Asvoff : un documentaire sur la styliste Mary Quant raconte l’émancipation féminine
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Asvoff, le festival du fashion film proposé par Diane Pernet, a inauguré son programme 2024 avec « Quant », un documentaire inédit en France, sur la styliste britannique Mary Quant, l’une des créatrices de mode les plus iconiques de sa génération : les années soixante.
En offrant aux femmes la possibilité de montrer leurs jambes, Mary Quant a incarné, d’un point de vue vestimentaire, la libération féminine. Le documentaire, réalisé par Sadie Frost et produit par Goldfinch, est truffé d’images d’archives et de témoignages de gens qui l’ont connue et fréquentée.
Marie Quant, née en 1930, est déjà une jeune fille affranchie lorsqu’elle rencontre son futur mari, Alexander Plunket Greene, dans l’école d’art où elle étudie. À eux deux, ils forment une dream team qui propulse son style au-delà du Swinging London, le Londres des années soixante.
Le but ? Sortir l’esthétique féminine du carcan des années cinquante, incarnées par le New Look de Dior ou Gabrielle Chanel – qui la détestait, on comprend pourquoi, elle qui couvrait les genoux des femmes les trouvant « horribles ».
« Être sexy, se sentir bien », telles étaient les valeurs de la brune à la coiffure iconique (on pense à Mireille Mathieu pour la référence française). Elle appliquait sa joie de vivre et son avant-gardisme à travers les minijupes, un goût pour les couleurs ou les motifs fleuris. Le documentaire décrit la réussite commerciale de cette marque qui correspond à l’explosion du prêt-à-porter et des licences de maquillage.
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À l’époque, il n’était pas question de délocalisation de la production pour abaisser les coûts. Tout était fait en Angleterre et pourtant, la mode proposée par Mary Quant était à portée de bourse, « au point, confie le producteur Ben Charles Edwards à FashionUnited, à la sortie de la projection d’Asvoff, que ma mère, qui était secrétaire, pouvait s’offrir du Mary Quant ».
À ce stade, la question de savoir ce qui a changé du point de vue de la politique tarifaire entre ces années-là et aujourd’hui, où le made in plombe les prix, se pose.
« Le documentaire » pointe du doigt le fait que personne ne saura jamais si Mary Quant a inventé la minijupe (André Courrèges pourrait s’en prévaloir). Mais le fait est qu’elle l’a incarnée mieux que personne, au point que lorsque la mode a évolué, il lui a fallu tenir.
Ce, jusqu’au décès de son mari, en 1990. Dès lors, la créatrice n’a plus retrouvé le feu pour créer, son fils, Orlando Plunket Greene, n’ayant pas souhaité poursuivre l’aventure. Il est étrange qu’à l’heure où l’on réveille les belles maisons endormies, personne n’ait souhaité racheter la marque.
Mary Quant est décédée le 13 avril 2023. Elle aura eu le temps de visionner le documentaire qui raconte son histoire, lors de sa projection en Angleterre, à l’occasion d’une exposition rétrospective organisée en 2019, au Victoria and Albert Museum. Au jour de cette publication, la distribution française en salles de « Quant » n’est pas actée, mais le documentaire est visible sur la plateforme Arte.