Plusieurs ex-mannequins demandent l'imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs
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Paris - Une dizaine d’ex-mannequins qui accusent d’anciennes figures de la mode de les avoir violées dans les années 1980 ou 1990, pour certaines quand elles étaient mineures, ont demandé mardi l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs.
La Néerlandaise Thysia Huisman affirme avoir été “droguée et violée” en 1991 par Jean-Luc Brunel, ancien patron de l’agence de mannequins Karin Models. Celui-ci a été inculpé et incarcéré en décembre pour “viols” et conteste les accusations. “Je n’ai rien dit à l’époque à la police : j’avais si peur, j’avais tellement honte. Cela m’a quasiment détruite”, a-t-elle raconté très émue, en anglais, lors d’une conférence au sénat français.
“Vous devez éliminer la prescription pour les victimes d’abus sexuels”, a abondé Lesa Amoore, s’adressant aux parlementaires, également en anglais. Cette autre ex-mannequin, désormais photographe, dit avoir été victime pendant trois ans, au début des années 1990, de Gérald Marie, qui dirigeait la branche “Europe” d’Elite. “J’ai toujours honte. Je ne suis pas complètement guérie. J’espère que la prescription pourra être levée”, a aussi déclaré en anglais Jill Dodd, qui accuse Gérald Marie de l’avoir violée
Gérald Marie “dément avec consternation ces allégations mensongères et diffamatoires”, avait indiqué son avocate Me Céline Bekerman à l’AFP début septembre. Douze femmes et une ex-journaliste de la BBC, Lisa Brinkworth, à l’origine de l’enquête ouverte en septembre 2020 à Paris visant M. Marie, se sont exprimées mardi lors de cette conférence, qui était sous embargo jusqu’à mercredi : certaines depuis Paris, la plupart via Internet.
Avocate de nombreuses victimes déclarées de MM. Marie et Brunel, Me Anne-Claire Le Jeune a indiqué que “l’allongement des délais de prescription semble toujours insuffisant du fait de l’amnésie traumatique mais aussi des conséquences psychologiques sur les victimes” et plaidé pour une “imprescriptibilité des crimes sexuels” sur mineurs.
La sénatrice Nathalie Goulet, qui présidait la conférence, a indiqué son souhait d’une “révision des délais de prescription et l’obligation d’un code de bonnes conduites pour les agents et les agents”.
Le parlement français a adopté en avril une loi qui prévoit notamment un mécanisme permettant, suivant certaines modalités, que le délai de prescription de 30 ans pour un viol sur un mineur soit prolongé si la même personne viole par la suite un autre enfant. Mais comme ces ex-mannequins, certaines associations et personnalités demandent que les crimes visant les mineurs, que les victimes peuvent mettre des décennies à dénoncer, soient déclarés imprescriptibles. (AFP)
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