Bensimon : success-story d’une tennis pas si ordinaire
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De la couleur, des imprimés et un succès qui dure depuis 40 ans déjà. Comment Bensimon a fait d’une simple tennis en toile, un article iconique ?
Quand un stock de 100 000 tennis de gymnastique blanches de l’armée française vous tend les bras, qu’en faîtes-vous ? Nous sommes en 1978 et Simon (le père de Serge et Yves Bensimon) et Emile Bensimon ouvrent au Kremlin-Bicêtre à Paris le plus grand surplus militaire de l’époque avec des pièces venues des Etats-Unis, mais aussi du Portugal, d’Italie, des Pays-Bas ou de Grande-Bretagne. Chez les Bensimon, le surplus c’est une histoire de famille. Charles Bensimon, le grand-père, fripier à Oran, voit débarquer en Afrique du Nord les soldats américains. Inspiré par leur look, il se met à vendre des stocks de fripes made in USA. La famille quitte le pays après les accords d’Evian en 1962 et l’activité se poursuit.
La couleur comme leitmotiv
Les garçons Serge et Yves grandissent au milieu des balles de vêtements et sont gagnés par le virus. Si Simon apporte la rigueur à l’entreprise, bientôt Serge Bensimon amène sa touche personnelle. « Le surplus c’est bien, mais avec un twist de mode, c’est mieux ! », confie le créateur. Résultat Serge customise sahariennes, parkas et pièces taillées dans des matières fonctionnelles. Et la belle idée surgit avec un stock de 100 000 tennis de gymnastique blanches qu’il va teindre ! Il se lance alors dans un véritable travail de recherche et de développement afin de colorer la toile en coton sans déborder sur le caoutchouc qui renforce l’extrémité. Il teste et re-teste dans son atelier, jusqu’à obtenir la tennis idéale. Celle-ci devient très vite un accessoire de mode et s’affiche alors dans le ELLE ; en 1985, elle est en vedette aux pieds de Charlotte Gainsbourg, alors héroïne de « L’Effrontée », le film de Claude Miller.
Naissance d’une marque
Grâce à ces idées, l’entreprise connaît un bel essor et face à ce succès, Serge demande en 1983 à son jeune frère Yves de le rejoindre pour développer le Surplus Bensimon. Puis, en 1984, sur le même principe que la tennis est lancée Bensimon Collection la ligne de prêt-à-porter.
L’inspiration ? Le vestiaire militaire est customisé à coup de teinture, de délavage et de tie and dye. Cette démarche inédite met en avant, sans saisonnalité, des pièces intemporelles nées du vestiaire militaire et que l’on porte au quotidien. Suivra en 1986, l’ouverture de la première boutique Autour du Monde, à Paris, rue des Francs-Bourgeois. Accessible (à partir de 29 euros), facile à porter, déclinée pour toute la famille, la tennis poursuit son ascension est devient une icône de mode réinterprétée chaque saison dans de nouveaux coloris.
En 1995, outre l’extérieur, l’intérieur du modèle prend lui aussi des couleurs. Enfin, en 2004, pour les 25 ans de la marque, de grands noms de la mode, portés par un événement aux Galeries Lafayette Haussmann, rhabillent la tennis. Jean Paul Gaultier lui offre un motif marinière, APC la relooke chic et sage, Agnès b. la pare d’un imprimé Vichy, Cacharel la couvre de fleurs … Claudie Pierlot, Marcel Marongiu, E2, Corinne Cobson, Stella Cadente, Armand Ventilo ou Michel Klein… se prêtent au jeu des réinterprétations. Le succès est immédiat et ouvre la voie à des co-brandings et à des éditions limitées qui se poursuivent encore (Inès de la Fressange, Corso Como, DKNY…). Aujourd’hui, la tennis Bensimon est connue par de-là nos frontières et rayonne jusqu’en Asie (Chine, Corée, Japon).
Photos : ©Bensimon