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Aspect usé, visages cachés et vêtements découpés : voici les tendances homme pour la saison PE26

Par Susan Zijp

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Mode
Gucci, Onitsuka Tiger et Awge Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Lors de la saison estivale 2026, la mode masculine devrait s’articuler autour de silhouettes branchées, fonctionnelles avec une touche de fantaisie, selon Edwin van den Hoek, analyste de tendances pour la mode homme. Lors de sa dernière présentation, l’expert a donné un aperçu des tendances pour l’été 2026. Des pièces pratiques, telles que les mini-sacs, occupent une place prépondérante dans la garde-robe masculine. De plus, Van den Hoek prévoit un retour à l’anonymat, à travers la mode, chez les hommes dans une ère marquée par la reconnaissance faciale numérique et la surveillance de masse.

Dans cet article, FashionUnited met en lumière les articles tendances qui découlent des grands thèmes de l'été 2026 : Disrupted, Inventive, Memorable et Exceptional.

L'aspect usé : « Disrupted »

Le thème Disrupted correspond à ce style volontairement usé, abimé. Selon Van den Hoek, il fait directement écho aux troubles sociaux actuels, à la division et à l'agression qui règnent dans de nombreuses régions du monde. « Il y a beaucoup d'agitation, de division et d'agression dans le monde. On a l'impression qu'aucun match de football ne peut plus avoir lieu sans la police », explique Van den Hoek.

Ce sentiment de trouble se traduit dans la mode par des créations qui ont intentionnellement l'air « d’avoir déjà vécues » et qui semblent imparfaites. « Il s'agit de donner l’impression que ce qui est neuf a l'air le plus usé possible », souligne Van den Hoek. Pour y parvenir, des matières existantes, tels que des tissus recyclés ou des textiles de seconde main, peuvent être utilisées. Cela peut également passer par la création de nouveaux tissus à l’aspect vieilli, à travers des détails comme des effilochures intentionnellement visibles ou l'utilisation de produits chimiques pour simuler des tâches et des décolorations.

Ce thème englobe également des enjeux liés à la durabilité, avec la réutilisation de matières telles que les stocks dormants (tissus excédentaires ou stocks inutilisés) et les textiles de seconde main, qui acquièrent une valeur nouvelle au sein des collections modernes.

L'aspect usé est visible dans les collections de marques telles que Craig Green, Lueder, Awge, Peter Do, Ann Demeulemeester, Coperni et Woolrich. Elles proposent une réinterprétation créative de l'imperfection, dans laquelle un effet abîmé symbolise l'authenticité et constitue une réaction à un monde divisé.

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Lueder, Ann Demeulemeester et Lueder Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

À mi-chemin entre l'homme et le robot : « Inventive »

Alors que « Disrupted » se concentre sur les tissus et les techniques existants, « Inventive » explore les innovations. Van den Hoek présente un exemple frappant d'« Inventive », en s’appuyant sur le « Air Swipe Bag » de Coperni, dévoilé lors du défilé automne/hiver 2024 de la griffe parisienne pendant la Fashion Week de Paris. Ce sac, composé à 99 % d'air, a été fabriqué à partir d'aérogel de silice produit par la NASA. Il incarne donc un savant mélange entre technologie et mode.

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Coperni Air Bag Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Selon Van den Hoek, l'innovation va au-delà des tissus et de la technologie : elle touche au domaine du lifestyle. La deuxième partie du thème Inventive s'inscrit parfaitement dans la lignée du Gorpcore, une tendance inspirée par la vie en plein air, qui s’articule autour de vêtements de randonnée et d'équipement de survie. Pour innover, les marques doivent parler le même langage que l'homme moderne, qui attache de l'importance non seulement aux vêtements fonctionnels, mais aussi à l'esthétique.

Des marques telles qu'Arc'teryx, Salomon, Wales Bonner, Romeo Hunte, Feng Chen Wang, Fendi et Prada pensent leurs vêtements pour le consommateur d'aujourd'hui en introduisant des créations et des accessoires qui permettent de garder près de soi les objets essentiels, tels que les téléphones portables et les clés, toujours à portée de main. Il s'agit par exemple de pantalons multi-poches, de vestes en polaire, de jeans cargo ou encore de ceintures utilitaires.

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Prada, Mountaineering et Feng Chen Wang Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Un esprit ludique et enfantin : « Memorable »

La mode masculine pour l'été 2026 se veut également ludique. Van den Hoek introduit le thème « Memorable », qui évoque les souvenirs d'enfance. Dans les défilés printemps-été 2026, ce sont surtout les proportions exagérées qui attirent l'attention, avec des petits sacs, voire mini-sacs, qui occupent un rôle majeur. Des marques de mode comme Dior Men et Rimowa jouent avec le concept du sac miniature qui devient pour les hommes un accessoire de mode à part entière, plutôt qu’un objet purement fonctionnel. On retrouve également des mini-sacs similaires chez d'autres maisons de couture comme Balenciaga et Jil Sander.

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Gucci Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Cela inclut également des silhouettes volumineuses, comme les doudounes et les pantalons bouffants des marques Walter Van Beirendonck, Balenciaga et Avavav.

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Walter Van Beirendonck, Balenciaga et Avavav Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

S'habiller pour l'anonymat : « Memorable »

De nos jours, les caméras sont partout. Les gouvernements ont non seulement le droit d'installer des caméras de sécurité, mais les citoyens peuvent aussi le faire. C’est dans ce contexte bien particulier, propre à notre époque, que la tendance mode visant à s’habiller de manière anonyme est apparue. Elle se développe surtout dans de grandes villes comme Amsterdam, connues pour être des « smart cities » (villes intelligentes en français) où les données numériques sont constamment collectées et partagées.

