Indice de transparence de la mode : les marques enregistrent de timides avancées
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Chaque année, l’Indice de transparence de la mode examine les comportements de 250 des plus grandes marques et détaillants de mode du monde. Dans son classement, ces marques sont jugées sur leur niveau de transparence en matière de politique d’entreprise, de pratiques et d'impacts sur les droits de l'homme et l'environnement dans leurs propres activités et dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Précisant que les engagements en matière de transparence dans l’industrie mondiale de la mode restent encore lents par rapport à l’urgence planétaire, le rapport dévoile que le score moyen se situe cette année à 24 pour cent, en hausse de seulement 1 pour cent par rapport à l’année dernière. La marque italienne OVS a obtenu le meilleur score avec 78 pour cent, à égalité avec Kmart Australia et Target Australia. Si le score d’OVS reste identique à 2021, Kmart et Target Australia sont parmi les plus performants cette année, avec un score en hausse de 22 points.
Les plus grandes progressions en 2022 ont été réalisées par les marques du groupe Calzedonia, Intimissimi et Tezenis, en hausse de 43 points, ce qui porte leur score global à 54 pour cent. Une amélioration significative par rapport aux 11 pour cent del'année dernière. Dans le même temps, 17 grandes marques obtiennent un score de 0 dont : Jil Sander, Fashion Nova, New Yorker, Max Mara, Semir, Tom Ford, Helian Home, Belle, Big Bazaar, Elie Tahari, Justfab, K-Way, KOOVs, Metersbonwe, Mexx, Splash et Youngor. Au total, ce sont 81 des 250 marques qui se positionnent dans la fourchette de 0 à 10 pour cent, ce qui représente presque un tiers des plus grandes marques et détaillants.
Des résultats qui amènent à un constat sur le manque de transparence des grandes marques et des détaillants : « ils divulguent publiquement les informations sur leurs politiques, engagements et processus en matière de droits de l'homme et de l'environnement mais sont plus silencieux sur les résultats et l'impact de leurs efforts (...) nous avons réévalué les critères de notation et nous avons approfondi la formulation des politiques. Même les marques les mieux notées manquent d'informations sur des questions telles que l'audit social, les salaires, les pratiques d'achat, la syndicalisation, l'équité raciale et de genre. Il faut une plus grande transparence sur ces questions si les marques veulent être sérieuses dans leur engagement à lutter contre les inégalités mondiales et la crise climatique », analyse le rapport.
Plus de transparence dans la chaîne de fabrication
Épinglées l’année dernière sur leur transparence, 31 pour cent des marques ont dévoilé cette année la liste de leurs fabricants de premier rang, qui sont en charge de la dernière étape de la production, c’est-à-dire la coupe, la couture, la finition des produits et leur emballage pour l'expédition. Parmi elles, Bally, Calzedonia Group (marques Calzedonia, Intimissimi, Tezenis), Chloé, Guess, Oliver et Woolworths South Africa.
« Au cours des premières années de l'Indice de transparence de la mode, les marques étaient réticentes à l’idée de dévoiler la liste de leurs fournisseurs. Il est donc positif que désormais, près de la moitié des grandes marques de cet indice publient une telle liste ».
En matière de conduite d’achat, seulement 11 pour cent des marques publient leurs habitudes, ce qui indique que la plupart d'entre elles sont encore réticentes à révéler comment leurs pratiques d'achat peuvent affecter les fournisseurs et les travailleurs. La grande majorité des grandes marques et des détaillants (94 pour cent) ne divulguent pas non plus, le nombre de travailleurs de leur chaîne d'approvisionnement qui paient des frais de recrutement et seraient liés aux pratiques de travail forcé.
Seuls 13 pour cent des marques révèlent le nombre de syndicats présents chez leurs fournisseurs. La dépendance de l'industrie à l'égard de la main-d'œuvre féminine faiblement rémunérée se poursuit, mais la plupart des marques (94 pour cent) négligent de divulguer la question essentielle de la fréquence des violations du travail fondées sur le sexe.
Alors que l'écart de richesse entre les PDG de la mode et les travailleurs de l'habillement s'accroît, peu de grandes marques et de détaillants divulguent la manière dont la rémunération des dirigeants est liée aux objectifs environnementaux et sociaux. Seuls 36 pour cent des grandes marques et des détaillants publient une stratégie fiscale tandis que 96 pour cent des marques ne publient pas le nombre de travailleurs payés au salaire décent dans leur chaîne d'approvisionnement.
Même s’il note des efforts considérables en matière de transparence au sein des grandes entreprises de la mode, l’Indice de la transparence souligne qu’au-delà de la communication, ces marques doivent encore œuvrer pour intégrer ces bonnes pratiques au sein de leur politique et celles de leurs fournisseurs. Désormais, l’Indice ne veut pas se contenter d’observer et de féliciter des engagements superficiels mais se concentrer sur des résultats concrets et surtout inscrits sur la durée.
À l’origine de l’Indice de la Transparence, il y a Fashion Revolution, le mouvement à but non lucratif, axé sur les activités de la mode, né suite à la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh. L’organisation œuvre pour une mode responsable et transparente. Elle réunit les citoyens, l'industrie et les décideurs politiques et œuvre pour la recherche, l'éducation et le plaidoyer en faveur d’une mode équitable.