Nathalie Lebas-Vautier, fondatrice de Good Fabric : La fabrique de résilience
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Nathalie Lebas-Vautier : La fabrique de résilience
Ce qui ne me tue pas me rend plus fort… Aujourd’hui, Nathalie Lebas-Vautier, la fondatrice de Good Fabric, peut faire sienne cette phrase de Nietszche.
Mais comme tout entrepreneur, elle aurait certainement préféré ne jamais vivre la disparition de son premier « bébé », la société Ekyog. Et pourquoi pas finalement ? Et si un échec, une bonne claque, une chute – appelez cela comme vous voulez – n’était pas un moteur puissant pour aller toujours plus loin ?
Remontons un peu le temps. Nathalie Lebas-Vautier débute sa carrière en travaillant pour de grandes marques de prêt-à-porter. Elle est vite reconnue professionnellement mais une question la taraude : Pourquoi ne changeons-nous pas nos habitudes de production alors que l’industrie textile est parmi les plus polluantes au monde ?
C'est pour tenter d'y répondre qu'en 2004, elle crée avec son époux Ekyog, l’une des premières marques de mode responsable dans l’Hexagone. Les débuts sont compliqués, il faut remplir une page blanche et à l’époque, l’écologie a encore mauvaise presse.
Il n’empêche, en quelques années, l’entreprise atteint 100 salariés et 51 boutiques en France. Elle grossit vite, trop vite, Nathalie Lebas-Vautier le mesure aujourd’hui : « La croissance a été trop rapide. Je n’ai pas su dissocier le business de notre vie personnelle et je n’ai pas vu les voyants rouges s’allumer très vite. »
En 2012, la reprise de la majorité de l’entreprise par les actionnaires devient leur ultime option pour tenter d’éviter le redressement judiciaire, par respect pour les salariés et fournisseurs. Selon ses propres termes, Nathalie Lebas-Vautier vit alors un véritable cauchemar. Son époux est « éjecté » de l’entreprise et elle devient DG salariée. Le couple perd ainsi tout pouvoir de décision et se retrouve en désaccord stratégique avec les actionnaires. Et en 2014, le couperet tombe, la société est finalement liquidée avec un plan de cession. Nathalie Lebas-Vautier est licenciée quelques mois plus tard.
Il lui faut alors digérer cet échec. « Lorsqu’on entend qu’un entrepreneur se donne la mort tous les deux jours, je ne suis pas passée loin… Je répétais souvent que je ne pourrais plus jamais entreprendre ».
Et puis le temps passe et le naturel revient, d’abord au trot puis au galop. Nathalie est une pionnière sur le créneau de la mode éthique alors durant son année de traversée du désert, elle a l’idée de lancer une petite collection de vêtements d’intérieur et d’intégrer dans leur composition des huiles végétales. Elle crée ainsi la marque Marie & Marie. Et en parallèle, des dirigeants d’entreprise se mettent à la consulter pour son expertise des filières textiles afin d’intégrer une dimension RSE dans leur process de production.
Nathalie Lebas-Vautier maîtrise en effet l’ensemble des certifications et connait chaque métier sur le terrain, du filateur au teinturier en passant par le confectionneur. Si elle sait le faire pour son entreprise, pourquoi ne pas le faire pour les autres ?
En 2016, elle crée Good Fabric et enfin, les choses redeviennent fluides. « Je ne me suis jamais autant sentie à ma place. J’ai une équipe à taille humaine avec laquelle je suis en phase et des clients que j’adore. Je travaille à nouveau beaucoup mais je ne fais pas appel à la même énergie, désormais c’est une énergie qui me procure du bien-être et qui fait sens. »
Aujourd’hui, Nathalie et les équipes de Good Fabric définissent les stratégies RSE de leurs clients et les mettent en application pour limiter leur empreinte environnementale, ils veillent à ce que l’ensemble des producteurs et ouvriers vivent dans de bonnes conditions. Eric Bompard, Bonton, Biocoop, Célio, Darjeeling, Nature & Découvertes ou Body Nature, Dans ma culotte, Emoi-Emoi, font désormais appel à l’expertise de Good Fabric.
Et parce que le burn-out qu’elle a traversé et les remords qu’elle a dû balayés l’ont renforcée, Nathalie Lebas-Vautier s’engage aujourd’hui auprès de jeunes entrepreneurs qui œuvrent dans la mode responsable comme Anaïs Dautais (Les Récupérables). Cette marraine de cœur leur apprend entre autres à « se donner le droit à l’erreur ».
Pour qu’eux aussi soient plus forts demain !