Van den Hoek montre une vidéo du journaliste spécialisé dans les technologies Alexander Klöpping, qui a présenté de nouvelles lunettes à intelligence artificielle dans le quartier d'affaires de Zuidas, à Amsterdam. Ces lunettes combinent la reconnaissance faciale et la technologie intelligente, ce qui permet d'obtenir les données personnelles des passants, comme leur nom et leur employeur, en quelques secondes. Klöpping a partagé son expérience sur X (anciennement Twitter), où les réactions varient entre fascination et inquiétude quant aux dangers que la technologie peut représenter si elle tombe entre de mauvaises mains.

La tendance à « s'habiller pour l'anonymat » s’inscrit dans une mode plus large, comme on peut le voir dans les défilés de Balenciaga et d'Avavav, où les mannequins apparaissent sur le podium avec des vêtements qui leur couvrent entièrement le visage. Des articles tels que les masques faciaux et les foulards favorisent l'anonymat de l'individu et répondent aux préoccupations croissantes concernant la vie privée et la présence constante d’outils de surveillance dans la vie quotidienne.

Mais s'habiller pour l'anonymat n'est pas nouveau. Le créateur belge Martin Margiela, fondateur de la marque de mode éponyme, est cité dans le livre « De Macht van Mode » comme l'un des premiers créateurs à intégrer l'anonymat dans son travail depuis 1988. Margiela est également surnommé « l'homme invisible de la mode », car il refuse d'être photographié et ne donne pas d'interviews personnelles. L'un des éléments les plus caractéristiques de son style est le fait de couvrir le visage des mannequins sur le podium. Cette utilisation délibérée de l'anonymat permet de concentrer toute l'attention sur les vêtements. Maison Margiela a été l’une des griffes pionnières de la tendance à l'anonymat, avec des articles tels que le « masque georgette de soie ».

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Awge, Dior, Balenciaga Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Shorts et épaules dénudées : « Exceptional »

À l'opposé de la tendance « s'habiller pour l'anonymat » mentionnée précédemment, on retrouve le dernier thème : « Exceptional », qui consiste à être vu. Van den Hoek explique que les hommes optent de plus en plus pour un mode de vie sain. Selon le CBS (Bureau central des statistiques des Pays-Bas), le nombre de Néerlandais qui pratiquent du sport chaque semaine dans une salle de sport est passé de 2,1 millions en 2015 à près de 2,7 millions en 2019. D’après l’INJEP, ce sont 15,4 millions de licences annuelles qui ont été délivrées par les fédérations sportives agréées en France.

« Vous vous entraînez dur, donc vous voulez le montrer », déclare Van den Hoek. Les articles qui seront populaires pour la saison estivale 2026 comprennent des shorts et des hauts sans manches, comme les hauts à épaules dénudées. De nombreuses pièces cut-outs, c’est-à-dire avec des découpes, aperçues dans les défilés de grandes maisons comme Balenciaga, seront populaires, laissant apparaître la peau à des endroits inattendus. Cette tendance était très présente dans la mode féminine l'été dernier, avec des marques comme Max Zara Sterck, Ester Manas et Bottega Veneta. Elle sera de plus en plus adoptée chez l’homme, avec des marques comme Duran Lantink, Balenciaga, Mountaineering, Gucci, Heliot Emil, Onitsuka Tiger et MM6 Maison Margiela qui mettent en avant certaines parties du corps masculin.

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Heliot Emil, Merino et Heliot Emil Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Le thème « Exceptional » englobe non seulement le fait de se dénuder avec style, mais aussi l'art. En effet, ces expérimentations esthétiques explorent la frontière entre l'art et la mode. Cela se traduit par des créations audacieuses, comme des dessins sur des t-shirts et l'utilisation de nombreuses couleurs. La mode devient alors plus qu’un simple vêtement, s’apparentant davantage à un message visuel.

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Craig Green, Prada, Hermès Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

La valorisation de l’artisanat s'inscrit également dans le thème « Exceptional ». Des motifs floraux conçus à la main, comme on peut les voir chez Valentino, et l'utilisation de tissus métalliques et brillants, comme chez Peter Do et Ann Demeulemeester, participent à créer des silhouettes à l’allure artisanale. Les tissus en soie et les bijoux ajoutent une dimension raffinée, comme chez Diesel et Dsquared2. Des marques comme Peter Do et Ann Demeulemeester utilisent en outre des matières délicates, jouées en superposition. Les détails faits main ont également un rôle important. « Il s'agit d'une approche féminine des tissus », explique Van den Hoek.

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Valentino, Heliot Emil, Ann Demeulemeester Crédits : ©Launchmetrics/spotlight

Il est clair que la mode masculine pour l'été 2026 se veut hybride, intégrant à la fois des tendances pratiques et esthétiques. Alors que « Disrupted » mise sur l'aspect « usé », la tendance « Inventive » s'intéresse à un look plus soigné où l'homme et la technologie collaborent d’une certaine manière. Le thème « Memorable » joue sur l'approche ludique de la mode, avec des silhouettes oversize et volumineuses, tandis que la tendance à « s'habiller pour l'anonymat » gagne du terrain en réaction à une surveillance numérique accrue. Le dernier thème, « Exceptional », consiste à montrer son corps, aussi bien par le biais de découpes stylisées qu'à travers des créations qui explorent une approche plus féminine des tissus. En bref, l'été 2026 promet d'être une saison durant laquelle la mode masculine sera à la fois une expression singulière de la créativité et une réponse aux évolutions sociales et technologiques.

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.nl. Il a été traduit et édité en français par Aéris Fontaine.

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