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1083 : le jean français part en campagne

Par Celine Vautard

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En pleine croissance, la marque créée en 2013 a lancé un emprunt participatif afin de relocaliser en France la production de coton grâce au recyclage des vieux jeans. Installés à Romans-sur-Isère, 1083 et son charismatique fondateur Thomas Huriez sont même entrés en campagne et ont rejoint le groupe « Passionnément Romans » destiné à concourir aux élections municipales de mars 2020. Portrait d’un patron qui fait bouger les choses !

Aux salons Made in France, au Who’s Next, comme lors de la dédicace de son livre « Remade en France : 1 million d’emplois près de chez nous en produisant et en consommant local » sorti en novembre 2019, chacune de ses interventions attirent les foules. De fait, à l’image de Guillaume Gibault, qui a lancé le Slip Français en 2011, Thomas Huriez fait parti des chefs de file contribuant au renouveau du made in France (la marque a atteint 8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) et des acteurs d’un véritable mouvement de fond qui visent à récréer de l’emploi, des circuits courts et par là même des filières qui avaient disparu et ainsi limiter l’impact sur l'environnement.

Un emprunt citoyen réussi

Un combat quotidien à contre-courant des tendances de surconsommation et de désindustrialisation et un business model à part qui préfigure une nouvelle génération d’entreprises. Car chez 1083 on ne fait rien comme tout le monde et c’est ce qui fait la différence. La marque, qui a vu le jour en 2013 grâce à une campagne de financement participatif fait aujourd’hui travailler 150 personnes (dont 65 emplois direct) et a déjà fabriqué et vendu plus de 200.000 jeans. Et depuis la fin de l’année, place à un nouveau défi : associer directement les consommateurs en lançant un emprunt participatif avec pour objectif une collecte de 700.000 euros minimum via la plateforme d’investissement responsable LITA.co. Et les particuliers investisseurs ont déjà répondu présent car, au 13 janvier 2020, le montant des intentions d’investissement s’élève à 1,340 million d'euros pour 674 investisseurs particuliers dépassant le montant maximum fixé de 1,83 million. Pour autant, la date de clôture de la collecte est le 31 janvier 2020, mais le suspens n’y est plus. « La somme récoltée sera tout allouée au Besoin en Fond de Roulement ou BFR, c’est-à-dire à l’augmentation des stocks de jeans et de tissus pour faire face à une demande croissante et à notre nouveau projet », explique t-on chez 1083.

Du coton made in France

Et ce nouveau projet, qui bénéficiera de l’emprunt participatif, s’intitule Moncoton : un projet d’économie circulaire qui a nécessité 4 années de recherches et qui vise à relocaliser en France la production de coton grâce au recyclage des vieux jeans sur le site de Rupt-sur-Moselle dans les Vosges. « Le passage de la recherche à l’industrie nécessite de financer de nouveaux équipements adaptés à ce gisement de matière première hétérogène, et beaucoup plus économes en énergie, pour préserver à la fois les ressources en matières premières mais également en énergie », souligne la marque.

De fait, devenu un groupe, 1083 n’a de cesse de se diversifier pour être plus pérenne et robuste dans le temps. Avec la reprise de Valrupt dans les Vosges en septembre 2018 (rebaptisé Tissage de France), la marque dispose désormais de sa propre activité de tissage et de filature. Un service qu’elle propose également à d’autres marques. De même qu’elle compte un atelier à Romans-sur-Isère (où se trouve son siège), une première boutique à Paris et devrait investir en 2020 l’ex-site Jourdan en plein cœur de la ville pour en faire un lieu de vie ouvert regroupant un atelier de confection, une boutique, un lieu de restauration et proposer à d’autres marques made in France de les rejoindre.

Un porte-parole sur tous les fronts

Aujourd’hui, fort d’une entreprise qui a multiplié son chiffre d’affaires par 40 en 6 ans d’existence, Thomas Huriez multiplie les projets tout en restant dans le même schéma de valeurs. Ainsi, depuis 2017, il s’est associé avec Florian Chosson, créateur de la marque de montre Routine dont 86 pour cent des composants sont fabriqués dans l’Hexagone. En 2018, toujours à Romans, il a inauguré L’École du jean pour pallier le manque de main-d’œuvre spécialisée et a aussi rejoint le projet de Cité de la Chaussure où sont fabriquées les sneakers de la marque. Tandis que prochainement, une nouvelle marque de vêtement de sport avec la collaboration du tennisman Paul-Henri Mathieu sera dévoilée mettant elle aussi l'accent sur le made in France. « Le local, c’est l'avenir », martèle l’entrepreneur. Celui qui a quitté son poste de directeur informatique en 2007, parce qu’il s’ennuyait, pour ouvrir sa boutique de vêtements bio (Modetic), a vu ses projets dépasser ses espérances.

Prochaine étape pour Thomas Huriez, une candidature aux municipales de Romans ? De fait, depuis cet été, celui-ci a rejoint la liste « Passionnément Romans » qui se veut « apolitique pour transformer Romans en ville écologiquement, économiquement et socialement durable ». Qui sait si le dirigeant ne sera pas futur tête de liste aux élections municipales de mars 2020 ?

Photos : 1083

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