Thomas Faeber et Ronny Totah : « Gem Geneve s’est imposé à nous »
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Dans le cénacle des connaisseurs de pierres précieuses, Thomas Faeber et de Ronny Totah font autorité. Leur longues carrières, consacrées avec passion aux gemmes d’exception, pourrait remplir des volumes entiers. Retenons juste ici quelques faits d’armes qui donneront une toute petite idée du prestige dont ces deux immenses professionnels jouissent auprès de leurs pairs. Thomas Faerber incarne la 4ème génération d’une entreprise familiale de réputation internationale. Son expertise en bijoux anciens n’a pas d’équivalent. La France lui doit notamment d’avoir retrouvé un collier commandé par Napoléon à Nitot (le fondateur de la maison qui allait s’appeler Chaumet au milieu du XIXe siécle) pour sa deuxieme épouse en 1810. Ce bijou légendaire, vendu au Louvre, brille désormais en bonne place aux cotés des joyaux de la couronne de France dans la Galerie Appolon au cœur du musée parisien.
Ronny Totah a quant à lui travaillé avec l’illustre marchand Teddy Horovitz qui a marqué l’histoire de la joaillerie du XXème siècle en vendant des diamants de couleurs rares et des pierres historiques de valeurs inestimables. En 1990 il s’associa avec Eric Horovitz, neveu de Teddy, pour fonder sa propre maison, Horovitz & Torah. Son entregent est aussi célèbre que sa passion pour les saphirs du Cachemire et son amour des perles naturelles. Très actif dans diverses organisations du secteur, il encourage une politique de transparence par rapport aux traitements des pierres précieuses.
Ces deux légendes étaient à Paris il y a quelques jours. Non pour évoquer leur propre gloire - ils sont bien trop pudiques pour le faire - mais pour présenter les contours de la deuxième édition de Gem Geneve, salon entièrement consacré à la joaillerie et aux pierres précieuses. L’événement qui se déroulera à Palexpo du 9 au 12 mai prochain est d’ores et déjà assuré de connaitre le succès. Un chiffre le prouve : le nombre en hausse d’exposants. Ils étaient 140 en 2018, ils seront 194 cette année.
Une question nous brule les lèvres : pourquoi donc ces deux légendes, aux occupations multiples, ont-ils souhaité, avec toutes les difficultés que cela comporte, créer ex nihilo un salon consacré aux bijoux et aux pierres ? D’autant plus que l’organisation de salon n’est pas du tout leur activité première : « Ce n’était pas du tout une vocation, explique avec un sourire désarmant Ronny Totah. Pour tout vous dire, nous n’avons pas véritablement eu l’idée de faire ce salon, c’est plutôt le salon lui-même qui s’est imposé à nous ». Réponse d’artiste. Le marchand insiste cependant : « La plupart des exposants sont des maisons familiales, perpétuant des savoir-faire séculaires. Il nous fallait un endroit où nous puissions bénéficier de la même mise en lumière que les grands groupes lors d’évènement comme Baselworld par exemple ». Un Baselworld spécialisé, sans le gigantisme écrasant qui caractérise ce type de manifestation en somme.
Un salon à taille humaine
L ’empathie sera donc le maitre mot du salon. Cela se manifeste d’une part dans les dimensions en quelque sorte collègiales de l’événement ; mais aussi – et c’est là le nerf de la guerre - dans les emplacements réservés aux exposants. « Ici pas de jeux de pouvoir stériles et opaques, pas de hiérarchisation en fonction de la taille et du chiffre d’affaire, tout le monde est prévenu que l’emplacement sera décidé en dernier lieu, entre Thomas et moi, en fonction de critères privilégiant l’intérêt du visiteur en termes de diversité de l’offre et de l’exposant, quel qu’il soit, par rapport au voisinage qui lui sera réservé. » Les grandes institutions ne seront donc pas nécessairement groupées entre elles et ostensiblement privilégiées par rapport aux jeunes pousses : où qu’il se trouve dans le salon, le visiteur pourra avoir dans son champ de vision un éventail le plus vaste et le plus stimulant possible de propositions que ce soit en terme de variété de pierres ou richesse de style. « la tache n’est pas mince, confie les organisateurs, c’est un peu comme faire le plan de table d’un mariage ».
L’empathie sera également de mise dans la mise en valeur de la nouvelle génération avec un vivarium central au cœur duquel sera exposée la fine fleur de la création contemporaine : des joailliers indépendants venus du monde entier. Ainsi, en mai prochain, Nicholas Lieou, Alexandra Jefford, Ming Lampson ou encore Tatiana Verstraeten rejoindront les talents déjà présents l’an dernier : à savoir Nadia Morgenthaler, Alexander Tenzo, Sean Gilson, Cora Sheibani, le duo de designers à l’œuvre au sein de la marque Ninotchka et le couple genevois présidant la maison Oselieri Racine. Chacun d’entre eux developpe un style singulier. Un point commun les rassemble cependant: la vigueur du point de vue.
Crédit photo : Gem Geneve, dr