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Incubateur de mode : à la découverte de Grain de Mode

Par Sharon Camara

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Mode
Grain de mode/EIFP Michèle Yakice

Avec ses quatre écoles de mode reconnues, la Côte d’ivoire a accueilli, en mars 2020 son premier incubateur dans le domaine. Faisant figure de précurseur, cette initiative s’inscrit dans la même dynamique que l’incubateur lancé en juin 2021 par Birimian, en association avec l’Institut Français de la Mode.

Formation, coaching, accompagnement, les incubateurs mode s'adressent aux entreprises qui souhaitent se développer et aux jeunes créateurs qui désirent créer leurs marques. Avec Grain de mode, l’école Internationale de Formation Professionnelle (EIFP) Michèle Yakice veut combler un vide chez les jeunes créateurs : « j'ai remarqué qu’après leur formation, les élèves n'arrivent pas à créer d'entreprises de mode. Ils n'ont pas la formation technique, c'est-à-dire qu’ils ont les compétences en couture mais pas celles requises pour créer une entreprise. Nos anciens élèves travaillent chez d’autres créateurs mais ne peuvent pas se lancer dans l’entreprenariat. Désormais, ils auront tous ces outils en main avant même de quitter l’école », explique Michèle Okei, directrice de l’EIFP Michèle Yakice et de l’incubateur Grain de Mode.

Grain de mode/EIFP Michèle Yakice
Grain de mode/EIFP Michèle Yakice
Grain de mode/EIFP Michèle Yakice

Pour réaliser ce projet ambitieux, la directrice de l’établissement fondé en 2000 par sa mère, la créatrice Michèle Yakice, se tourne vers un fonds d'investissement, Comoé Capital. La structure lancée en 2018 est entièrement dédiée au financement et à l’accompagnement des start-ups et PME en Afrique Subsaharienne. Avec cet appui, Grain de Mode voit le jour en tant qu’incubateur qui s’adresse aux élèves de l’établissement mais aussi à toute personne souhaitant créer sa propre marque et surtout ayant déjà une expérience dans le domaine. Grain de mode est aussi une marque : « nous faisons des confections de tenues pour des entreprises. Les élèves vont faire les courses et les achats de tissus avec moi, ils vont chez les fournisseurs, ils vont aussi démarcher. C’est un moyen pour eux d’avoir un aperçu du marché et cette marque nous permet de rembourser plus rapidement notre prêt », confie Michèle Okei. Pour lancer cet incubateur, elle a dû prendre, auprès du fonds d’investissement, un prêt de 50 millions de FCFA (soit plus de 76 000 euros) sur quatre ans, jusqu’en 2025.

Michèle Okei poursuit : « Pour accompagner ces élèves, nous avons un consultant en dessin assisté par ordinateur, un coach en gestion, un coach pour apprendre à s’exprimer en public, un coach en couture et également un professionnel des réseaux sociaux. De nos jours, il est possible de créer son entreprise en restant à la maison, grâce aux réseaux sociaux. À la fin des douze mois d’incubation, ils doivent être en mesure de présenter une marque avec un logo. Les labels doivent répondre à un besoin, il ne faut pas créer une marque pour copier coller et faire du déjà vu, cela doit répondre à une démarche. À la fin, ils doivent présenter cinq vêtements qui représentent leur marque et qui sont en cohérence avec leur projet de base. Nous avons une première présélection qui se fait devant un jury de cinq personnes du domaine de la mode ou pas. Ils vont noter la pertinence du projet mais également les vêtements, la couture et le confectionnement. Les cinq premiers reçoivent une machine à coudre en récompense et nous sommes toujours à la recherche de sponsors ».

Le développement des incubateurs de mode en Afrique

Depuis son lancement en mars 2020, Grain de mode a accueilli trois promotions. La dernière a débuté en janvier 2022 pour douze mois. « À la première cohorte, ils étaient quatorze au début du programme et ils ont fini à dix parce qu’en cours de chemin, quatre ont abandonné. Pour la deuxième cohorte, ils étaient dix et ils ont terminé à huit. Enfin, la troisième a commencé avec cinq élèves. Certains partent d'eux même et d'autres se font virer par manque de motivation. C’est très strict, il y a une discipline à adopter au sein de l'incubateur car cela sera forcément bénéfique pour la suite de leur carrière ».

Grain de mode/EIFP Michèle Yakice
Grain de mode/EIFP Michèle Yakice

Toutes ces mesures ont un même objectif, accompagner les créateurs de mode dans la création de leurs entreprises : « Malheureusement en Afrique, nous sommes plus habitués à l’informel. En Côte d'Ivoire, il y a beaucoup d'autodidactes, il y a beaucoup de talents, mais les investisseurs sont frileux car peu d’entrepreneurs ont reçu une véritable formation. Pour mettre de l’argent dans un projet, il faut être sûr d’avoir un retour sur investissement », analyse Michele Okei.

Très répandus sur d’autres continents, les incubateurs mode sont peu nombreux en Afrique et plus particulièrement dans la zone francophone. Aux côtés de Grain de mode, il y a Birimian lancé en collaboration avec l’Institut Français de la Mode et aussi Fashionomics initié par la Banque Africaine de Développement.

Birimian
IFM
La mode en Afrique