La marque de tricot Anny Blatt renaît de ses cendres

En plein dans la tendance Do It Yourself, le tricot est à la mode. Iconique du genre, la marque Anny Blatt opère son retour en surfant sur cet engouement et en s'adaptant aux nouveaux modèles de fabrication/diffusion, grâce à Marion Carrette & Anne Molineau qui ont racheté cette griffe française.

Qui se souvient des pulls d’Anne Sinclair dans son émission « Sept sur Sept » ? Ou encore de Linda Evangelista posant en pullover dans les années 80 ? Ces modèles étaient tous signés Anny Blatt.

Pour la petite histoire, Anny Blatt, jeune femme d’à peine vingt-trois ans, crée une maison de couture spécialisée dans la confection de « vêtements à l’aiguille », dans le Paris des années trente. En proposant des vêtements en maille de laine chics, aussi confortables qu’une tenue de sport, elle modernise le vestiaire féminin et s’impose rapidement.

Mue par la vague de l’émancipation des femmes, Anny Blatt atteint son apogée dans les années 80. En 1985, Serge Gainsbourg signe la réalisation et la musique originale d’une campagne de publicité pour la télévision. Les spots font apparaître une femme, deux hommes (lui-même et Gérard Depardieu) et un pull qui joue tour à tour l’appât et l’obstacle. Une image inimaginable de nos jours.

Mais, face à l’arrivée de la fast fashion, dans les années 90, et des pulls bas de gamme fabriqués à l’autre bout de la planète, la marque décline jusqu’à fermer ses portes en 2019.

L’histoire aurait pu s’en tenir là si Anne Molineau, styliste de la marque depuis plus de vingt ans, et Marion Carrette, entrepreneuse du web, n’avaient pas décidé de racheter Anny Blatt et ses archives, en 2020. Fini les catalogues tricot à l’ancienne. Riche d’un patrimoine de 5000 créations originales, la marque se réinvente sur Internet autour de deux axes : un kit avec des fils et des modèles d’exception à tricoter à la main et une ligne de mailles haut de gamme entièrement fabriquée en France.

Le défi : concevoir une ligne de maille haut de gamme, fabriquée exclusivement en France, à la demande

En 2020, leur toute première ligne de prêt-à-porter voit le jour. Chaque modèle, disponible sur le site, est fabriqué à la commande dans l’atelier français partenaire et livré en moins de quinze jours. Pas de grosses séries, ni de stocks, ni de promotions pour écouler une éventuelle surproduction qui n’existe pas. Le sourcing est maîtrisé et les matières sont écoresponsables : un filateur d'Angora dans les Hautes-Alpes, un teinturier en Vendée et un mohair d’Afrique du Sud certifié « Responsible Mohair Standard ».

En mars 2021, la spécialiste d’Internet relance la marque sur le web. Anny Blatt retrouve son public et séduit une nouvelle clientèle, plus jeune, plus sensible aux matières et à la fabrication raisonnée. Aujourd’hui uniquement distribuée sur son site Internet et via des pop-ups, la marque se lance un nouveau challenge en se tournant vers l’international.