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16ème édition de la Dakar Fashion Week

Par Sharon Camara

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Mode|INTERVIEW

Du 20 au 24 juin 2018, Dakar, la capitale du Sénégal accueille sa Fashion Week. Pour la 16ème année consécutive, l'événement rassemblera 35 créateurs venus du monde entier et aussi des investisseurs, des médias et des passionnés. Au fil des éditions, l’évènement a su asseoir sa notoriété et dépasser les frontières du continent africain. À l’origine du projet, Adama N’Diaye, créatrice de la marque Adama Paris. Passionnée de mode depuis son plus jeune âge, la créatrice de 40 ans oeuvre depuis une dizaine d’années pour imposer la mode africaine dans le monde entier.

Comment est née la Dakar Fashion Week ?

L’idée m’est venue lorsque j’ai lancé ma propre marque, il y a plus de 16 ans. Je vivais en France mais j’avais envie de présenter mes créations dans mon pays, le Sénégal. J’ai été surprise de voir que cela n’existait pas là-bas, il n’y avait pas de fashion week. J’ai sauté sur l’occasion, d’abord pour organiser un défilé. Ensuite je me suis rendu compte que ce serait plus marrant si étions plusieurs créateurs et donc je me suis dit que ce serait intéressant de faire comme les grandes villes, Paris,New York,etc. Pour la première édition, il nous a fallu un an et demi d’organisation. Personne ne comprenait ce que je voulais faire, c’était impossible de trouver des sponsors.

Que se passe-t-il durant ces cinq jours?

On découvre la mode made in Africa. C’est aussi une façon de mettre en lumière notre ville, notre pays. Ce n’est pas un grand pays nous ne sommes que 13 millions d’habitants et pour moi, il était important que la mode aille avec le lifestyle Dakarois. Nous sommes à côté de la mer, il y a beaucoup d’endroits sympa à découvrir, donc nous essayons de mettre en avant Dakar et ramener le reste de l’Afrique au Sénégal.

Comment se fait le choix des créateurs ?

Au début, il fallait aller chercher les créateurs qu’on voulait avoir parce que nous n’étions absolument pas connus. Nous n’avions pas réalisé à l’époque que nous étions des précurseurs puisque cela n’existait pas du tout. Aujourd’hui, il suffit de faire des appels à créateurs sur notre site internet. Il y a un formulaire à remplir et des photos à envoyer. La première sélection se fait par les photos, si les tenues nous semblent intéressantes, les créateurs nous envoient deux ou trois créations afin qu’on s’assure de la qualité. Avec le temps, nous avons ouvert notre marché à tout le monde, nous avons des créateurs qui viennent d’Europe, d’Asie, etc.

Les créateurs financent-ils leur participation?

Au début, tout était gratuit pour tout le monde. Depuis trois ans, les créateurs ont une participation de 500 euros à apporter. Le succès de l'événement a fait que beaucoup de marques veulent y participer, nous recevons pratiquement 800 demandes. Nous avons aussi réalisé que les créateurs sont beaucoup plus impliqués lorsqu’ils financent leur participation.

Personne ne peut nier l’existence de la créativité africaine. Je pense que notre salut viendra lorsque nous serons capables de gérer notre production et nos canaux de distribution.

Comment est-ce que vous financez l’évènement?

La Dakar Fashion Week fonctionne grâce aux sponsors et à nos partenaires privés. Malheureusement nous n’avons pas d’aides financières du gouvernement. Ce n’est pas rentable mais c’est un mal nécessaire. L’idée de base est de surtout offrir une plateforme d’exposition aux créateurs. Lorsque j’ai commencé, l’idée n’était pas de se faire de l’argent. Grâce au succès grandissant, nous n’en perdons plus mais le but principal est d’offrir une visibilité, attirer la presse, les acheteurs, etc..

Quel est votre parcours?

Je suis née en République démocratique du Congo, de parents sénégalais. Mon père était diplomate. À l’âge de trois ans, je suis venue en France et nous avons déménagé ainsi tous les deux-trois ans. Après le bac je me suis installée en France, mes parents ne voulaient pas que je fasse des études de mode, j’ai fait de l’économie. J’ai travaillé en banque pendant huit mois, le temps d’avoir un prêt et c’est ainsi que j’ai créé ma marque, Adama Paris. Quelques années après, j’ai lancé la Dakar Fashion Week. Au bout de quelques temps, je me suis entièrement consacrée à la mode et aux événements, notamment la Black Fashion Week qui a eu lieu à Paris, à Prague, à Montréal et maintenant nous visons les États-Unis. En parallèle, j’ai travaillé pour Canal Plus. J’ai fini par créer ma propre chaîne, Fashion Africa TV, qui est la première chaîne cent pour cent mode africaine.

Quelle est votre vision de la mode africaine?

Il y a beaucoup de belles choses mais nous souffrons beaucoup de l’approbation de l’Occident. Notre mode est approuvée par les tendances françaises ou américaines et je pense que cela vient du manque de représentation dans les magazines et ailleurs. C’est pour cela que j'exhorte les jeunes entrepreneurs à créer des magazines et créer des boutiques, etc. Personne ne peut nier l’existence de la créativité africaine. Je pense que notre salut viendra lorsque nous serons capables de gérer notre production et nos canaux de distribution. Maintenant il faut pouvoir allier business et créativité. Il faut que nos autorités réalisent que la mode peut apporter des millions à l’économie nationale !

Photo : Dakar Fashion Week
Dakar Fashion Week