Tailleur des princes et des stars, Francesco Smalto meurt à 87 ans
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Considéré comme un des rois parisiens de l'élégance masculine, il habillait princes, chefs d'Etat, acteurs et sportifs avec ses costumes sur mesure: le couturier Francesco Smalto est décédé à 87 ans au Maroc.
Ce tailleur d'origine italienne est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Marrakech dans le luxueux hôtel La Mamounia où il séjournait régulièrement. Hassan II, père de l'actuel roi du Maroc Mohammed VI, avait été un de ses clients emblématiques. "Tailleur d'exception" et "créateur visionnaire", Francesco Smalto a imposé aux hommes "une allure et un style uniques" avec une "silhouette près du corps", rapporte sa maison dans un communiqué.
Né le 5 novembre 1927 en Calabre dans le sud de l'Italie, Francesco Smalto a très vite eu la "passion de la coupe et de l'étoffe" et façonne à 14 ans son premier costume pour un ami. Mais c'est à Paris, "capitale de la mode", qu'il rêve de faire carrière. Après des années d'apprentissage et perfectionnement chez des tailleurs parisiens réputés comme Cristiani et Camps et aussi à New York chez Harris, alors tailleur du président Kennedy, il fonde sa propre marque en 1962. Il installe son atelier rue La Boétie dans le 8e arrondissement et impose rapidement son style avec une coupe "près du corps", des vêtements ajustés mais confortables qui donnent libre cours aux mouvements.
'Grande mesure'
Sa première boutique ouvre en 1970 rue François Ier dans le 8e. Le costume rayé, le smoking blanc ou la saharienne font la réputation de la maison. Smalto habille aussi bien les vedettes du showbiz que les princes et hommes d'Etat.
Les chanteurs Charles Aznavour ou Claude François, l'acteur Jean-Paul Belmondo font partie des icônes en Smalto. Depuis 2013, la griffe habille aussi les footballeurs de l'équipe de France pour les costumes officiels. Smalto a su innover par son style avec l'épaule "roulée en cigarette" ou le "cran de revers dit parisien et dessiné à l'équerre" et aussi par sa technique avec, par exemple, "le smoking le plus léger du monde en crêpe de chine noir" que la griffe est encore la seule à réaliser.
Une affaire vient, en 1995, entacher son image avec une condamnation par le tribunal correctionnel de Paris à 15 mois de prison avec sursis et 600.000 francs d'amende pour "proxénétisme aggravé", la justice lui reprochant d'avoir envoyé des call-girls au président gabonais, Omar Bongo, avec les costumes que ce dernier avait commandés. En 2001, Francesco Smalto se retire, cède son entreprise à la société Alliance Designers, laissant à la tête de la création Franck Boclet qu'il a formé.
La styliste d'origine coréenne Youn Chong Bak prend sa relève en 2007 pour superviser les collections et devenir directrice artistique, apportant une touche plus légère et "casual" au style de la maison. Elle a salué lundi la mémoire du créateur qui l'avait en son temps embauchée et formée. "Ses compliments renouvelés à chaque collection et ses simples mots d'encouragement à chaque rencontre ont forgé mon respect pour le maître et la personne extraordinaire qu'il était", a-t-elle témoigné. L'auteure Françoise Sagan avait elle-même salué Francesco Smalto comme "un de ces rares hommes qui peuvent mêler le luxe et la sobriété, le quotidien et l'éclat. C'est un artisan et un seigneur."
En 2012 Smalto a été l'une des rares maisons de mode à recevoir le label prestigieux "Entreprise du patrimoine vivant", décerné par l'Etat français. Son atelier parisien qui perpétue la tradition de la "grande mesure" --à savoir le "vrai sur mesure" qui consiste à réaliser un exemplaire unique d'un vêtement-- est aujourd'hui composé d'une trentaine d'artisans et maîtres tailleurs. (AFP)