Dans un contexte économique difficile, les jeunes créateurs triomphent lors de la LFW

Depuis ses débuts sur un parking de Kensington en 1984, la Fashion Week de Londres a subi d'importantes transformations. Alors que les semaines de la mode à New York, Milan et Paris étaient déjà bien établies, les designers britanniques, en particulier les jeunes diplômés, se sont rapidement retrouvés dépourvus d’opportunités et de moyens financiers pour présenter leurs collections.

Bien que Londres accueille désormais un grand nombre de jeunes talents créatifs, les difficultés financières persistent pour de nombreux designers qui tentent de financer des défilés ou des événements. En 2023, des designers tels que SS Daley, Robyn Lynch et Dilara Findikoğlu ont fait face à des contraintes budgétaires qui les ont obligés à ne pas prendre part à la Fashion Week de Londres. Pour la saison automne-hiver 2024, les labels Nensi Dojaka et KWK by Kay Kwok sont les grands absents du calendrier. Tous deux ont annoncé renoncer à des défilés en raison de défis financiers. Pour pallier cet obstacle, la jeune designer Feben a choisi de présenter ses créations à Milan dans le cadre du nouvel incubateur de talents de Dolce & Gabbana.

Caroline Rush, la directrice générale de la Fashion Week de Londres, a indiqué à Euromonitor que l’augmentation du coût de la vie se répercute sur les jeunes marques qui font face à des situations jugées extrêmement difficiles. Malgré la réputation de Londres, souvent perçue comme l’épicentre de l’expression créative, les obstacles financiers persistent, impactant la capacité des designers émergents à participer pleinement au marché de la mode.

Les difficultés financières persistent pour les jeunes designers londoniens

Dans un contexte économique marqué par une réduction des dépenses chez les consommateurs, de nombreux détaillants accusent une baisse de leur budget destiné à l’acquisition de nouvelles marques. Par le passé, des marketplaces comme Net-a-Porter, Matches, Ssense, MyTheresa, Machine-A et des grands magasins tels que Selfridges et Harvey Nichols, représentaient des acteurs cruciaux pour les marques en quête d’exposition.

Cependant, au fil des années, les dynamiques ont changé, poussant ainsi de nombreuses griffes à opter pour des canaux de vente directe aux consommateurs. Les marques font face à une pression accrue pour obtenir des taux de vente élevés dès leur deuxième saison, car les détaillants, confrontés à leurs propres contraintes financières, sont moins tolérants envers les stocks qui ne se vendent pas bien.

La pratique qui consiste à abandonner les marques ne répondant pas aux attentes est devenue plus répandue. Cela représente un défi considérable pour les designers en herbe, car construire une entreprise durable sans le soutien de la vente en gros restreint le chemin vers le succès. Alors que les habitudes des consommateurs et les dynamiques de l'industrie continuent d'évoluer, le parcours qu’une marque doit parcourir pour établir sa place sur le marché devient plus complexe.

Fashion Scout China

Fashion Scout China, dédiée à la promotion des talents chinois et à leur introduction sur la scène internationale, a marqué son retour sur la scène de la Fashion Week de Londres. En collaboration avec Fashion Scout, la plateforme a mis en lumière cinq talents émergents chinois : AFMN, E7W Studiio, Gorgiya, Ladecente et Chiyue. Cet événement a souligné la nécessité de mettre en lumière des labels montants et de favoriser par la même occasion les échanges interculturels.

Dilara Findikoğlu

En se tenant temporairement à distance de la frénésie de la mode, Dilara Findikoğlu semble avoir opéré le bon choix, comme en témoigne son retour triomphant lors de la LFW. Sa vision créative s'est concrétisée sous la forme de corsets et de vêtements de bureau au style déconstruit. Les mannequins ont donné vie aux silhouettes à travers leur attitude provocante et leur démarche sinueuse. De manière peu conventionnelle, ils ont établi un contact visuel direct avec le public, marquant une rupture avec les défilés traditionnels afin de déconstruire le concept de masculinité toxique.

Le retour de Findikoğlu sur le devant de la scène de la mode souligne la puissance d'une pause stratégique et d'une réémergence délibérée, sa présentation sur le podium servant de commentaires audacieux sur les normes sociétales et d'appel au changement social.

Eudon Choi

Eudon Choi a exploré le thème de la résilience, rendant hommage à Pompéi en s'inspirant de ses fresques vieillies et de ses murs exposés. La collection a capturé l’essence de la ville ancienne, utilisant des matériaux texturés et des couleurs atténuées. Les designs combinent des matériaux opulents avec des finitions usées, créant une interaction poignante entre la beauté et l’adversité. Les tonalités terreuses font écho aux fresques historiques de Pompéi. Les détails complexes, les silhouettes sensuelles et les éléments sculpturaux évoquent l’attrait durable qui émane des restes du site monumental.

Chet Lo

Les références historiques étaient également présentes chez Chet Lo. Le designer est retourné dans les années 1970, lorsque les agriculteurs de la province chinoise du Shaanxi ont découvert l'emblématique armée de terre cuite, créée 2 000 ans plus tôt par Qin Shi Huangdi. Les pics emblématiques de la marque ornent des vêtements, y compris des hoodies, des jupes et des pantalons, y compris des hoodies, des jupes et des pantalons.

Chet Lo incorpore des influences orientales et occidentales avec des pantalons en laine style sarong et des pantalons/jupes hybrides qui ne sont pas sans rappeler des armures. La palette de couleurs s'inspire de l'artiste allemand Gerhard Ritcher. La marque introduit les accessoires, y compris les sacs à main et les chaussures épineuses, en collaboration avec Charles & Keith.

Malgré l'émergence de nouvelles marques, des designers et des entreprises établis tels que J.W. Anderson, Roksanda Ilincic, Simone Rocha, Emilia Wickstead et Dunhill ont proposé des collections qui mêlent désirabilité et portabilité.

Le nouvel âge de l’élégance britannique

Dunhill s'est distinguée de manière remarquable, introduisant une nouvelle ère dans le paysage mode britannique. Si elle est traditionnellement reconnue pour son tailleur classique, il est évident que son nouveau directeur créatif Simon Holloway - qui s’est formé aux côtés de griffes comme Ralph Lauren et Agnona, a insufflé une vision contemporaine à la marque. Alors que Dunhill était une référence en matière de boutons de manchettes et d’accessoires pour hommes, la griffe se présente désormais comme une alternative britannique aux marques de tailleur italiennes telles que Brioni et Zegna.

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.com. Il a été traduit et édité en français par Aéris Fontaine.