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Vent de panique autour de la prochaine Biennale des Antiquaires

Par Herve Dewintre

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Un vent de remue-ménage souffle avec une force inquiétante autour de la 28eme édition, prévue en septembre prochain, de la Biennale des antiquaires. Un vent d’autant plus inquiétant qu’ils concernent les intérêts de grands acteurs du luxe qui n’ont pas l’habitude ni l’envie de voir exposer leurs problèmes au grand jour.

Ce prestigieux rendez vous du luxe parisien, qui se déroule tous les deux ans, a fait son apparition dans les années 50. Une manifestation conçue des l’origine pour offrir à une foule d’amateurs d’art et de collectionneurs la vue d’objets « dont la beauté rivaliserait avec celle des femmes ». C’est depuis, un véritable musée éphémère qui réunit sous la nef du grand Palais les meilleurs antiquaires venus présenter leurs chefs d’œuvres à la crème des acheteurs du monde entier réuni pour l’occasion.

Les antiquaires, mais aussi les grands joailliers qui se sont taillés une place de plus en plus grande dans le dispositif au fil des éditions. Pour certains marchands, cette place accordée aux joailliers était d’ailleurs devenue trop conséquente : c’est même ce changement d’orientation de la Biennale par rapport à sa vocation initiale qui aura valu à Christian Deydier, célèbre marchand d’art asiatique, et ancien président du SNA (le syndicat national des antiquaires, qui pilote la manifestation) d’être limogé de façon inattendue et spectaculaire, à quelques semaines de la précédente édition (nous sommes en juin 2014), après avoir été désavoué par une majorité de ses pairs.

En octobre dernier, Christian Deydier avait décidé de démissionner du syndicat qu’il avait présidé pendant dix ans. Le désaccord avec Dominique Chevalier, le nouveau président, était total. Ce sombre climat au sein de l’institution n’aura visiblement pas contribué à préparer sereinement la prochaine édition. On a souvent reproché à Christian Deydier de mettre en avant des interlocuteurs privilégiés, capables de comprendre vite et bien la situation. C’est exactement le reproche inverse qui est adressée aujourd’hui à Dominique Chevalier, fondateur de la galerie Chevalier du quai Voltaire avec son épouse Nicole, et qui depuis 2015, en tant que président du SNA, a émis le souhait de « « réhabiliter l’image de l’antiquaire, de redéfinir la Biennale et de la remettre sur les rails d’une foire internationale » en s’appuyant sur un réseau « jeune ».

Cartier, Dior, Chanel, Chaumet, Van Cleef & Arpels : Exode des joailliers

Visiblement, ce vœu pieux ne s’est pas concrétisé. Le souhait de faire revenir des marchands de Haute Époque et d’étoffer l’offre en tableaux anciens et en mobilier est louable. L’envie de faire passer la manifestation d’un rythme bi-annuel à un rythme annuel a le mérite d’exister. L’idée de se passer des joailliers est un peu plus audacieuse, pour ne pas dire dangereuse. Quant au choix de donner carte blanche à Reed France pour l’organisation de la foire, il s’est avéré totalement calamiteux.

De l’avis (avis de plus en plus nombreux) d’exposants - qui sont devenus entretemps de non-exposants - les équipes de Reed France, ne se sont pas accordées le temps et les moyens nécessaires pour organiser la Biennale. Un reproche feutré qui cache, en off, de furieux mécontentements : « Reed n’est pas du tout adapté au marche du grand luxe », disent les uns. Sous couvert d’anonymat, les joailliers ne cachent pas leur dépit de n’avoir pas su trouver d’interlocuteur à la hauteur de leur prestige. « Ils ne comprennent rien » affirme, désolé et stupéfait, un joaillier de la place Vendôme sous couvert d’anonymat.

Résultat, la plupart des grands joailliers ont longuement réfléchi, puis , se considérant mal traités, ont décidé l’un après l’autre, de quitter la manifestation. Cartier (groupe Richemont) fut le premier a stipulé en février dernier qu’il ne participerait pas à la manifestation prévue du 10 au 18 septembre prochain. La raison avancée par le joaillier, qui jouissait du plus grand stand, au meilleur emplacement, lors de l’édition de 2014, concerne le nouveau cahier des charges imposé par Reed qui limite de manière « drastique » la surface maximale des stands.

Cette exode joaillier initié par Cartier fut bientôt suivi par Van Cleef & Arpels (Richemont), Bulgari (LVMH), Chanel, Dior (LVMH), et tout dernièrement pas Chaumet (LVMH) et Boucheron (Kering) qui pourtant participaient tous à la précédente édition. Chez David Morris, Graff et Harry Winston, on avance un laconique « pas de commentaires » mais au final, il semble bien que les 14 maisons de joaillerie présentes lors de l’édition 2014, passeront leur tour cette année. Et les éditions suivantes ? Mystère. On parle d’une manifestation à part qui réunirait les plus grands noms de la place Vendôme.

Mercredi prochain sera dévoilée la liste des premiers projets et les noms des deux institutions publiques invitées. Parallèlement, Dominique Chevalier a visiblement pris la mesure de la tourmente qui agite la manifestation : le contrat qui lie Reed France et le SNA, contrat signé en 2015 et qui court sur plusieurs années, va être renégocié. Un consultant extérieur pourrait être nommé. Il s’agit de Jean-Daniel Compain qui quitterait Reed (il est actuellement directeur général du pôle culture et loisirs de Reed Exhibitions) pour rejoindre la Biennale. On peut d’ores et déjà subodorer que sa tache sera bien lourde.

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