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Cuir vegan : une appellation qui dérange

Par Celine Vautard

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De plus en plus à la mode, la maroquinerie et les souliers dits en cuir vegan font grincer des dents la filière traditionnelle. Appellation erronée, celle-ci induit le consommateur en erreur. Explications.

Matériaux végétaux et durables réalisés à partir de fibre d’ananas ou de champignons, voire de matières recyclées qui toute se substituent au cuir ; ces dernières années les innovations sont nombreuses pour trouver des alternatives aux peaux naturelles. Trop souvent regroupées sous le nom de « cuir vegan », celles-ci sont aujourd’hui pointées du doigt par la filière cuir qui parle de concurrence déloyale.

Un décret datant de 2010

Ainsi, lors d’une récente conférence, le Conseil National du Cuir a souhaité rappeler les cas où le mot « cuir » peut être employé. « L’appellation concerne uniquement la matière obtenue de la peau animale qui est ensuite transformée pour être rendue imputrescible, a souligné l’institution. Le cuir est le produit de la transformation de la peau d’animaux. Il peut s’agir de la peau de bovins, ovins, caprins, porcins, équidés, reptiles, poissons et oiseaux. » Loin d’entrer dans une guerre, l’objectif est de mieux renseigner le consommateur et d’éviter qu’il ne soit trompé. À cet effet, l’utilisation du mot « cuir » est depuis janvier 2010 encadrée par un décret. L’article 2 de celui-ci indiquant clairement : « L'utilisation du mot "cuir", à titre principal ou de racine ou sous forme d'adjectif, quelle que soit la langue utilisée, est interdite dans la désignation de toute autre matière que celle obtenue de la peau animale au moyen d'un tannage ou d'une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau ».

Confusion des genres

Pour autant, le cuir végétal existe bel est bien. Loin de rallier le véganisme (mode de vie qui consiste à exclure la viande et les produits issus des animaux de son alimentation mais aussi sur soi et de refuser leur exploitation), celui-ci est l’une des formes les plus anciennes de la fabrication du cuir qui vise à transformer la peau d’animaux par des tannins végétaux (donc sans sels de chrome). Extraits de feuilles ou d’écorces, ceux-ci permettent d’obtenir des cuirs épais et très denses, mais aussi plus souples, utilisables en maroquinerie principalement, où le caractère végétal (couleur marron clair et odeur distinctive) est associé à une image plus naturelle. De quoi entretenir la confusion avec les marques vegan qui emploient la même appellation.

Un marché qui prend du poids

Reste que la maroquinerie mais aussi la chaussure vegan gagnent du terrain, à l’image du mode de vie du même nom. On estime ainsi en France à 1,5 million le nombre de personnes qui ont choisi l’alimentation végétarienne. Sur les podiums, les propositions, à l’image de celle de Stella McCartney, font peu à peu changer les habitudes. Ainsi ses sacs en éco alter nappa (polyuréthane sans solvant à base d’eau) ou Eco Nylon durable composé de fils recyclés font partie des it bags et se vendent à des prix aussi chers que certains modèles en cuir. D’ailleurs, le groupe Kering, à qui appartient cette dernière, vient d’annoncer que d’ici 2030, les sacs à main des griffes Gucci et Saint Laurent pourraient bien être en cuir écolo. Encore un oxymore ? Presque de la science fiction. François-Henri Pinault, le PDG du groupe, pense plutôt biotechnologie. L’idée : essayer de créer du cuir à partir de cellules animales vivantes qui seraient cultivées en quantités suffisantes. Et si le cuir se réinventait autrement ?

Photos : Ananas Anam développe Piñatex™, une fibre non tissée à partir de l’ananas. Sac Stella McCartney, collection P/E 2017. Pour ses chaussures, Good Guys utilise des microfibres à base de coton polyester.

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