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Canex : deux milliards de dollars vont être investis dans les industries créatives africaines

Par Florence Julienne

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Canex wknd, Alger, octobre 2024 Credits: F. Julienne

À l’occasion du Canex wknd 2024, Docteur Benedict Oramah, président de l’African Export-Import Bank (Afreximbank), qui rassemble 52 pays sur le continent africain, a annoncé une augmentation de son budget, soit deux milliards de dollars américains, en faveur des industries créatives africaines (mode, musique, design, film, sport, art digital, etc.).

Alors que l’Europe, à commencer par la France, cherche à rebooster son industrie mode (relocalisation de la production, préservation des savoir-faire), ce qui réunit les différents pays africains peut agir comme un miroir et servir de business model.

L’événement Canex wknd est un salon d’expositions, doublé de conférences et de spectacles artistiques. Cette année, il a lieu à Alger, a débuté mercredi 16 octobre et se tient jusqu’au samedi 19 octobre 2024. Pour la soirée d’inauguration, le président de l’African Export-Import Bank (Afreximbank) a indiqué que l’investissement qui était passé de 500 millions annuels à un milliard, suite au Canex wknd du Caire (2023), est doublé et sera de deux milliards de dollars américains pour 2024/2025.

« Il n’y a pas de ratio pour chaque secteur d’activité. Il y a des besoins exprimés et la banque réagit en fonction », explique Khanyi Mashimbye, manager creative African Export Import Bank.

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Boris Provost (Tranoï), Canexwknd 2024 Credits: F. Julienne

Dans un premier temps, l’ambition principale a été d’offrir une visibilité et une dimension commerciale aux jeunes marques africaines. Cela s’est traduit par la participation au salon français Tranoï, choisi comme partenaire principal pour appréhender le marché international lors de la semaine de la mode parisienne, mais aussi à Tokyo, à l’occasion de Tranoï Tokyo.

Les résultats ont été concluants et même, parfois, au-delà des espérances. Ainsi une marque comme Vanhu Wamwe (Zimbabwe) est-elle passée de zéro revendeur à 48 multimarques et grands magasins.

Pour l’heure, c’est à Alger que 18 créateurs africains sont réunis dans l'espace Canex. Quatorze sont inédits, dix devaient participer à la fashion week Porto et ont été reportés sur Canex wknd Alger. La plupart voient leur déplacement/hébergement/frais de stands et défilés entièrement pris en charge. D’autres ont investi pour être présents (c’est le cas d’Anissa Aïda, une marque tunisienne).

Stand Anissa Aida, Canex wknd 2024 Credits: F. Julienne

Exemple de cette exposition inédite, le créateur Ola Reay. Originaire du Nigeria, sa marque existe depuis cinq ans. Il fait fabriquer sa collection localement, par des artisans qui préservent des techniques traditionnelles tout en les aménageant pour entrer dans le champ d’une mode contemporaine. « Les client(e)s sont prêt(e)s pour consommer africain » indique-t-il au FashionUnited. Actuellement, il vend en ligne en btoc, dans deux boutiques au Nigeria et sur un eshop multimarques africain.

Ola Reay Canex wknd 2024 Credits: F. Julienne

« Nous avons commencé par mettre l’accent sur la visibilité des marques (support mentoring, accès au marché international, etc;) car il fallait des retours sur investissement pour prouver que la dynamique est viable, indique Lulu Shabell, fondatrice et pdg de Lulubell. Désormais, Canex, à travers la banque, va se concentrer sur l’amont pour regrouper les besoins (production, marketing, etc.) pour minimiser les frais et leur faire rencontrer des angel investors pour qu'ils se développent encore plus. »

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Au programme de Canex wknd, on retrouve bien sûr des Algériens, pour lesquels il faut préciser que les artisans, tous secteurs confondus, sont financièrement aidés par une imposition forfaitaire, un principe qui pourrait inspirer la France pour aller au bout de son processus de défense des savoir-faire : le franco-algérien Redha Skander, créateur de bijoux, et Amor Guellil, qui réadapte les vêtements traditionnels.

On retrouve aussi des marques françaises qui s’appuient sur le dispositif africain plutôt que français. C’est le cas de Kassim Lassissi, un Béninois basé dans le seizième arrondissement parisien. Il n’a jamais songé à bénéficier des structures de financement offertes par la France via le Défi (par exemple), mais a, sur le conseil d’un ami, envoyé son dossier (présentation des collections, bio et lookbook) à Canex. Sa collection est fabriquée entre le Sénégal, le Bénin et la Tunisie, qui réalise ses imprimés (inspirés du Yoruba, sa culture originelle) sur des tissus viscose et viscose/soie.

Kassim Lassissi, Canex wknd 2024 Credits: F. Julienne

Enfin, ultime preuve que le système de promotion est bien huilé, Khanyi Mashimbye a annoncé la tenue d’un pop-up store de marques africaines aux Galeries Lafayette. Nous ne manquerons pas de vous en dire plus à ce sujet.

Florence Julienne a voyagé en Algérie, au Canex wknd, invitée par Tranoï (GL events).

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