Seize ans de réclusion criminelle pour un ex-agent de mannequins jugé à Paris pour viols
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Un ex-agent de mannequins, jugé pour des viols et des agressions sexuelles sur une quinzaine de jeunes filles, a été condamné vendredi à seize ans de réclusion par la cour criminelle départementale (CCD) de Paris.
La cour, composée uniquement de magistrats professionnels, a déclaré Johan Mapaga, 43 ans, coupable de viols et d'agressions sexuelles "par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction".
L'avocat général avait requis quinze ans de réclusion criminelle pour l'ex-agent qui demeure selon lui "dangereux" et dont "le profil est inquiétant".
La cour a également condamné M. Mapaga à une obligation de suivi socio-judiciaire pendant sept ans et lui a interdit de se livrer à l'avenir à une activité dans le milieu de la mode.
Si le condamné ne respectait pas ses obligations, il serait frappé d'une peine de cinq ans d'emprisonnement supplémentaire, a indiqué le président de la CCD Denis Kenette.
M. Mapaga, qui comparaissait libre sous contrôle judiciaire après quatre ans de détention provisoire, de juin 2016 à juin 2020, a été arrêté à l'annonce du verdict avant d'être menotté pour être conduit en prison.
Les jeunes femmes parties civiles ont accueilli le verdict avec dignité, toutes en pleurs. "Enfin !", a déclaré l'une d'elles, mineure au moment des faits.
"J'ai conscience du mal que j'ai fait. Je n'ai rien d'autre à ajouter", avait dit M. Mapaga avant que la cour ne se retire pour délibérer. Les faits avaient été commis entre 2007 et 2014.
Pour l'accusation, le mode opératoire pour abuser de jeunes femmes était toujours identique. M. Mapaga, recruteur et agents de mannequins reconnu dans le milieu de la mode, abordait les jeunes filles, parfois mineures, dans la rue ou dans un lieu public, voire à la sortie du collège. Il leur proposait de devenir mannequin en promettant de les former à ce métier en vue d'une "carrière nationale ou internationale".
Les jeunes filles recrutées, certaines âgées de seulement 14 ans, étaient rapidement coupées de leur famille et se retrouvaient "sous son emprise", ont décrit des victimes à la barre.
"La mode c'est le sexe"
En fait de formation, M. Mapaga imposait aux jeunes filles un régime drastique. Puis venaient les humiliations, un "harcèlement moral" et "des propos rabaissants et humiliants" avant des agressions sexuelles.
Il imposait notamment aux jeunes filles des massages à base de crème amincissante, une occasion pour lui d'attouchements sexuels.
"La mode, c'est le sexe", martelait l'agent aux jeunes filles, les accusant d'être "trop coincées" pour réussir dans ce milieu. Pénétration digitale, cunnilingus, pénétration vaginale, sodomie... les jeunes filles ont raconté à la barre ce qu'elles avaient subi.
Tout au long de l'audience, l'accusé a farouchement nié avoir abusé d'elles mais a reconnu des relations sexuelles "consentantes", assurant qu'il n'y avait jamais eu de contrainte.
"Elles prenaient du plaisir donc il y avait consentement", a-t-il dit lors de son audition.
"Vous avez mis ces jeunes filles, vulnérables, dans des situations terribles", lui a indirectement répondu l'avocat général Christophe Auger. "Elles devaient se soumettre à vos injonctions. Elles n'étaient consentantes en rien".
"Grâce à cette décision, toutes les victimes ne vont plus s'interdire d'être heureuses", a réagi après le verdict l'avocat de cinq parties civiles, Me Méhana Mouhou.
"Le poids de la honte et de la culpabilité a vraiment changé de camp", a-t-il déclaré à l'AFP, "c'est un signal pédagogique incroyable pour la protection de toutes les jeunes filles de France qui rêvent de mode et de mannequinat".
"La cour criminelle a prononcé une peine excessive motivée par l'émotion plus que par le droit", ont réagi les avocats de M. Mapaga, Mes Romain Boulet et Alexia Gavini.
M. Mapaga dispose de dix jours pour faire appel.(AFP)