Un skatepark en honneur à Virgil Abloh
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Accra - Cinq petites silhouettes, casque sur la tête, un pied sur leur skateboard, écoutent attentivement les conseils de Joshua Odamtey. Les bras écartés, l’homme à la casquette noire montre comment garder l’équilibre.
Et les enfants se jettent vers l’avant, le regard incertain. Le professeur leur court après, sous les yeux amusés de dizaines d’amateurs et de passionnés. Dans un brouhaha de roulettes, le premier skatepark du Ghana prend vie. Inauguré mercredi au cœur de la capitale Accra, le “Freedom Skate Park” offre à la jeune et dynamique communauté de skateurs de ce pays ouest-africain un lieu pour rouler et sauter en toute sécurité - loin des trottoirs et rampes de la rue, jusqu’ici seul terrain de jeu des passionnés de la glisse.
Les murs du skatepark flambant neuf sont peints en jaune vif, et en lettres noires, a été inscrit “Abloh était ici”. Abloh pour Virgil Abloh, l’iconique créateur de mode américain décédé fin novembre, qui avait aidé à son financement.
Styliste et directeur artistique des collections homme de la maison Louis Vuitton, Virgil Abloh, est mort à 41 ans d’un cancer. Ce fils d’immigrés ghanéens qui a grandi à Chicago n’a jamais oublié le pays ouest-africain, faisant défiler par exemple sur les podiums parisiens certains de ses tissus traditionnels, ni sa passion pour les cultures urbaines. A côté de Louis Vuitton, il a toujours continué de travailler pour sa marque de Streetwear Off-White.
Alors quand en 2017, Surf Ghana, un collectif de skateurs et surfeurs décide de lancer une cagnotte sur internet pour financer un skatepark, le créateur s’investit immédiatement. “Il ne s’agit pas seulement de sport, nous parlons aussi de renforcer la confiance en soi des jeunes, du tourisme et de l’entrepreneuriat”, explique l’une des fondatrices de Surf Ghana, Sandy Alibo.
Les jeunes “se connectent et partagent des idées”, dit la jeune femme au T-shirt jaune. “Les skateurs rendent la ville vivante parce qu’ils divertissent les gens et c’est ce dont a besoin le Ghana.” Même si le skate y est encore peu pratiqué, elle dit être impatiente que son pays participe à des compétitions internationales. “Le skate a été accepté aux Jeux olympiques et ça peut aider à développer le sport en Afrique”, dit-elle.
Mercredi, près de 300 jeunes ont réalisé leurs premiers “tricks” (figures) debout sur leur skateboard. Certains espèrent ainsi atteindre leur rêve : devenir skateur professionnel. Car outre ses créations, Virgil Abloh a laissé un héritage bien plus riche pour de très nombreux jeunes africains et afro-américains: il a incarné un modèle, en devenant le premier grand créateur noir reconnu sur la scène de la mode, un monde pourtant très peu inclusif. Et montré que tout est possible, sur un podium, ou sur des roulettes. (AFP)