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Un court-métrage révèle la vérité derrière l'expression « Made in America »

Par Simone Preuss

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Culture

La fabrication locale de vêtements est-elle la meilleure option ? La réponse n'est pas aussi évidente que l’on pourrait le penser. Une étude menée en 2020, intitulée « Exploitation Made in Europe », a démontré qu’une conception européenne n’était pas nécessairement synonyme d’éthique. Il en est de même pour le « Made in America ». Dans un récent court-métrage du même titre, l'ONG nord-américaine Remake, offre aux téléspectateurs un aperçu de plusieurs usines de vêtements installées à Los Angeles. A travers des entretiens avec des fabricants de vêtements, des designers et un inspecteur des conditions de travail, le film donne à voir ce qu’il se passe réellement de l’autre côté de l’Atlantique.

« Quand nous pensons “Made in America”, nous pensons à l'héritage de notre savoir-faire. … [Mais] lorsque l’on pense aux vêtements, on y associe plutôt l’image d’une main-d'œuvre vulnérable et exploitable (...) [En réalité] toutes ces choses que nous croyons réservées à l'étranger peuvent se produire ici », déclare un inspecteur des conditions de travail de Los Angeles, riche de plus de 20 ans d'expérience et qui a choisi de rester anonyme pour protéger son emploi.

Los Angeles, capitale de la fabrication des vêtements aux États-Unis

A Los Angeles, 50 000 femmes, immigrantes pour la plupart, travaillent dans la conception de vêtements. La ville californienne est la capitale de la fabrication des vêtements aux États-Unis. Selon le film, le US Department of Labor a découvert que 85 pour cent des usines de confection enfreignent les règles. Les problèmes concernent un niveau de salaire très bas mais aussi des violences physiques.

Dans le film, l'inspecteur du travail évoque le fait que les travailleurs, principalement des femmes d'Amérique latine et du Mexique mais aussi certaines populations asiatiques, se laissent exploiter et maltraiter parce qu'elles ont besoin d'argent pour leur famille : l'éducation de leurs enfants, des médicaments pour leurs proches ou pour simplement pouvoir vivre dignement.

Yeni est l'une de ces femmes, une tailleuse d’origine indonésienne. Elle aime son travail et est fière du savoir-faire que cela implique. Cependant, elle a été exploitée lorsqu'elle est arrivée à Los Angeles, parlant peu anglais et ne sachant pas quels étaient ses droits - salaire minimum, éclairage adéquat sur le lieu de travail et conditions d'hygiène correctes. Elle était payée 125 dollars américains par semaine, moins que les autres travailleurs parce qu'elle ne parlait pas anglais.

« Made in America » n’est pas synonyme d’éthique, pas plus que « Made in USA » ou « Made in L.A. ». L’hypothèse selon laquelle ces termes équivalent à de bonnes conditions de travail est largement répandue et fausse. Il est difficile pour les gens de concevoir qu’en bas de leur rue des personnent travaillent dans des conditions misérables. « Nous devons vraiment mettre en évidence ce problème et nous devons le balayer », déclare Jaleh Factor of Sourcing Theory, propriétaire de l'usine de confection, qui emploie désormais Yeni.

Elle souligne le fait que beaucoup de gens - comme elle au début - ne se rendent pas compte que la confection de vêtements n'est pas un processus automatisé mais qu'il y a des gens derrière chaque débardeur, chaque paire de jeans. Ce sont des personnes talentueuses et travailleuses qui veulent un emploi dans lequel elles seront bien traitées. Jaleh Factor prévoit de déployer un programme d'appropriation du travail l'année prochaine, faisant de ses travailleurs ses partenaires.

Matt Boelk, co-fondateur du label Groceries Apparel, basé à Los Angeles, travaille dans le secteur depuis dix ans, il souligne le problème de la fast fashion. « Cela commence avec le client. Il vit dans un système où les gens ne gagnent pas des sommes mirobolantes mais sont programmés dans une société de consommation pour vouloir, vouloir, vouloir. Et cela est possible grâce à des enseignes comme H&M ou Zara qui proposent des pièces à moins de 20 dollars. »

« L'industrie subit des pressions extrêmes sur les prix en raison de l'afflux de produits à bas prix sur le marché. … Cela a un coût », ajoute Boelk. « Lorsque vous ne payez presque rien pour vos vêtements, vous devez vous arrêter et réfléchir » : est-ce que quelqu'un est maltraité ou exploité pour que mon prix soit si bas », conclut Jaleh Factor.

« Made in America » est disponible sur le site Web de Remake (remake.world/stories/made-in/made-in-america).

Cet article a initialement été écrit pour FashionUnited.com. Il a été traduit et édité en français par Julia Garel.

Crédit : images du film, fabrique de vêtements ; Yeni Sourcing Theory ; Groceries Apparel.

Made in America