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« Le recyclage textile en France a encore un énorme potentiel de développement », Rémi Antoniucci, Bis Boutique Solidaire

Par Celine Vautard

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Mode|INTERVIEW

Fondée en mars 2012, l’enseigne de mode seconde main fait rimer shopping et réinsertion professionnelle. Elle vient d’ouvrir à Paris son troisième point de vente et fait figure de précurseur dans l’univers de la revalorisation du textile. Rencontre avec son fondateur !

Est-ce nouveau en France de vendre des articles de mode de seconde main ?

Nouveau non car les friperies existent depuis longtemps. Mais notre constat est simple : entre le vintage très cher et les fripes cheap, il n’y a rien ou presque entre les deux. Alors que l’Angleterre ou les Etats-Unis sont très en avance sur ce marché, notre pays est très en retard sur le plan de la collecte des textiles usagés. Pire en Ile de France, les gens mettent deux fois plus de vêtements à la poubelle que dans le reste du pays. Collecter, recycler, réutiliser, il y a encore beaucoup à apprendre aux consommateurs et donc un énorme potentiel de développement pour nous. Nous voulons apporter de la qualité au marché de la seconde main.

Le recyclage du textile n’est donc pas encore à cent pour cent optimisé ?

Loin de là ! C’est même un vrai problème car il n’y a pas tant de débouchés que cela pour le recyclage du textile. Ainsi, beaucoup part à l’export en Afrique, mais la réalité c’est aussi que les industriels vendent 5 euros la tonne au Pakistan des balles qui, là-bas, se transforment en décharge à ciel ouvert. Enfin que dire quand les vêtements sont troués ou tâchés, ils sont considérés comme des déchets et ils sont incinérés. C’est un autre problème qui pourrait avoir une solution si l’on pouvait les utiliser pour refabriquer du textile.

Comment fonctionne Bis Boutique Solidaire ?

En 2011, j’ai été missionné par le Secours Catholique pour monter un projet afin de revaloriser les dons reçus. La première boutique (80 mètres carrés) a ouvert en mars 2012 à Paris (7, boulevard du Temple, 3e) et a rencontré très vite du succès. D’ailleurs, depuis, une seconde a ouvert rue Lamartine (9e) en mars 2016 et dernièrement rue Saint-Charles (15 e). Mais les boutiques ne sont que la partie visible de notre projet. Derrière, notre atelier travaille désormais avec plusieurs associations (Les Apprentis d’Auteuil, Les Petits Frères des Pauvres, Rosier Rouge…) pour trier, collecter des vêtements qui leur permettent de financer leurs actions en faveur des plus démunis. Nous faisons aussi travailler 36 personnes à temps plein dont 25 en réinsertion professionnelle (répartis entre les boutiques, l’atelier et les chauffeurs). C’est un pilier important de notre action. Nous sommes un tremplin pour de nombreuses personnes qui arrivent ici sans qualifications, au chômage, avec des problèmes sociaux… Enfin, nous donnons gratuitement des vêtements en bon état à des associations partenaires et ce qui est très abîmé et inutilisable part chez des industriels. Au final, tous les bénéfices sont réinvestis dans l’entreprise.

Pour ceux qui veulent pousser la porte de vos magasins, qu’y trouve t-on ?

Tout d’abord notre travail de collecte est énorme. Pour vous donner des chiffres, sur 700 tonnes de vêtements triés par an, soit 2,5 millions de pièces, nous n’en gardons que 10 pour cent qui sont ensuite mis en vente dans nos 3 boutiques, ce qui représente 250 000 vêtements. C’est donc un gros travail de logistique car nous avons toujours en stock 50 000 pièces en permanence et nous en livrons quotidiennement 500 par jour. Nous proposons de la mode homme, femme et enfant en essayant de proposer un mixe de pièces vintage, de marques moyen et haut de gamme, créateurs et des petits prix. En été, nous collectons l’hiver et inversement.

Quels sont vos prochains projets à venir ?

Dans l’immédiat, il va falloir que nous trouvions un autre lieu pour déménager notre atelier de trie qui sature complément. Une fois cette étape franchie, nous pourrons songer à continuer d’ouvrir d’autres boutiques. Bis Boutique Solidaire est un projet passionnant qui n’en est qu’à ses débuts !

Photos : Bis Boutique Solidaire ©Fred Lahache

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