Dressings partagés et locations de vêtements : l ‘avenir de la mode?
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Emprunter au lieu d’acheter. Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur chez les jeunes consommateurs. Sur le Net de nouveaux sites de mode proposent de posséder moins et de louer en fonction de ses besoins.
Si le concept séduit déjà de nombreuses femmes outre-Atlantique, en Europe du Nord ou en Allemagne, en France, le système de la location de vêtements commence seulement à faire parler de lui (surtout pour les robes du soir). L’IFM lui même confirme ce changement d’attitude : « En 2015, la part des femmes déclarant avoir modifié leur comportement d’achat avec la crise approche 1 femme sur 2 (45 pour cent) ». Troc, Do It Yourself, seconde main et même désormais location, avec la crise, elles disent acheter autrement et plus intelligemment.
Consommer sans posséder
A Paris, le lancement de l’Habibliothèque en septembre 2014 a fait parlé de lui L’idée : emprunter des pièces de créateurs moyennant un abonnement mensuel (trois formules disponibles) en piochant sur le site Internet ou en se rendant à la boutique parisienne. Deux ans plus tard, le concept a déjà séduit plus de 300 clientes et permis de faire venir depuis peu de grandes marques qui jouent elles aussi désormais le jeu (Alexander Wang, Carven, Vanessa Bruno, Red Valentino et Kenzo). Réenchanter l’expérience shopping en ces temps de crise et tester les tendances sans forcément les acheter, une expérience inédite chez nous et qui a déjà fait ses preuves ailleurs.
Ainsi aux Etats-Unis, Rent the Runway, fondé en 2009, est devenu un mastodonte de la mode qualifié par le New York Times de « Netflix de la haute couture ». Avec un chiffre d’affaires qui frôle les 100 millions de dollars par an, il compte aujourd’hui outre son site, quatre boutiques physiques (New York, Washington, Las Vegas et Chicago), plus de 300 marques partenaires et fait nettoyer à sec environ 1500 robes par heure ! On peut aujourd’hui emprunter ce que l’on veut (prêt-à-porter, accessoires, robes du soir) grâce à un abonnement illimité.
Les Cachotières : locations entre particuliers
Ce printemps, le web français accueillent deux nouveaux acteurs de taille plus modeste qui viennent confirmer l’évolution des habitudes d’achats des Françaises envers la mode. « Après une étude de marché, il est ressorti qu’au quotidien 85 pour cent des femmes ne portent qu’une à deux fois seulement leurs vêtements dont le prix d’achat dépassent souvent les 200 euros », explique Agathe Cuvelier fondatrice du nouveau site Les Cachotières. Après avoir travaillé plusieurs années dans la mode en tant que styliste et chef de produit, celle qui avait l’ambition de créer sa propre marque préfère voire plus loin. Elle intègre alors l’incubateur EuraTechnologies à Lille (le troisième plus gros incubateurs de startups en Europe) pour lancer un projet innovant : proposer de la location de vêtements entre particuliers. Que ce soit pour le travail ou un événement, le site référence pour le moment beaucoup de robes habillées et va s’ouvrir prochainement au workwear en sélectionnant vestes, pantalons, jupes et chemisiers. « Chaque femme peut proposer des pièces de son dressing à la location n’importe où en France, explique la chef d’entreprise. Ensuite, nous sélectionnons soigneusement les modèles en fonction de l’air du temps, de l’état et des marques. Une fois l’article validé par notre équipe, nous le réceptionnons dans nos locaux, le remesurons, le prenons en photo pour le mettre en ligne ». Pour celle qui loue, l’aller et retour du vêtement et le pressing sont pris en charge. Le site touche alors 30 pour cent du prix du modèle emprunté. « Il faut compter entre 35 à 65 euros pour un vêtement emprunté pour 4 jours », poursuit Agathe Cuvelier. Avec bientôt la possibilité de prendre un abonnement et de louer plusieurs pièces et de ne payer uniquement celles portées.
Hylla : le dressing collaboratif
Basé sur l’idée de dressing partagé, le site Hylla vient tout juste d’être lancé par Amandine Valcares et Céline Zimmermann. « Nous nous sommes rencontrées en Allemagne où prêter ces vêtements ou les louer est déjà très courant », raconte Amandine Valcares. Sensibilisées à une mode plus responsable, les deux jeunes femmes revendiquent une mode collaborative qui vise à recréer du lien. « Dans un premier temps nous misons sur des ventes éphémères pour nous faire connaître », poursuit-elle. A Paris, La REcyclerie (18ème arrondissement) accueillera Hylla plusieurs samedis de suite jusqu’à la rentrée prochaine, avant l’ouverture d’ici la fin de l’année d’une boutique physique. « Nous proposerons un dressing illimité, sans cesse renouvelé, où chacune pourra venir piocher via un abonnement mensuel », annonce Amandine Valcares. Du style, de l’originalité mais pas forcément des marques, ce qui compte ici c’est de donner une seconde vie aux vêtements qui dorment dans nos armoires, le tout en parfait état évidemment.
Alors que la consommation collaborative, ce mouvement qui propose une économie enrichie en lien social et qui fait émerger de nouvelles activités (comme les « co » : co-voiturage, co-working, co-housing…) bat son plein, de nouveaux business models sont donc en train d’éclore. Une affaire à suivre de près…
Photos : Les Cachotières – Portrait d’Agathe Cuvelier fondatrice du site Les Cachotières – Portrait d’Amandine Valcares et Céline Zimmermann, fondatrices de Hylla.