Cuirs et tissus automne/hiver 2025-2026, quoi de neuf sur le salon Première Vision ?

Que disent les experts de Première Vision sur les tendances cuir et tissus de la saison automne/hiver 2025-2026 ?

Le salon Première vision, qui s’est tenu du 2 au 4 juillet 2024, était une édition un peu particulière compte tenu de la proximité des dates avec les Jeux Olympiques. Résultat 937 exposants et un visitorat vraisemblablement proportionnel à la baisse, comme l’anticipait la nouvelle présidente du directoire Florence Rousson, présidente du directoire Première Vision, qui avait accordé une interview exclusive à FashionUnited, en amont de cette édition.

Une saison qui se voulait calme, donc, comme une respiration entre les deux tours des élections législatives, mais riche en nouveautés comme ont expliqué, pour le cuir, Carine Montarras, leather expert, ou, pour les tissus, Desolina Suter, directrice mode, et Lucie Jeannot, chef de projet mode.

Focus sur les tanneries pour gager de la traçabilité du cuir

Aujourd’hui, pour un cuir écoresponsable, il s’agit moins de trouver un article qui va avoir une finition ou un tannage particulier, que de choisir une société qui corresponde aux valeurs que l’on veut défendre et qui a un engagement profond. Cela se passe au niveau de la tannerie. La traçabilité est l’enjeu majeur de la filière. Les réglementations se resserrent et les entreprises vont devoir communiquer sur leur impact environnemental. L’objectif, c’est l’élevage, d’autant qu’à court terme, il va falloir certifier que les produits fabriqués en Europe n’ont pas de lien avec la déforestation. Ce sont de nouvelles données assez éloignées de la mode, mais qui sont fondamentales.

Sophistication des cuirs : le tannage végétal gagne du terrain

Le tannage végétal, historiquement assez raide, peu favorable à la teinture, mais à impact environnemntal réduit, intéresse beaucoup les acheteurs. De fait, la filière voit naître une nouvelle génération de cuirs souples, en couleurs et en variétés (cuir d’agneau stretch par exemple), tannés avec des extraits végétaux : écorces d’arbres, comme du quebracho, olive, rhubarbe.

Des cuirs ennoblis grâce à une collaboration avec les Teintures de France

Pour la saison automne-hiver 2025/2026, Première Vision expose une collaboration avec l’entreprise d’ennoblissement Les Teintures de France. Les cuirs sont montrés sous leur forme initiale, puis dans une version technique réalisée par les Teintures de France : gravure et perforation laser, broderies numériques (réalisée avec un fil blanc colorisé au fil des impressions numériques), impressions 3D de micro-picots.

Des tissus neufs à l’aspect vieilli, usés ou upcyclés

La saison automne/hiver 2025-2026 signe une réflexion plus inclusive sur les différences générationnelles, autrement dit : les choses qui s’abîment peuvent être belles. Des anciennes références viennent ainsi se mélanger aux nouvelles technologies pour reformuler un passé avec des écritures inédites. Côté matières, cela se traduit par : des dentelles aux effets déraillés ; des soieries qui donnent l’impression d’être tachées ou érodées, qui s’emparent des fils flottés ou coupés comme si le tissu était vraiment troué ; des rides sublimées ; des lainages qui semblent usés, mités, floqués, javellisés ; des usures décoratives. Des effets qui évoquent la maladresse du Do It Yourself. À ce jeu, ce sont autant de tissus neufs ou anciens et upcyclés qui sont exposés.

Des tissus bien présents qui viennent épouser le corps

Cette saison s’éloigne du fantasme du Métavers et de l’Intelligence Artificielle pour aller vers des matières qui, dans la main, sont plus concrètes et tangibles. Le rapport au corps évolue, revient au centre du design, entraînant un courant de tissus faciles à draper, avec des fluidités courantes ou permettant des formes structurales : mailles, soieries, jerseys, coton, mohair réchauffé, velours, damassée. Cette influence se retrouve dans le monde du sport avec des tissus techniques raffinés.

Des matières denses pour des silhouettes structurées

De très beaux mélanges, des fils très fins, des contextures très serrées, pour obtenir des volumes structurés, façon Balenciaga. L’objectif est de partir sur des matières qualitatives, donc durables, qui dépassent les effets de mode. Cette tendance s’articule majoritairement autour de la soie : naturelle, Lyocell, Modal, lin, coton. Cela signifie moins de synthétiques, mais aussi un frein aux finissages chimiques : mélanges laine/cachemire, cachemire zibelinato (lustre qui se fait sur la matière avec des chardons et fait des petites vagues). C’est une manière d’affronter l’écoresponsabilité à travers la qualité et non via les certifications ou le renoncement à l’ennoblissement.