• Home
  • Actualite
  • Culture
  • Mundial 2022 : les couleurs de la discorde

Mundial 2022 : les couleurs de la discorde

Par Florence Julienne

loading...

Scroll down to read more
Culture
Pixabay

En pleine Coupe du Monde de Football organisée au Qatar, il n’est pas conseillé d’associer, sur un drapeau un vêtement ou un brassard, les couleurs rouge, orange, jaune, vert, bleu et violet. Mais pourquoi donc ?

Parce que le Qatar, pays organisateur du Mundial 2022, a formellement interdit l’affichage ostentatoire de cette association de couleurs qui évoque le drapeau LGBT. La raison est simple : dans ce pays, l’homosexualité est illégale, voire punie de peine de mort. Bien que les supporters internationaux se plient à ce dress code imposé par les autorités, certains sont néanmoins confrontés à des scènes ubuesques.

Drapeau de l'État du Pernambouc

Arborer les couleurs de l’arc-en-ciel n’est pas permis au Qatar

Le journaliste brésilien Victor Pereira qui portait le drapeau de l’État du Pernambouc, qui représente un arc-en-ciel, s’est vu refuser l’accès au match Argentine/Arabie saoudite au motif que ce phénomène optique évoquait la cause LGBT. « Ils ont jeté le drapeau par terre, ont marché dessus, c’est là que certaines personnes sont intervenues pour calmer la situation », affirme Victor Pereira sur Twitter. Les vigiles lui ont ensuite confisqué son téléphone et demandé d’effacer la vidéo de la scène (qui a quand même pu être conservée vu que cette séquence circule sur les réseaux sociaux).

Autre exemple, des supporters marocains se sont vus confisquer leur drapeau amazigh (bleu, vert, jaune, rouge), symbole de la cause berbère, et casser leur téléphone avant de, finalement, pouvoir assister au match Maroc/Croatie.

Enfin, le journaliste américain Grant Wahl a été bloqué par des agents de la sécurité qui lui ont demandé de changer de tee-shirt pour assister au match USA/Pays de Galles. Ce dernier était orné d’un motif avec un ballon de football entouré d’un cercle arc-en-ciel.

Brassard One Love en vente sur Etsy

Mundial 2022 : jouer au football oui, porter un brassard One Love, non

« Si un supporter brandit un drapeau LGBT dans un stade et qu’on le lui enlève, ce ne sera pas parce qu’on veut l’offenser, mais pour le protéger. Si on ne le fait pas, un autre spectateur pourrait l’agresser, se justifie Abdullah Al Ansari, responsable qatari de la sécurité, sur Twitter. Si vous voulez exprimer vos opinions sur la cause LGBT, faites-le dans une société où l’homosexualité est acceptée. Ne venez pas insulter une société entière. Nous ne changerons pas de religion pour 28 jours ».

Côté joueurs, la Fédération Internationale de Football (la Fifa) a interdit aux capitaines de porter le brassard blanc One Love, imprimé d’un drapeau arc-en-ciel en forme de cœur. Par courrier, le président Gianni Infantino a demandé aux 32 participants au Mundial de « se concentrer sur le football, sans se laisser entraîner dans une bataille idéologique ou politique », les menaçant de sanctions sportives s’ils refusaient d’obéir. La Fifa a néanmoins laissé les supporters libres de leurs choix mais, dans les faits, ces derniers témoignent, sur les réseaux sociaux, devoir les ranger dans leurs poches pour accéder aux stades.

Malgré tout (ou grâce à cela), le site Reuters révèle que le fabricant hollandais de ces brassards, basé à Utrecht (Pays-Bas), est en rupture de stock, après une semaine de compétition et en avoir expédié 10 000. « La demande vient du monde entier, leur confie le joueur néerlandais Freek Heerkens. Des consommateurs veulent avoir ce brassard et ce jusqu'au Parlement européen qui vient de commander 500 pièces ». Toujours selon Reuters, un nouveau lot de 10 000 exemplaires sera bientôt commercialisé 4,99 euros, juste au-dessus du coût de fabrication, sur la boutique en ligne de la Fédération Royale Néerlandaise de Football (KNVB) et sur le site Voetbalshop.

La coupe du monde de football 2022 ne faisant que commencer, il y a fort à parier que l’histoire des couleurs de la discorde n’a pas fini de faire couler l’encre. Tant que ce n’est que de l’encre…

LGBT