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Collants : entre obsolescence programmée et nouveautés durables

Par Celine Vautard

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Selon l’association HOP, dans 72 pour cent des cas, le collant ne dépasse pas 6 utilisations. Découvrez le classement des meilleures et des pires marques de collants et les labels qui proposent des alternatives plus écologiques.

Dès que les températures baissent, un accessoire de mode fait les beaux jours des commerces : le collant ! Pourtant au fil des années, la qualité de celui-ci est mise en cause. Plus fin, moins cher et sans couture, le produit est aujourd’hui pointé du doigt dans un rapport d'enquêtes réalisé par HOP* (Halte à l’Obsolescence programmée) qui assure que la plupart des articles fabriqués sont programmés pour ne pas durer. Guerre des prix et productivité obliges, au fil des années, le collant, dont la première formule « en soie synthétique » a été lancée en 1939, a vu sa qualité se dégrader.

Une chaîne de production médiocre

Au cœur du problème, HOP s’appuie sur un premier constat : la fin de vie des collants est quasiment toujours due à une obsolescence technique et non esthétique. Filés, troués, accrochés sur une chaise ou abimés dès l'enfilage, le consommateur n’est pas le seul en cause dans cette fin de vie prématurée. « La productivité est l’ennemi de la qualité, assure HOP. Pour un collant de qualité, il faut respecter une chaîne de production stricte. » Fil sans irrégularité et exempt de produits dangereux, technique de tricotage en « double guipage » (le fil central du collant est entouré de deux protections en sens inverse), soit en « mailles croisées » soit en « torsade », machines ajustées selon l’épaisseur ou la finesse du fil (plus le collant est fin, plus le nombre d’aiguilles sera important), finition ou assemblage réalisés à la main, teinture à la vapeur d’eau (étape cruciale pour la solidité) et apprêtage (qui consiste à tendre le collant en fin de fabrication, certains sont même vendus ainsi) étant le must. Mais face aux enjeux de productivité et de prix, le gros des produits actuels ne suivrait pas les mêmes protocoles. Fils non doublés, fabrication sur tube, finitions inexistantes… ; si le Saint Graal du collant n'a pas encore été trouvé, HOP a toutefois dégagé des marques qui s’en sortent mieux que d’autres. Sur la première marche du podium (voir tableau ci-dessous) Wolford se veut la plus durable, suivie par Bleuforêt et Gerbe. Dim arrive en 6ème position juste avant H&M.

Un produit non recyclable

Initialement conçus en nylon, les collants ont évolué au fil des années vers un mélange de nylon et élasthanne pour plus de confort. Pur produit de la pétrochimie (l’une des industries les plus polluantes au monde), le produit voit de nombreux intrants chimiques entrer dans sa composition à chaque étape de la confection de la fibre : lors de la fabrication du fil de nylon (deux produits issus du raffinage du pétrole entrent en jeu : le benzène et le butadiène), au moment de la filature (l’ensimage consiste à déposer sur la fibre des huiles ou corps gras pour la protéger ; à ce jour aucune donnée n’existe sur ces substances dont certaines peuvent être toxiques), lors du tissage (de nombreux additifs sont ajoutés pour rendre le fil plus résistant), enfin lors de l’ennoblissement (qui regroupe la teinture, l’impression, l’apprêtage, où peuvent être présents des métaux comme le chrome, le sulfate d’ammonium). Au final, un fort impact environnemental pour un produit qui, même s’il est encore fabriqué en France pour certains (Dim, Well), reste pour les marques de distributeurs encore trop peu soigné.

De fait, sur ce marché, les enseignes sont peu regardantes sur l’origine des fils utilisés et leur composition. Surtout lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, la plupart des collants vendus dans le monde est encore fabriquée en Chine où les normes sont très souples. Autre constat, en France, deux tiers des porteurs de collants finissent par les mettre à la poubelle, ce qui représente 104 millions de paire jetées par an ! A raison d’une moyenne de 55 grammes chacune, celles-ci représentent en moyenne plus de 7 315 tonnes de déchets par année. Soit un nombre de déchets non recyclables, qui met des décennies à se décomposer (pour du nylon, 30 à 40 ans d’après Conservation nature, et jusqu’à 600 ans d’après Monofilament Recovery and Recycling Program - selon la taille des fibres et leur lieu de biodégradation) et qui dégagent des produits chimiques toxiques. A cela s'ajoute les quelques 8 milliards de paires vendues dans le monde par an.

Vers une économie circulaire du collant

Pour autant, tout n’est pas noir au royaume du collant et de nombreuses initiatives émergent pour redorer son blason. Ainsi, certaines entreprises proposent dores et déjà des fils de nylon de très grande qualité. C’est le cas de Bleu Forêt qui annonce le retour du collant Nylon made in France (fil bi-constituant, collant formé, mailles adoucies à l’huile d’argan). Quant à Le Bourget, il lance cet hiver un collant tricoté avec des fibres fabriquées à partir d’huile de pépins de ricins. En parallèle, certaines sociétés proposent des fils de nylon recyclés à l'instar de la société Fulgar en Italie (à partir de bouteilles plastique), Aquafil en Slovénie (à partir de filets de pêche et de déchets plastique). Et la nouvelle génération planche sur le sujet telles les nouvelles marques Dear Denier et Swedish Stockings. Les deux entreprises nordiques n’utilisent que des fils de nylon recyclés et visent à bannir les produits toxiques et privilégier des teintures écologiques. Objectif : maximiser la durée de vie de chaque produit et inciter les clientes à renvoyer leurs collants usés pour les recycler.

Enfin, en précurseur, Wolford lance la première gamme de produits certifiés Cradle to Cradle©. Quatre ans de développement ont été nécessaire à la gamme qui va s’étoffer au fil des saisons. Composée de trois fibres : Lenzing Modal (une fibre cellulosique dérivée de forêts gérées durablement), de polymère biodégradable à base d'huile spécialement modifié infinito® développée par Lauffenmühle et d’un fil intelligent haut de gamme ROICA™, capable de se dégrader sans dégager de substances nocives, chaque pièce retournée en magasin en fin de vie sera ensuite amenée à une station de compost industrielle où elle servira de nutriment pour la planète.

*Selon un sondage mené par HOP en mars 2018 auprès de 3090 répondants porteurs de collants.

Photos : 1/Swedish Stockings, collection hiver 2018 – 2/Classement HOP – 3/Dear Denier, gamme Rebecca 40 deniers, collection hiver 2018.
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