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Fake or not Fake, le livre qui va vous faire aimer la mode

Par Florence Julienne

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Culture
Courtesy of Editions Tana

Après nous avoir largement ouvert les yeux sur la réalité de l’industrie de la mode, l’auteur de ce livre, Catherine Dauriac, nous donne les clefs de base pour entrer dans l’ère d’une  « mode soutenable pour une planète durable ».

Fake or not Fake dresse le bilan de l’industrie de la mode avec un parti pris : dézinguer. Et surtout dézinguer la fast fashion et tous ceux qui encouragent sa consommation effrénée. « Nous avons produit assez de vêtements pour habiller la planète jusqu’en 2100, alors que nous ne portons en moyenne qu’un tiers de notre vestiaire et que nous jetons l’équivalent d’une benne de textiles toutes les secondes dans le monde ». Fake or not Fake, publié aux Éditions Tana, est écrit par Catherine Dauriac, en collaboration avec Isabelle Brokman.

Journaliste militante car engagée depuis 2007 (au moins), Catherine Dauriac est aujourd’hui présidente et coordinatrice de Fashion Revolution France, une organisation internationale qui mobilise le pouvoir citoyen pour une industrie textile plus respectueuse de la planète et de ses habitants.

En faisant le point sur les matières, Catherine Dauriac crie haro sur le coton, fustigeant son besoin d’eau, de pesticides, d’engrais et son impact environnemental : « teinture, lavage et assouplissement requièrent l’utilisation de cadmium, chrome, mercure, cuivre et plomb, des métaux lourds aussi toxiques que longs à disparaître de l’environnement […] Des produits dangereux, interdits en Europe, mais la réglementation européenne ne s’applique pas dans la plupart des pays producteurs ». L’auteur s’attaque à la laine (entre autres à cause de la maltraitance animale), et bien sûr explose les textiles fabriqués à base de pétrole (63 pour cent de la production mondiale, selon l’auteur).

« La mode, c’est avant tout l’obsolescence programmée du textile qui pousse à acheter de nouvelles fringues en permanence »

L’auteur a dans le viseur la fabrication de « fringues », comme elle dit, avec une cible privilégiée : la Chine, principal producteur de fibres textiles et de produits finis. Elle signale la faiblesse du contrat social, « la plupart des marques cachent encore les lieux où les tissus et les fils sont produits. Un angle mort pour les droits humains », revenant sur la catastrophe du Rana Plaza « 138 personnes tuées, plus de 2 500, blessées, la plupart des victimes étaient des jeunes femmes. Elles fabriquaient des vêtements pour vingt-neuf des plus grandes marques de mode au monde ». Elle mentionne la bassesse des salaires mensuels des pays fabricants (« 291 euros en Chine, 23 euros en Éthiopie, pour 12 heures de travail par jour »). Elle épargne à peine le secteur du luxe, le sortant de l’ombre en termes d’accélération des rotations des collections, transparence des matières, utilisation de peaux exotiques et appropriations culturelles.

Enfin, dans le chapitre intitulé « les rois du shopping », l’auteur épingle les marques qui polluent le plus (Zara, Shein), les collabos (le black Friday, les influenceuses sur les réseaux sociaux) et bien sûr la fièvre acheteuse sans laquelle tout cela n’existerait pas.

« Tout ça pour… » jeter, renvoyer des vêtements commandés sur le Net, revendre en seconde main sur « des sites de revente qui fonctionnent comme des boosters de la fast fashion, en nous poussant à démultiplier nos achats en toute bonne conscience  ». Fake or not Fake se termine sur un test de douze questions à l’adresse du lecteur pour évaluer sa propre consommation mode puis donne des conseils pour évoluer vers des achats en conscience. Exemples : privilégier le lin ou le chanvre qui sont des fibres naturelles fabriquées en France et peu énergivores, télécharger l’application Clear Fashion qui permet de connaître l’impact environnemental de 450 marques (à l’heure où le livre a été rédigé), privilégier l’upcycling ou le Made in France, connaître la signification des labels, bien entretenir ses vêtements…

Ouf ! On respire, fashion is not dead ! À condition d’être bien éduqué (et c’est vrai dans tous les domaines). C’est le propos de ces 94 pages (13,90 euros), joliment illustrées, qui nous réveillent sans nous atomiser et sont agréables à lire grâce à un graphisme ludique qui surligne ou encadre les infos… immanquable(s).

Catherine Dauriac
Fashion revolution
Livre
Mode durable