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Philip Green, la chute du sulfureux roi de la mode britannique

Par AFP

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Londres - Dividendes, stars et scandales: autrefois roi de la mode britannique, Philip Green, homme d’affaires sulfureux, subit une chute brutale avec la faillite de son empire Arcadia, emporté par la pandémie et des années de gestion hasardeuse.

Surnommé un temps le “roi du commerce de centre-ville”, l’homme de 68 ans est l’une des figures les plus en vue et controversées du monde des affaires au Royaume-Uni, pour le meilleur parfois et souvent pour le pire. Habitué des tabloïds qui traquent son train de vie de milliardaire, Philip Green a souvent défrayé la chronique depuis une vingtaine d’années. Alors que se jouait l’avenir de son groupe, la presse britannique le montrait encore il y a quelques jours en survêtement jonglant entre ses différents téléphones à Monaco où son yatch est amarré.

Il a passé l’essentiel de son temps sur le navire ces derniers mois pour éviter la pandémie de coronavirus. Le dépôt de bilan d’Arcadia, et ses enseignes comme Topshop, Burton ou Dorothy Perkins, porte un coup d’arrêt à une carrière longtemps couronnée de succès avec un groupe qui n’a pas su prendre le virage des ventes sur internet. “Au final, même les plus féroces des dinosaures du commerce sont terrassés par des prédateurs plus sophistiqués”, écrivait le journal Sunday Times ce week-end.

Sa recette a toujours été la même, emprunter des fonds pour mettre la main sur des entreprises en difficulté afin de les redresser. Il rachète au début des années 2000 la chaîne de grands magasins BHS, puis Arcadia en 2002 dont il nomme directrice sa femme Tina, résidente monégasque. Trois ans plus tard, il lui octroie la somme record de 1,2 milliard de livres de dividendes. Il tente alors à l’époque de racheter l’enseigne Marks and Spencer pour 9 milliards de livres mais sans y parvenir.

Anniversaires fastueux

Philip Green va faire de Topshop une marque mondialement connue. Grâce à une grande variété de vêtements et à des stylistes très réactifs, l’enseigne devient un emblème de la mode jeune et branchée et son défilé est l’un des plus courus de la Fashion Week londonienne.

Philip Green est à l’apogée de sa gloire autour des années 2010. C’est le “rêve devenu réalité”, dit alors de lui le Premier ministre travailliste Tony Blair. Il aime alors s’entourer de stars, le mannequin Kate Moss et la grande prêtresse de la mode Anna Wintour figurent parmi ses amis, et ses anniversaires sont des événements.

Selon la presse britannique, il avait choisi un archipel de l’Océan indien pour célébrer son 55e anniversaire lors d’une fête de cinq jours. Et pour ses 60 ans au Mexique, il s’offre les services de Robbie Williams, Stevie Wonder et des Beach Boys. Ses cadeaux: un avion privé à 7 millions de livres et un jeu de Monopoly en or pour 250 000 livres.

Jeans et anoblissement

Philip Green, né à Croydon dans le sud de Londres en 1952 au sein d’une famille juive qui a fait fortune dans les stations-service, s’intéresse assez vite à la mode, lui qui n’a pas brillé à l’école.

Au milieu des années 1970, il monte sa propre affaire en important et vendant des jeans. Pour Philip Green, silhouette ronde, front dégarni et cheveux grisonnants, les problèmes commencent en 2015 quand il cède BHS pour une livre symbolique, après avoir versé de généreux dividendes à sa famille pendant une quinzaine d’années. Un an plus tard, la chaîne connaît une faillite retentissante, avec la perte de plus de 10 000 emplois et un trou abyssal dans le fonds de retraite des salariés.

Certains députés demandent à ce que Philip Green ne bénéficie plus de son titre de “Sir”, lui qui avait été anobli par la Reine en 2006. Il le sauve en acceptant de combler une partie des pertes en versant 363 millions. Fin 2018, il fait face à des accusations de racisme et de harcèlement sexuel de plusieurs employés, ce qu’il a nié.

Si la faillite d’Arcadia pourrait entamer un peu plus sa réputation, l’homme d’affaires, qui était connu pour passer plusieurs jours par semaine dans une suite du très chic hôtel Dorchester de Londres, ne compte visiblement pas changer ses habitudes.

Malgré les déboires de son empire, le Daily Mirror croit savoir qu’il prévoit de passer les fêtes de Noël dans un établissement luxueux des Maldives où les villas privées coûtent 30 000 livres la nuit. (AFP)

Crédit : Slaven Vlasic / Getty images North America / AFP

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