Lors de la conception d’une collection, la styliste fait tout d’abord part de ses inspirations à l’assistante styliste qui, à partir des mots-clés et grandes thématiques identifiées, va se lancer dans la recherche et l’analyse de tendances. Elle va réaliser des moodboards autour de l’imagination de la styliste. L’assistante styliste va également assister à des salons pour repérer des matières premières, mener des recherches en ligne pour identifier les tendances non seulement en France mais aussi à l’international, en termes de motifs et couleurs notamment, et chercher des inspirations.
Sofia : On assiste également au niveau de l’organisation des shootings, en recherchant des prestataires et des mannequins. On épaule véritablement la styliste sur toutes ses missions.
Quelles sont les possibilités d’évolution ?
Fiona : Lorsque l’on obtient le diplôme de styliste, il est très rare de commencer directement en tant que styliste hormis si vous avez de super contacts. On commence généralement avec des stages et premières expériences en tant qu’assistante styliste.
Mais on peut très bien rester assistante styliste toute sa vie car cela nous convient d’accompagner la styliste. C’est un métier très intéressant, il existe beaucoup d’assistantes stylistes qui restent des années au sein d'une même entreprise, à moins qu’elles souhaitent devenir stylistes et/ou monter leur propre boîte. Mais une fois qu’on monte en grade, comme pour tout métier, les responsabilités augmentent.
Sofia : On peut choisir de rester assistante styliste ou devenir styliste, mais cela dépend des objectifs de vie de chacun. Cela peut aussi bien être un métier sur le long terme qu’un poste de début de carrière.
Fiona : On apprend énormément de choses en tant qu’assistante styliste. Je dirais qu’il est intéressant d’occuper ce poste au moins deux ou trois ans dans la même maison, le temps de se familiariser avec la marque et de travailler sur différentes collections.
Est-ce que le métier d’assistante styliste varie d’une marque à une autre ?
Fiona : Selon moi, cela varie en fonction de l’organisation et du type de marque. Ce n’est pas du tout la même chose de travailler en tant qu’assistante styliste pour un gros groupe ou une start-up par exemple. Ce ne sont ni les mêmes équipes, ni le même budget. Si l’on travaille avec de petites marques, on va devoir toucher à davantage de choses.
D’après moi, les étudiants devraient davantage se tourner vers des plus petites entreprises qui sont bien plus formatrices. Lorsque j’ai commencé ma carrière, je n’ai pas été attiré par les grandes maisons. Je souhaitais tout d’abord me former et consolider mes connaissances auprès de start-up, avant de me proposer auprès de plus grandes maisons où, à mon sens, il faut déjà avoir un statut plus professionnel.
À quoi ressemble votre journée-type ?
Sofia : Dans un premier temps, on réalise tout un travail de recherches suite aux attentes de la styliste. Il prend la forme d’un moodboard qui s’appuie sur des recherches mais aussi sur des salons qui nous aident pour le choix des tissus.
Fiona : L’assistante styliste se rend dans des salons à la place de la styliste, qui n’a pas forcément le temps, et sélectionne des tissus. On reçoit ensuite les échantillons au studio, et c’est au tour de la styliste d’entrer en scène puisqu’elle opère une sélection parmi les échantillons proposés, et commence ensuite à réaliser des silhouettes.
L’assistante styliste scanne les premiers croquis et réalise des dessins techniques via le logiciel Photoshop à destination de la production, qui conçoit les prototypes.
Sofia :On suit également avec la styliste toute la partie production et l’avancée de la collection. Une fois que les prototypes sont validés, on peut faire les shootings et commencer à lancer la production pour ensuite pouvoir avoir la collection finalisée aux dates déterminées.
Fiona : La styliste et l’assistante styliste vont également procéder à la vérification des vêtements un par un afin de vérifier qu’il n’y ai aucun défaut, ce qui arrive très fréquemment. Cette étape est nécessaire car nos vêtements peuvent être utilisés pour des shootings avec des magazines. Ils sont également distribués en magasin ou en ligne. Nous assurer de leur qualité est donc indispensable.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Fiona : Je trouve cela incroyable de partir d’un bout de tissu, d’un coup de crayon sur un dessin et d’imaginer un vêtement qui va être porté par quelqu’un, tout en tenant compte des enjeux de durabilité puisque chez Bottega Callegari, nos pièces sont conçues à partir des chutes de tissu dormants de grandes maisons de luxe.
Sofia : C’est la possibilité de créer une histoire. On part d’un morceau de tissu et on se pose alors une multitude de questions : que souhaite-t-on créer ? quelles en sont les raisons ? quelles sont nos inspirations ? On raconte une véritable histoire à travers l'élaboration d’une collection, qui n’est pas simplement le vêtement en tant que tel.
Est-il nécessaire d’avoir fait des études dans le stylisme pour être assistante styliste?
Fiona : Bien que ce ne soit pas son métier ou son cœur de formation, une personne qui est vraiment passionnée a déjà réalisé quelques moodboards. Si elle possède déjà un portfolio, elle peut directement aller toquer à la porte des marques et soumettre sa candidature.
Les études nous apprennent énormément de choses, surtout pour les personnes qui savent déjà depuis longtemps ce qu’elles veulent faire. Elles vont non seulement confirmer leur choix de carrière mais leur permettre de perfectionner leurs compétences.
Aujourd’hui, la reconversion est bien plus facile qu’elle ne l’était auparavant. Une personne passionnée par ce métier, qui exerce dans un domaine créatif tel que la communication ou le marketing de mode, peut très bien se reconvertir en tant que styliste ou assistante styliste si elle possède un portfolio. Il faut toutefois pouvoir être en mesure de présenter ce que l’on est capable de faire, lorsque l’on se présente aux entreprises.
En matière d’études, je recommande un bac +2 ou +3 dans le stylisme. Et pour le portfolio, être capable de proposer des planches et des moodboards. En tant qu’assistant styliste, il est très important de connaître la manière dont est conçu un vêtement, savoir comment faire un patron et comprendre ce qui est faisable ou non en fonction des matières, par exemple.
Faire des projets personnels en dehors de son activité professionnelle ou de ses études, est également très valorisé. Cela permet de se démarquer mais également de peaufiner son style et ses idées.
Quelles sont les qualités requises ?
Fiona : Être créatif et curieux. Mais aussi passionné et patient. Il ne faut pas avoir peur de se lancer.
Sofia : Cela suppose un grand sens de l’organisation, car il y a des délais à respecter.
Et quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant se lancer dans ce métier ?
Fiona : Il existe tellement de marques avec des esthétiques différentes. Je ne conseillerais vraiment pas à une assistante styliste d’aller vers une entreprise qui ne lui correspond pas en termes d’image car elle ne sera pas motivée, bien qu’on n’ait parfois pas le choix.
Faites des recherches sur des marques qui vous inspirent. On commence toujours en se disant qu’on rêverait de travailler pour telles ou telles maisons. On se tourne souvent vers des grosses entreprises qui ne sont pas toujours facilement atteignables, surtout en tant que jeune étudiant. Dans ce cas, n’hésitez pas à vous diriger vers de plus petites boîtes qui ont un style similaire, dans un univers proche.
La marque Bottega Callegari est actuellement à la recherche de son futur stagiaire en Marketing digital & Communication pour une durée de deux mois.