Fashion Revolution : appel à la mobilisation !
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5 ans après l’effondrement du Rana Plaza, la mobilisation pour consommer la mode autrement ne faiblit pas. Du 23 au 29 avril, le mouvement Fashion Revolution organise partout dans le monde une semaine de mobilisation. Rencontre en France avec Isabelle Quéhé, country coordinator.
En quoi consiste cette semaine de mobilisation qui commence ce lundi 23 avril ?
Le collectif, né en Grande-Bretagne à l’initiative des créatrices Carry Somers et Orsola De Castro, a pour but d’inciter chacun à consommer la mode autrement, à s’interroger sur ceux qui la fabriquent et à réfléchir aux atteintes portées à l’homme et à l’environnement tout au long de ce processus complexe, impliquant de nombreuses opérations de par le monde. Le mouvement Fashion Revolution rayonne aujourd’hui dans plus de 90 pays et ne cesse de renforcer ses actions pour éveiller les consciences. En France, cette année, des événements ont lieu également à Bordeaux, Lyon, Lille-Roubaix, Marseille et Nantes.
Vous qui suivez le secteur de la mode éthique depuis ses débuts, comment a évolué cette prise de conscience ?
Lorsque j’ai initié le premier salon de la mode éthique en France, « Ethical Fashion Show », il y a plus de 15 ans, nous étions trop précurseurs. Il y a eu un sursaut, des hauts et des bas et ce n’est que maintenant que la prise de conscience a lieu. Le mouvement a rajeuni, les 25-35 ans demandent aujourd’hui plus de transparence et de renseignements aux marques. Dans les écoles de mode, mais aussi dans le commerce, on se questionne sur le sujet. Sans compter que les secteurs du luxe et de la fast fashion ont bien compris que les Millenials étaient très préoccupés par ces questions. Tout va donc dans le bon sens.
Les initiatives sont aussi de plus en plus nombreuses sur le sujet, qu’en pensez-vous ?
Oui et c’est bien. Je pense au mouvement Anti_fashion lancé par Li Edelkoort, mais aussi au Copenhagen Fashion Summit, sommet pour une mode plus durable, qui existe depuis 2009 (lancé par Eva Kruse, la prochaine édition sur deux jours les 15 et 16 mai prochains, publiera son premier « CEO Agenda » développé en collaboration avec des groupes comme Kering, H&M ou encore Li & Fung pour définir les sept actions prioritaires que doivent mener les dirigeants du monde de la mode pour plus de durabilité, NDLR.) L’important c’est que toutes ces initiatives aient envie de la même chose.
5 ans après la tragédie au Bangladesh, qu’est-ce qui a changé sur le terrain ?
Pour commencer, toutes les familles ont été indemnisées. Mais, il reste encore beaucoup à faire. J’ai ainsi rencontré Kalpona Akter, ancienne ouvrière du secteur textile (elle travaillé dès l’âge de 12 ans), elle est la fondatrice et directrice du Centre de solidarité des travailleuses et travailleurs du Bangladesh (Bangladesh Centre for Worker Solidarity, BCWS) et mène des campagnes pour des salaires équitables, l’amélioration des conditions de sécurité dans l’industrie de la confection et le droit de former des syndicats et de négocier collectivement. Elle m’a expliqué que le salaire d’un ouvrier était passé de 38 dollars par mois avant la tragédie à 68 dollars par mois aujourd’hui. C’est 77 pour cent de mieux mais cela ne suffit pas à couvrir les besoins vitaux d’une famille. Le salaire minimum devrait être de 200 dollars. Enfin sur les 5000 usines que compte le pays, seulement 1600 sont actuellement concernées par un accord.
Comment faire pour que cela change ?
C’est toute la question car boycotter les grandes chaînes c’est supprimer le travail de ces ouvriers dont la vie dépend dans leur activité. C’est un vrai casse-tête. De notre côté, avec Fashion Revolution France, nous allons prochainement lancer une pétition à l'échelle de toute l'Union Européenne pour demander que les salaires de ces ouvriers du textile au Bangladesh passent à 200 dollars par mois et expliquer pourquoi. Si nous obtenons un maximum de signatures (il faut dépasser le million) nous pourrons interpeller la Commission Européenne et faire changer les chose.
Pour revenir à la Fashion Revolution Week, comment peut-on y participer ?
En rejoignant les actions et évènements qui se tiennent dans toute la France (marche, conférences, ateliers, projection de films…, voir détails sur les pages Facebook) et surtout en se photographiant avec son vêtement préféré et en postant sur Instagram son selfie avec #whomademyclothes afin d’interpeler les marques. Celles-ci répondent le plus souvent et grâce à cela nous établissons le Fashion Transparency Index qui les classe selon un index de leurs pratiques sociales et environnementales.
Photos : Fashion Revolution Week - Une partie de l'équipe de Fashion Revolution France - Sur les réseaux sociaux #whomademyclothes.