Plongée dans l'exposition personnelle de Martin Margiela à Lafayette Anticipations
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Pour sa toute première exposition solo, le designer et artiste Martin Margiela présente plus de vingt installations, sculptures, peintures et films dans une exposition phare au sein de la fondation Lafayette Anticipations, à Paris.
Présentées pour la première fois au public, les œuvres de Margiela se laissent découvrir à travers une myriade d'espaces immersifs pensés pour souligner l'obsession du créateur pour la transformation. À l'instar de ses créations pour la mode, à travers sa maison éponyme Maison Margiela, ses œuvres d'art entendent repousser les limites de l'esthétique et de la réalité, avec des pièces inspirées de l'anatomie et des formes abstraites.
L'exposition marque le « retour » de Margiela sur le devant de la scène. Il a quitté la maison de mode éponyme en 2008 et se révèle à présent progressivement en tant qu’artiste. L'art a toutefois toujours occupé une place importante dans sa vie, et il a déjà organisé plusieurs expositions internationales parallèlement à son travail pour la marque Margiela. Depuis son départ du monde de la mode, le designer devenu artiste s'est entièrement consacré aux arts visuels, des œuvres aujourd’hui exposées entre les murs de Lafayette Anticipations.
« Il nous pousse constamment à remettre en question notre vision du monde... »
« Martin Margiela est un artiste. Depuis plus de vingt ans, il ne cesse d'offrir de nouveaux champs d'expérience », a expliqué la directrice de la galerie et commissaire de l'exposition, Rebecca Lamarche-Vadel, dans un communiqué.
« Il nous pousse constamment à remettre en question notre vision du monde. Le passage du temps, le hasard, le secret, sont des thèmes qui nourrissent son œuvre et renouvellent nos perspectives. À contre-courant des valeurs dominantes, Martin Margiela et son œuvre cultivent le mystère, l'obsession de la disparition, les êtres discrets, les objets négligés, les lieux et les événements inaperçus. Il les élève à une nouvelle dignité », note Rebecca.
Les installations incluses dans l'exposition cherchent à transformer le banal et le trivial en émerveillement et en surprise, illustrés par des sculptures comme un arrêt de bus en matière duveteuse ou des faux ongles à taille humaine appuyés délicatement contre un mur. Ce recentrage des perspectives vise à célébrer la beauté de la vulnérabilité et de la fragilité.
« C'est comme si Martin Margiela avait senti qu'il devait dissimuler l'art, la surface peinte, non pas comme un refus de partager ou de montrer quoi que ce soit, mais plutôt en se créant une position dans l'art », note Chris Dercon, président de la Réunion des Musées Nationaux. « Une position qui, étant donné sa place dans la discipline de la mode, semble d'abord inconfortable, mais qui se résout par un retour assez littéral aux conditions essentielles du médium artistique. »
Un catalogue complétant l'exposition est également disponible à la vente, supervisé par Margiela lui-même en collaboration avec la graphiste Irma Boom. Au fil des pages, les détails du processus de chaque installation sont dévoilés, y compris les images du making of, les recherches et l'inspiration. Des textes décrivent le raisonnement qui l'a poussé à consacrer sa vie à l'art à travers les mots des personnes impliquées dans l'exposition, ainsi qu'une interview de l'homme lui-même, couvrant sa vie depuis son enfance.
Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.com. Il a été traduit et édité en français par Julia Garel.