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Peter Nygard, le magnat de la mode accusé de dizaines de viols, de retour devant la justice

Par AFP

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MINTAHA NESLIHAN EROGLU / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP

Montréal - Longtemps présenté comme le “selfmade man par excellence”, le millionnaire canadien Peter Nygard, accusé d’avoir agressé sexuellement des dizaines de femmes dont des mineures, est de retour vendredi devant un tribunal de Winnipeg pour une audience d’extradition.

En prison depuis décembre 2020, ce magnat de la mode, âgé de 80 ans, risque une extradition vers les États-Unis afin d’y être jugé pour plusieurs accusations de crimes sexuels commis sur le territoire américain, au Canada et aux Bahamas.

L’homme, qui nie ces allégations, s’était vu refuser une demande de libération sous caution en février dernier car la juge craignait que M. Nygard puisse entrer en contact et intimider des témoins ou des victimes. Précisant que ce dernier n’avait pas respecté des décisions de justice à au moins cinq reprises par le passé, elle avait également souligné la gravité des accusations qui pèsent contre l’accusé, estimant que celles de trafic sexuel étaient “troublantes”.

Pendant des années, cet homme d’affaires, immigré finlandais arrivé quand il avait dix ans au Canada, s’est plu à conter son incroyable ascension : parti de rien, il a monté un empire de la mode depuis Winnipeg, dans le centre du pays, avait un jet privé avec son nom inscrit en lettres capitales dessus et de luxueuses propriétés, notamment un immense domaine aux Bahamas… Celui qui aimait se présenter comme un play-boy et poser chemise ouverte, cheveux mi-longs et grand sourire en toutes circonstances se plaisait également à expliquer qu’il avait trouvé une méthode pour ne pas vieillir grâce à des injections de cellules souches.

M. Nygard fait face aujourd’hui à neuf chefs d’accusation, dont ceux de racket et trafic sexuel, selon l’acte d’accusation, impliquant des dizaines de victimes. Les faits qui lui sont reprochés se seraient produits entre 1990 et 2020. Au cours de cette période, l’accusé et ses complices présumés, y compris des employés de son groupe, auraient “utilisé la force, la fraude et la coercition pour amener des femmes et des mineurs à avoir des relations sexuelles” avec eux, précise l’acte.

“Pire qu’Epstein”

Ce dernier se serait également appuyé sur celles qu’il appelait ses “petites amies” ou “assistantes” pour “identifier de nouvelles victimes potentielles”, qui pouvaient être “des filles mineures croisées dans des lieux publics comme Times Square et les magasins de Los Angeles”. Il ciblait des femmes et des filles issues de “milieux économiques défavorisés et/ou qui avaient des antécédents d’abus” et les contrôlait par “des menaces, de fausses promesses d’opportunités de mannequinat”…

Pour Lisa Haba, l’une des avocates représentant des femmes qui accusent Peter Nygard de viols et agressions sexuelles, ce dernier est “pire qu’Epstein”, le financier américain mort en prison. “Nous pensons qu’il a fait plus de victimes et a été plus violent - il a commis de nombreux actes qui étaient des viols incroyablement violents, forcé les victimes à déféquer sur lui…”, explique-t-elle à l’AFP. Elle ajoute que “le mal et la douleur que Nygard a causés ont des conséquences à vie” pour ces femmes et “faire face à cette douleur demande plus de force et de courage que la plupart d’entre nous ne peuvent l’imaginer”. Sur des vidéos tournées par Stephen Feralio, le cameraman personnel de Peter Nygard, et qu’il a transmises à la chaine publique canadienne CBC, on voit certaines fêtes organisées aux Bahamas ou à Los Angeles qui sont décrites dans l’acte d’accusation. “Nygard n’avait qu’à descendre et à choisir une fille. En général, elles étaient ivres”, résume Stephen Feralio qui a décidé de montrer ces vidéos car, dit-il, “si je ne l’expose pas, il va s’en tirer en dépit de tout ce qu’il a fait”. Contactés par l’AFP, les avocats de Peter Nygard n’ont pas souhaité faire de commentaire avant l’audience de vendredi.

Son groupe a déposé le bilan en mars 2020 et fermé, quelques mois plus tard, ses quelque 160 magasins, dont un dans le fameux quartier de Times Square, à New York. L’enseigne porte encore, à ce jour, la photo géante du fondateur, tous muscles dehors. Selon les documents déposés devant la justice, les actifs de Nygard International se montaient à environ 175 millions de dollars canadiens. Au moment de la fermeture, Nygard, qui revendiquait 12 000 employés à son apogée, n’en comptait plus que 1 400 environ. (AFP)

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