Comment le groupe Impetus parvient-il à lutter contre l'inflation ?
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La marque portugaise Impetus, spécialisée dans la lingerie, célèbre son 50ème anniversaire. Lancée dans l’objectif de produire des sous-vêtements destinés à l’exportation, elle élargit finalement son offre à partir des années 2000, intégrant à son catalogue des produits aux technologies « révolutionnaires. » Manuel Torres, directeur des ventes et du développement commercial chez Impetus, revient sur la manière dont la multinationale est parvenue à contourner les crises socio-économiques et à consolider sa relation avec sa clientèle.
INFOS
Impetus a été fondé par le couple Alberto et Emília Figueiredo en 1973. Alors connue sous le nom Figueiredo & Mariz Lda, l’entreprise souhaitait produire des sous-vêtements à destination de l’exportation.
En 1984, Impetus devient une marque à part entière.
Au cours de l’exercice 2022, le groupe Impetus a enregistré un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros, en hausse de 25% par rapport à l’année précédente.
Avoir toujours un coup d’avance
« Nous sommes parés pour répondre à toutes les crises », déclare Manuel Torres. Lors de la pandémie du Covid 19, Impetus a été l’une des premières entreprises en Europe à développer des masques, en lançant des modèles qui pouvaient être lavés et réutilisés jusqu’à 450 fois. Plus récemment, le groupe a fourni des sous-vêtements et pyjamas à l’Ukraine pour venir en aide au pays et a également cessé dans le même temps ses contrats avec la Russie.
Interrogé sur l’impact de la hausse des prix sur la production d’Impetus, Manuel Torres indique qu’elle a toujours existé. « La pression sur les prix était déjà présente après le covid. Le coût du fil a presque doublé à cette période en raison des coûts logistiques. » Face à l’inflation, l’entreprise peut compter sur ses fidèles partenaires. Le directeur des ventes explique qu’une autre façon de pallier ces effets est d’acheter des tissus en plus grande quantité, notamment par le biais de lots qui reviennent moins chers.
« Nos clients ne sont pas à la recherche de produits bon marché mais d’articles fonctionnels. C’est pourquoi nous ne sommes pas en concurrence avec des marques comme Shein car nous n’opérons pas sur le même marché. »
Il confie toutefois que la société n’est pas obnubilée par les prix. « Certes la hausse des prix est un facteur à prendre en compte, mais nous préférons nous concentrer sur la création de pièces confortables, fonctionnelles et qui ont de la valeur. Ce sont les choses qui nous tiennent le plus à cœur. » D’après lui, les clients Impetus acceptent de payer des produits plus chers en raison de leur caractère innovant et durable. « Nos clients ne sont pas à la recherche de produits bon marché mais d’articles fonctionnels. C’est pourquoi nous ne sommes pas en concurrence avec des marques comme Shein car nous n’opérons pas sur le même marché », explique Manuel Torres. « Les entreprises de fast-fashion donnent l’impression que la fabrication d’un vêtement est facile et bon marché, ce qui n'est pas vrai. »
Depuis sa création et plus particulièrement au cours des deux dernières décennies, le groupe Impetus a introduit un certain nombre de produits innovants dont sa gamme Innovation. Cette dernière s’articule autour de hauts thermorégulateurs qui s’adaptent à la météo, permettant ainsi de garder au chaud ou au froid les consommateurs. Pour Manuel Torres, ces produits « deux en un » sont durables car les clients n’ont désormais plus besoin d’acheter plusieurs articles.
Impetus a également imaginé une ligne de culottes menstruelles réutilisables, nommée « EcoCycle ». Manuel Torres explique que les protections jetables telles que les serviettes hygiéniques et les tampons reviennent non seulement très chères aux femmes mais participent aussi à détruire les forêts. Avec sa gamme « EcoCycle », la société propose aux consommatrices des produits aux nombreux bénéfices. Les culottes menstruelles Impetus sont réalisées à partir de fibres naturelles et utilisent de nouvelles technologies développées par l’Université de Porto afin d’absorber les flux et d’éviter les pertes. « Nos culottes qui sont en moyenne vendues une trentaine d’euros, peuvent être réutilisées une centaine de fois d’après nos nombreux tests. À terme, elles coûtent donc moins chères que les protections classiques comme les serviettes et tampons », déclare Manuel Torres.
