Au Bénin, l'IFM soutient l'émergence de jeunes créateurs
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En collaboration avec l’Institut Français de la Mode (IFM), le programme Sèmè City, initié par le gouvernement béninois pour promouvoir l’innovation et les industries créatives locales, lance l’incubateur FLY. Pendant douze mois, des professionnels de la mode accompagneront et encadreront des créateurs émergents du Bénin et d’autres pays africains.
Plus de 700 candidatures reçues, en quelques semaines, pour une douzaine de places disponibles. Entre le 12 mars et le 19 avril, les créateurs émergents venus du Bénin et d’autres pays africains ont répondu à l’appel à candidatures lancé par le hub d'innovation, Sèmè City. Ces candidats, âgés entre 18 et 35 ans, veulent intégrer la première cohorte du programme Fashion Led By Youth (FLY), conçu et mis en œuvre en partenariat avec l’Institut Français de la Mode. Cet incubateur a pour ambition d’accompagner des talents émergents souhaitant évoluer dans le secteur de la mode. Ils peuvent être entrepreneurs, créatifs, stylistes, ou juste passionnés sans être professionnels. Une seule condition majeure : vouloir développer un projet dans le domaine de la mode au Bénin.
« Notre objectif principal est d'identifier et d’accompagner des talents naissants. Nous sommes à la recherche de personnes qui ont des idées innovantes. Nous voulons les accompagner dans le développement de leurs projets jusqu’à la phase de commercialisation », explique à FashionUnited, Claude Borna, directrice générale de Sèmè City. Après une carrière dans les domaines de la stratégie commerciale et du marketing, notamment chez Amazon et Sony Pictures, aux États-Unis et au Royaume-Uni, Claude Borna s’est lancée dans l’accompagnement de start-ups dans le secteur de la mode. Depuis 2017, elle occupe le poste de directrice générale de Sème City, un hub d'innovation en Afrique de l’Ouest qui comprend des établissements d'enseignement supérieur, des plateformes de recherche et des incubateurs. Le campus de Sème City est situé à Cotonou, la capitale économique du Bénin.
Entièrement financé par la Banque mondiale, dans le cadre du projet FP2E (projet de formation professionnelle et d'entrepreneuriat pour l'emploi), l’incubateur FLY formera de jeunes talents sur les principes fondamentaux de l’univers de la mode et de l’entrepreneuriat. Pendant ces douze mois, les candidats sélectionnés auront l’opportunité de développer leurs compétences entrepreneuriales afin d’être en mesure de concevoir et de lancer des produits et services liés à la mode et au textile (vêtements, bijoux, accessoires, distribution, marketing et lifestyle, entre autres). « En Afrique, il existe d’autres programmes d’accompagnement de talents dans le domaine de la mode, mais ils sélectionnent des projets plus matures. Je pense par exemple au programme Birimian qui accompagne des marques qui existent depuis quelques années et ont déjà développé leur business. Avec FLY, nous pouvons sélectionner des créatifs uniquement sur la base d'un projet intéressant qui nous semble plein de potentiel. Le plus important est de savoir l’impact que ce projet pourrait avoir sur le Bénin », détaille-t-elle. Parmi les candidats, on retrouve des profils variés. « Pour cette première cohorte, l’objectif est de rassembler des profils différents mais complémentaires. Nous ne cherchons pas forcément des designers ou des créateurs. Il peut s’agir d’une idée, d’un média, d’un business de distribution ou alors d’une nouvelle méthode de production, nous sommes assez ouverts sur ce plan. »
L’institut Français de la Mode soutient la création en Afrique
Après l’incubateur Birimian en Côte d’Ivoire, l’Institut Français de la Mode apporte à nouveau son soutien à un programme dédié aux jeunes talents de mode sur le continent africain. « L'IFM est sans doute le seul établissement en mesure de soutenir les ambitions d’un tel incubateur. Il dispose de l'expertise et du réseau de professionnels indispensables pour former et accompagner de jeunes talents », précise Claude Borna.
Tout au long du programme, les candidats sélectionnés seront accompagnés par des experts de l'industrie de la mode afin de perfectionner leurs concepts et développer leurs compétences entrepreneuriales. Au programme, deux sessions collectives de cinq jours en présentiel au campus de Sèmè City dispensées par des professeurs et experts de l'Institut Français de la Mode ; l’accès à une boîte à outils digitale avec des contenus méthodologiques autonomes ; des sessions de coaching collectif via des visioconférences avec les experts de l'IFM; un coaching individuel continu tout au long du programme.
À l’issue de ces douze mois d’accompagnement, les candidats bénéficieront de subventions pour concrétiser leurs projets. « En plus de l’accompagnement technique, il y a aussi un accompagnement financier pour aider ces jeunes entreprises qui seront créées. Les participants auront également accès à des prêts à faibles taux d’intérêts, allant de 50 000 à 850 000 dollars (entre 46 600 et 793 200 euros) », ajoute la directrice générale de Sème City.
La rentrée de la première cohorte de l’incubateur FLY aura lieu en juin 2024.
Le « soft power » béninois
Après Alphadi du Niger, Imane Ayissi du Cameroun et plus récemment Thebe Magugu de l’Afrique du Sud, le futur créateur vedette de la mode africaine viendra-t-il du Bénin ? Le pays se donne en tout cas les moyens d’atteindre cette ambition. Dans le top 3 des producteurs de coton en Afrique, aux côtés du Mali et du Burkina Faso, il mise sur le développement d’une industrie textile, mais pas que : « Le Bénin a une volonté très affichée d'accompagner les talents dans les industries créatives et culturelles, affirme Claude Borna. L’objectif est de promouvoir le patrimoine créatif, culturel, artistique du pays et aussi d’impacter l’économie nationale ».
Depuis 2016, cet État francophone d’Afrique de l’Ouest a développé plusieurs projets pour la promotion du tourisme local, de la culture et de l’art afin de briller à l’international. Une ambition qui a conduit le Bénin à exposer, pour la première fois de son histoire, à la Biennale de Venise. Depuis le 20 avril et jusqu’au 24 novembre 2024, le pays dispose de son propre pavillon sur lequel il présente des œuvres liées à son héritage culturel (spiritualité, Vodun, Amazone et autres).