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COP21 saga (III): L’industrie du denim, vers des process plus responsables ?

Par FashionUnited

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Considérée comme le vêtement le plus polluant au monde, le denim doit revoir sa copie d’urgence. En amont, la filière commence à innover et les marques interpellent sur ces problématiques environnementales et sociales.

En moyenne, une paire de jeans parcourt environ 65 000 kilomètres avant de finir dans les rayons d’une enseigne de mode ou de fast fashion. Un long cheminement qui commence avec la culture du coton (l’une des plus polluante au monde et très gourmande en eau), sa récolte, puis vient son filage, sa teinture, le tissage, la confection, le délavage et enfin l’expédition finale.

Entre temps, selon les acteurs, qui auront œuvré en amont de la filière (tisseurs, producteurs de fibres, confectionneurs, développeurs de technologie) et leur degré d’implication en faveur de pratiques plus respectueuses de l’environnement et de la société, les impacts négatifs sur l’homme et la nature peuvent-être nombreux.

L’eau en première ligne

L’industrie textile consomme 4 milliards de tonnes d’eau par an pour teindre 30 milliards de kilos de tissus. Selon la Banque Mondiale, elle serait responsable à elle seule de 17 à 20 pour cent de la pollution de l’eau dans le monde. D’où l’obligation pour les industriels de recourir à de nouveaux procédés de fabrication plus durables.

Au cœur du bleu caractéristique de la toile de jean, l’indigo utilisé pour teindre la toile, souvent surnommé « la couleur vivante », se décolore avec le temps. Une caractéristique unique qui distingue le denim des autres tissus. Pourtant par soucis de productivité, la plupart des usines de teinture teignent aujourd’hui leurs tissus à l'aide d'indigo synthétique sur d'immenses chaînes de production qui requièrent beaucoup d'eau et d'énergie. Face à ce problème, des marques ont déjà imaginé d’autres alternatives.

Ainsi, chez Patagonia, on a abandonné cette technique au profit de la technologie Archroma Advanced Denim. Un procédé de teinture innovant qui emploie des colorants au soufre dont la toile denim s'imprègne plus facilement. Il en résulte des chaînes de production moins longues qui requièrent 84 pour cent moins d'eau, 30 pour cent moins d'énergie et qui émettent 25 pour cent de CO2 en moins que les procédés de teinture conventionnels. Quant au fabricant Turque Orta Anadolu, qui travaille avec de grands noms du denim (Guess, Jack & Jones, Mavi, Samsøe & Samsøe…), il a lancé Vegan Denim. Au programme, une méthode de teinture naturelle et végétale dont les couleurs tiennent dans le temps.

Des alternatives pour vieillir la toile

Côté délavage, l’autre grande étape d’ennoblissement, il faut encore lutter contre de vieilles pratiques polluantes et dangereuses à l’image des procédés à base d’agents de blanchiment type chlore et permanganate de potassium, regroupés autour du terme générique « Bleach ». Idem pour le « Sandblasting », méthode qui vise à projeter du sable sur la toile de jeans pour la vieillir. Interdite dans de nombreux pays suite à la sensibilisation de l'opinion par des organisations de travailleurs du textile car elle provoque la silicose chez les ouvriers, on la retrouve encore en Chine, au Pakistan ou en Egypte.

Il existe pourtant de nouveaux procédés écolos. « Nous avons aujourd’hui de plus en plus d’outils pour faire du jean le meilleur produit au monde », explique Enrique Silla, directeur général de Jeanologia. Leader sur l’innovation, l’entreprise espagnole est engagée depuis 2012 dans la course au délavage plus propre grâce à l’ozone. Une technologie qui permet de réduire la consommation d'énergie jusqu'à 60 pour cent, celle des produits chimiques de 80 pour cent et cela presque sans eau ! Associés au laser, les deux outils permettent un effet délavé ciblé et durable sur la toile denim. Une technique qu’utilise aujourd’hui la plupart des grands noms du denim (Calvin Klein, Levi’s, Replay, Le Temps des Cerises …).

Quant à la marque de mode ecofriendly Ekyog, elle a sorti cet hiver un jean à l’aspect vintage utilisant un nouveau traitement intitulé Avol Oxy White (Garmon Group), soit un agent de blanchiment novateur et écologique qui permet de créer des usures ciblées.

Enfin, dès l’été 2016, Pepe Jeans proposera dans sa collection des modèles qui utilisent la technique « Ice Shock » à base de glace carbonique. Semblable au procédé de grattage, la surface du tissu est traitée par application d’un jet d’air sous pression qui vient créer l’effet désiré.

Enfin, Jeanologia va même plus loin avec EIM : le premier logiciel capable de mesurer l’impact environnemental d’une société et de l’aider à s’améliorer. « En trois mois, 15 compagnies internationales ont déjà adopté notre système, parmi lesquelles H&M et Mark & Spencer », poursuit Enrique Silla.

Revenir à la proximité ?

Dernière initiative, celle de 1083 (la distance entre les 2 villes les plus éloignées entre le nord et le sud de la France). Depuis 2 ans, la griffe française a fait de la proximité son dada. Objectif : produire un jean en coton bio à moins de 1083 kilomètres de chez nous. Vendu 89 euros, celui-ci montre que l’on peut encore faire du jean en France. Si le coton bio vient de Turquie, de Tanzanie ou du Bénin, en revanche, les balles sont ensuite filées en Grèce, en Belgique et à Rupt-sur-Moselle (88). Les teintures sont réalisées à Sevelinges (42) et Tourcoing (59). Les toiles sont tissés à Charlieu (42) et Rupt-sur-Moselle. Enfin, les denims sont entièrement confectionnés à Marseille (13) et tous les accessoires sont français (rivets, doublures de poches, fermeture à glissière…). Cocorico !

Photos : Blog Jack & Jones - Denim Pepe Jeans et Modèle Ekyog hiver 2015 (à droite) - Jean 1083.

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