Mettre l’accent sur l’humain
Si le groupe Impetus investit massivement dans de nouvelles machines, plus performantes les unes que les autres, ses employés restent le ciment de sa production. « Il est vrai que nous avons recours à l’intelligence artificielle, des robots et des machines. Nous sommes heureux de pouvoir les utiliser tant qu’ils nous aident à grandir et à créer de la valeur. Cependant, à la fin de la journée, les humains (qui contribuent au fonctionnement de l’entreprise) restent les plus importants à nos yeux », confie le directeur des ventes d’Impetus. « Nous essayons de trouver le parfait équilibre. Un robot ne peut pas évaluer la qualité d’un produit, savoir s’il s’adaptera bien aux corps. Les machines ne servent qu’à améliorer la productivité mais elles ne seront jamais au cœur de la production. C’est peut-être la manière de fonctionner d’autres entreprises qui cherchent à réduire le coût des salaires : ce n’est pas la nôtre. »
Impetus cherche à construire une relation solide et durable avec ses employés qui, pour la grande majorité, travaillent pour l’entreprise depuis de nombreuses années. Pour ce faire, elle a notamment mis en place des bourses d’études pour les enfants de ses salariés, dont le fils de Manuel Torres a lui-même pu bénéficier.
À terme, la société souhaite s’adresser aux groupes de consommateurs délaissés par l’industrie de la mode. Manuel Torres révèle que les experts d’Impetus travaillent sur de nombreux projets, en étroite collaboration avec les étudiants de l’université de Porto. Parmi eux, il mentionne des vêtements adaptés à la grossesse, des pyjamas pour améliorer la qualité du sommeil mais aussi des pièces pour perdre du poids.
« Pour les personnes condamnées à rester dans un fauteuil roulant ou dans un lit, nous aimerions créer des vêtements qui ne frottent pas le corps et ne provoquent pas d’inconfort. Nous rêvons de pouvoir commercialiser des pièces pour prévenir du cancer du sein, mais nous ne savons pas si nous serons en mesure d’y parvenir un jour. » Seon le directeur des ventes, de nombreuses marques sont frileuses à l’idée de produire ce type de produits car elles ont peur de ne pas générer de profits. « De notre côté, nous pensons que s’il existe une demande et des personnes à la recherche de ce type d’offre, cela ne peut que générer du profit. »
Transformer le client en ambassadeur
Interrogé sur les futurs projets retail de la marque Impetus en France, Manuel Torres explique qu’elle possède déjà une forte présence sur le territoire français qui représente son premier marché. L’entreprise concentre désormais ses efforts sur la transformation de ses consommateurs en ambassadeurs de la marque. Pour y parvenir, elle a invité un groupe de clients français à venir découvrir ses usines à Porto afin de comprendre le processus de création de leurs vêtements. « C’est une façon d’échanger librement avec le consommateur, de connaître les points sur lesquels nous pouvons progresser », explique-t-il.
Selon ses estimations, le groupe Impetus devrait enregistrer une croissance d’environ 15 % entre 2022 et 2023, en légère baisse à cause de l’inflation.
D’ici la fin de l’année 2023, Impetus continuera d’investir dans de nouveaux produits. Le groupe souhaite par ailleurs augmenter la capacité d’absorption des fuites urinaires de sa gamme « ProtechDryr ». Manuel Torres souligne qu’Impetus continuera de miser sur la technologie Colorfix qui représente « le futur en matière de teinture ».
FashionUnited a été invité a voyagé à Porto par le groupe Impetus.