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Paul Charon, cofondateur d'Omaj : « la question de la fast fashion s’invite dans le débat public et c’est un signe positif »

Par Sharon Camara

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Marine Daul Mernier et Paul Charon, les cofondateurs d'Omaj. Credits: courtesy of Omaj

C’est l’un des sujets majeurs qui fait débat au sein de l'industrie de la mode depuis quelques mois. Le projet de loi visant à taxer les acteurs de la mode rapide a été voté à l’Assemblée nationale. Une décision que beaucoup qualifie d’historique, car elle pourrait apporter des changements majeurs dans le secteur. FashionUnited a échangé avec Paul Charon, cofondateur du site de seconde main Omaj, afin d’avoir son opinion sur cette actualité qui fait grand bruit dans le secteur.

Ralentir la montée en puissance de la fast fashion tout en apportant des solutions concrètes pour soulager les entreprises françaises de mode. Le 14 mars dernier, l’Assemblée nationale adoptait la proposition de loi visant à réduire l’impact de la fast fashion. Un projet qui a fait l’unanimité auprès des députés et aussi auprès de l’opinion publique. Organisations de l’habillement et du textile, marques de mode locales et entreprises qui défendent un modèle plus responsable, tous ont salué l’initiative.

Cofondateur du site Omaj, dont l’ambition est de « faire de la seconde main la première manière de consommer la mode », Paul Charon salue, lui aussi, l’initiative : « Chez Omaj, nous trouvons qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, forcément. C’est la première fois que cette question s’invite dans le débat public, ce qui est un premier signe positif ». Il reconnaît toutefois que la bataille est loin d’être gagnée puisque la prochaine étape au Sénat pourrait conduire à de nombreuses modifications du texte initial : « Nous avons déjà vu des projets de loi, très ambitieux sur le papier, être totalement modifiés pour devenir moins impactants au moment de la phase d’application », reconnaît-il.

Si Paul Charon félicite cette initiative, c’est parce que, lui aussi, œuvre au quotidien pour la promotion d’une mode plus responsable. Avec son associée et ancienne camarade de l'école Centrale, Marine Daul Mernier, ils lancent Omaj en 2021. L’objectif est de simplifier les mécanismes de vente et d’achat dans la seconde main afin d’inciter le plus grand nombre à adhérer à ce modèle. « Notre déclic remonte à assez longtemps. Nous avons eu, individuellement, un éveil sur les problématiques écologiques et environnementales, qui nous a amené à d’abord changer beaucoup d’habitudes dans notre vie personnelle. Lorsque nous avons commencé à acheter en seconde main, nous avons été confrontés à plusieurs problèmes : il faut prendre de jolies photos, publier les articles, fixer des prix qui sont ensuite négociés, après il faut faire puis expédier les colis. C’est une démarche qui peut être longue et fastidieuse. Avec Omaj, nous apportons donc une solution concrète puisque nous prenons en charge tout ce parcours », détaille le co-fondateur.

Dès le début, Omaj se positionne contre la fast fashion, en bannissant 48 marques de sa plateforme. Trois ans plus tard, ce sont plus de 100 marques qui ne sont pas autorisées sur le site : « Cette décision résulte de deux constats. Premièrement, il y a évidemment le critère moral et éthique, car nous ne voulons pas soutenir des marques qui ont des pratiques environnementales et sociales que nous n’approuvons pas. La seconde raison, qui est probablement la plus importante, c’est la raison économique. Les marques qui sont exclues proposent des vêtements neufs à des prix tellement bas que cela ne serait pas rentable pour nous de les revendre en seconde main ». Ainsi, les pièces dont le prix de vente à neuf est en dessous de 30 euros sont bannies du site.

Cette année, notre objectif principal est de gagner en notoriété.

Paul Charon, cofondateur de Omaj

Deux millions pour accélérer le développement

Trois ans après son lancement, Omaj poursuit son évolution. En 2023, l’entreprise a réussi une levée de fonds de deux millions afin d’accélérer son développement. « Cette année, notre objectif principal est de gagner en notoriété. Nous avons un concept qui fonctionne bien ; nous avons recruté des vendeuses (l’équipe est actuellement composée de 25 personnes, ndlr); nous avons un stock de plus de 50 000 vêtements, disponibles en ligne ; nos clientes se disent satisfaites et sont fidèles. À ce stade, nous estimons que le plus dur a été fait et maintenant, nous devons travailler sur notre visibilité et renforcer notre notoriété. Cette année, notre objectif principal est de gagner en notoriété. Nous voulons aussi améliorer la partie opérationnelle et logistique en misant sur des outils technologiques de pointe », explique Paul Charon.

Afin de faire connaître son modèle et ainsi gagner en notoriété, Omaj a lancé, en ce début d’année, une campagne de communication sur les réseaux sociaux. « Parce que la seconde main souffre de préjugés qui lui collent à la peau » ; « Parce qu’être de seconde main ne devrait pas être un défaut », sans oublier le hashtag « #fieresdetredesecondemain ». Des slogans dont l'objectif est de « lutter contre les préjugés liés à la seconde main ».

la nouvelle campagne de communication d'Omaj/ Credits: courtesy of Omaj

Omaj poursuit ainsi ses ambitions, œuvre à sa façon pour promouvoir une mode plus responsable et espère atteindre un modèle rentable d’ici 2025-2026.

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